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TikTok pousserait les jeunes au suicide… sauf en Chine : Amnesty International dénonce l’algorithme « mortifère » du réseau social

Par Meryem Laadissi et Élisabeth Wouters
Amnesty International estime dans un rapport que TikTok oriente les jeunes vers des contenus qui idéalisent le suicide. Elle dénonce en particulier une fonctionnalité du réseau qui pourrait, dit-elle, enfermer les adolescents dans une spirale très dangereuse.

« Pour mieux comprendre le phénomène, nous nous sommes prêtés à l’expérience. Nous sommes partis d’une recherche avec un mot-clé : dépression. Résultat : des dizaines de vidéos en lien avec le suicide ou encore l’anxiété sont répertoriées. Jusque-là, tout est normal. Mais c’est en retournant sur notre fil d’actualité que le résultat est troublant. Nous basculons alors d’un contenu généraliste à un contenu beaucoup plus ciblé. Un effet spirale qui peut avoir des conséquences désastreuses », explique notre journaliste, qui a testé elle-même l’algorithme du réseau social chinois.

Celui-ci fait l’objet d’un nouveau rapport de l’antenne française de l’ONG Amnesty International. « Cette spirale toxique, cette spirale mortifère, va enfermer des adolescents en mal-être dans une situation où à un moment donné, après 3-4 heures de temps, ils ne voient plus que des vidéos qui glorifient l’automutilation et la tentative de suicide », explique Carine Thibaut, directrice générale de la section francophone d’Amnesty International Belgique. « Et ça, c’est extrêmement dangereux pour la santé mentale des enfants. »

Action en justice en France, pas encore en Belgique

En France, une action en justice a été lancée par un collectif de 7 familles. Elles accusent TikTok d‘être responsable de la dégradation de la santé mentale de leurs enfants, dont certains sont allés jusqu’au suicide.

En Belgique, aucune plainte n’est répertoriée à ce sujet. Mais les jeunes de 12 à 17 ans passent en moyenne 30 heures par mois sur TikTok, ce qui en fait l’un des réseaux sociaux les plus populaires. À l’origine, un algorithme addictif poussé à l’extrême.

Nous avons la version la plus débilisante de TikTok dans le monde
Xavier Degraux, expert en réseaux sociaux

« Nous avons, nous, en Europe et dans le reste du monde, un TikTok qui est tout à fait différent et complètement débridé par rapport à Douyin, qui est en fait l’équivalent chinois, où là, les algos sont composées différemment, et notamment pour intégrer à la fois une limite de temps de consommation chez les plus jeunes et des contenus plus éducatifs. Et donc, on peut dire que nous avons la version la plus débilisante de TikTok dans le monde », explique Xavier Degraux, expert en réseaux sociaux.

Enquête en Europe

En février 2024, la Commission européenne a ouvert une enquête visant TikTok. Le réseau social est accusé de manquements présumés en matière de protection des mineurs. De son côté, Amnesty International espère que son nouveau rapport sera pris en compte pour tenter d’aboutir à des sanctions concrètes.

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