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Grève des enseignants: "On n’a jamais dégagé autant de budget, la situation va s’améliorer"

Cela faisait 11 ans que les enseignants n’étaient pas descendus dans la rue. Ils étaient 10 000 selon la police, 30 000 selon les organisateurs, à manifester ce jeudi pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils donnent cours. Sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, plusieurs professeurs sont venus s’exprimer et la Députée bruxelloise et à la Fédération Wallonie-Bruxelles les a entendus. Delphine Chabbert (PS) a aussi détaillé les mesures prises pour aider le secteur.

Ils ont quitté leurs classes, ce jeudi, pour aller manifester dans les rues. Quelque 10.000 enseignants (30.000 selon les organisateurs) ont dénoncé les conditions dans lesquelles ils donnent cours : insalubrités des bâtiments, matériel obsolète, classe trop petite et/ou surpeuplée... Les enseignants estiment également être méprisés, pointant du doigt des lourdeurs administratives, des évaluations oppressantes, des circulaires à rallonge, un manque de reconnaissance, des primes de fin d’années moindres que les autres fonctionnaires... Et, selon eux, la crise sanitaire liée au Covid n’aurait rien arrangé, bien au contraire.

"Aujourd’hui, on forme les professeurs avec des outils datant d’hier ou avant-hier", a dénoncé Luigi, jeune professeur de néerlandais, sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche. Pour lui, il n’est notamment pas normal que le Wifi ne soit toujours pas accessible dans les classes en 2022. "On ne parle pas de 4G ou de 5G", renchérit-il. De son côté, Jean-François, également enseignant, pointe du doigt le manque de classe dans l’école où il donne cours. "On a plus de classes que de locaux", dit-il, expliquant que les élèves doivent systématiquement changer de classe selon les locaux occupés.

On est conscient de l’importance, on n’a jamais autant dégagé de budget donc maintenant, les travaux vont se faire. Et la situation va s’améliorer, on espère, le plus vite possible

Face à ces réclamations, la Députée bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne peut que compatir, soulignant la reconnaissance envers tout le travail effectué par les professionnels de l’enseignement. "Cela ne suffit pas, il faut des mesures concrètes", affirme-t-elle. Delphine Chabbert (PS) a d’ailleurs détaillé les nombreux montants dégagés pour le secteur : "137 millions d’euros sont mis chaque année dans les bâtiments. A cela, on a rajouté 25 millions d’euros pour la question des sanitaires, on a rajouté 25 millions d’euros pour les inondations. Et on rajoute 1 milliard d’euros dans le plan d’investissement, qui seront complétés par les 260 millions du plan de relance", développe la Députée.

Ces projets mettent évidemment du temps à se lancer mais, selon elle, plus de 70% des écoles ont répondu à l’appel à projet pour bénéficier des fonds dégagés. "On est conscient de l’importance, on n’a jamais autant dégagé de budget donc maintenant, les travaux vont se faire. Et la situation va s’améliorer, on espère, le plus vite possible."

Le salaire des enseignants se trouverait dans la moyenne

La question du salaire des enseignants pose aussi problème et notamment les investissements que les professeurs doivent faire pour leur classe. "Depuis le début de la crise, toutes les mesures imposées aux enseignants, ce sont chaque fois les enseignants qui doivent les financer. On ne reçoit aucun budget, ça entame notre salaire", note Jean-François.

Le montant de la prime annuelle est également remis en cause : 25 euros brut par an. Et là encore, Delphine Chabbert apporte une réponse : "Nous sommes dans un contexte budgétaire compliqué, notamment avec la crise. Mais des discussions sont en cours avec la ministre de l’Enseignement, les syndicats, les pouvoirs organisateurs... (…) On peut faire plus mais pas forcément sur le salaire mensuel, ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais des réflexions sont en cours sur l’augmentation de la prime annuelle", assure-t-elle.

Pourtant, en matière de salaire, la Belgique se trouverait dans la moyenne pour Jean-Paul Lambert, recteur honoraire de l’Université Saint-Louis de Bruxelles. Et ce n’est pas tellement la multiplicité des réseaux qui est à l’origine du souci. Ni d’ailleurs le nombre d’élèves par classe car, selon lui, la Belgique possède un bon taux d’encadrement global, soit le nombre de professeurs disponibles par rapport aux nombres d’élèves à l’école. L’interlocuteur de Christophe Deborsu pointe plutôt un autre paramètre important : "Tout le monde pense à la taille des classes mais ce n’est pas ça l’enjeu. Ce qui plombe la situation, c’est la multiplication des options trop peu fréquentées dans le secondaire qualifiant", dit-il, citant par exemple que dans certaines options de technique ou de professionnel, seuls un ou deux élèves y sont parfois inscrits.

Des budgets dégagés pour améliorer les conditions

La Députée bruxelloise parle d’un "travail en cours" pour analyser cette question des options. Elle rappelle aussi qu’importants budgets ont été injectés pour "améliorer les conditions de travail des enseignants", avec notamment un projet d’accompagnement individualisé des élèves qui "va permettre de renforcer l’encadrement et parfois diviser une classe en deux pour accompagner les enfants qui en ont le plus besoin au moment où ils en ont le plus besoin."

Et de poursuivre : "100 millions d’euros ont été dégagés pour engager du personnel en plus en maternelle pour lutter contre les inégalités scolaires dès le début, c’est fondamental !"

En ce qui concerne la pénurie des enseignants, "toute une réflexion est faite sur l’attractivité du métier", dit-elle. Cela afin "d’accompagner la carrière des enseignants en trois temps en renforçant la stabilisation des jeunes enseignants" et trouvant des solutions pour éviter que de jeunes enseignants quittent la profession après seulement quelques années d’expérience.

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