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BD: le festival d'Angoulême annule l'exposition Bastien Vivès après des "menaces"

Le plus grand rendez-vous annuel de la bande dessinée a annoncé mercredi l'annulation d'une exposition consacrée au dessinateur Bastien Vivès après la polémique et les "menaces" reçues par cet auteur accusé de promouvoir la pédopornographie.

"Des menaces physiques ont été proférées vis-à-vis de Bastien Vivès. Il n'est dès lors pas possible pour l'événement d'envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers", a écrit la direction du Festival international de la BD d'Angoulême (FIBD) dans un communiqué.

L'exposition "Dans les yeux de Bastien Vivès" devait ouvrir fin janvier dans la cité charentaise à l'occasion de cet événement, le plus important pour le monde de la BD.

Alors que la polémique avait monté ces derniers jours, avec le lancement d'une pétition en ligne contre l'exposition, le FIBD avait dans un premier temps estimé qu'il n'était pas question de modifier sa programmation.

Mais "des faits nouveaux ont radicalement changé la nature de cette situation et imposent dorénavant au Festival la nécessité d'annuler cette exposition", a écrit la direction.

Celle-ci a déploré que "des intimidations apparaissent à l'encontre de membres de l’équipe du Festival".

Elle a aussi apporté son soutien à Bastien Vivès, auteur de 38 ans qui a rencontré le succès avec une œuvre variée, dont des BD pornographiques avec des personnages mineurs ("Petit Paul"), des romans graphiques sophistiqués ("Polina"), des "mangas à la française" (série "Lastman") ou encore la reprise du personnage de Corto Maltese ("Océan noir", 2021).

"Le Festival considère que l'œuvre de Bastien Vivès, dans son ensemble, relève de la liberté d'expression et qu'il revient à la loi de tracer les frontières dans ce domaine et à la justice de les faire respecter", a souligné le FIBD.

La personnalité de Bastien Vivès est également controversée à cause de déclarations provocantes sur l'inceste ou d'attaques virulentes contre une dessinatrice féministe, Emma.

- Propos "pas acceptables" -

Mardi soir, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, interrogée par Le Parisien, avait estimé que "certains propos" passés de M. Vivès n'étaient "pas acceptables".

"Je comprends l'émoi, parce que ce sont des sujets graves", ajoutait-elle, tout en sous-entendant être favorable à la tenue de l'exposition.

L'auteur lui-même avait réagi à la polémique dans Le Parisien également lundi. "Non, je ne suis pas pédophile et non, ce n'est pas mon fantasme. Si on veut lire honnêtement mes œuvres, on s'en rend compte facilement", disait-il.

Il affirmait avoir déposé une main courante après les menaces reçues, et avoir "largement de quoi déposer plainte". L'auteur n'était pas joignable mercredi à la mi-journée.

"Nous dénonçons la banalisation et l'apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisée par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux", dit le texte de la pétition. Elle avait dépassé mercredi 100.000 signatures.

Les bandes dessinées les plus controversées de Bastien Vivès mettent en scène des mineurs face au sexe, avec des schémas parfois incestueux.

Dans "Une sœur" en 2017, une fiction réaliste adapté à l'écran ("Falcon Lake", actuellement en salles), un garçon de 13 ans a des relations sexuelles, pendant des vacances en bord de mer, avec une fille de 16 ans.

Bien moins réalistes, "Les Melons de la colère" en 2011, ainsi que "La Décharge mentale" et "Petit Paul" en 2018 montrent des relations sexuelles entre mineurs et majeurs.

Face à des accusations de pédopornographie, deux enseignes, Cultura et Gibert Joseph, avaient cessé de vendre "Petit Paul".

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