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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 50 % de la population mondiale souffre ou souffrira d’un trouble de santé mentale au cours de sa vie. Invitée ce lundi de RTL info 13H, la psychiatre Caroline Depuydt revient sur ce chiffre interpellant.
Quand on parle de troubles de santé mentale, de quoi parle-t-on exactement ? « Il faut distinguer les épisodes passagers – un coup de déprime, de l’anxiété – des troubles caractérisés », explique Caroline Depuydt. « Ces derniers incluent la dépression majeure, le trouble bipolaire, les troubles psychotiques ou l’anxiété généralisée. Il s’agit de diagnostics posés par un médecin, car ils durent dans le temps et provoquent des symptômes invalidants au quotidien. »
La notion de durée est importante. Tout le monde peut avoir un coup de déprime pour x ou y raisons. À partir de quand doit-on s’inquiéter ? « On a effectivement tout le temps des moments dans la vie, où ça ne va pas. C’est normal », rappelle la psychiatre. « Mais si cela se poursuit plusieurs semaines d’affilée – pour la dépression, on parle d’au moins deux semaines –, tous les jours, et que la tristesse ou la perte d’énergie empêchent de travailler ou de mener une vie normale, alors il faut consulter un médecin. »
Comme c’est invisible, on peut dire des choses qui, sans le vouloir, font pire
Comment réagir face à un proche en détresse ? « Il faut savoir que la moitié de la population vivra un trouble de la santé mentale, et l’autre moitié sera confrontée à quelqu’un qui en vit un. Comme c’est invisible, on peut dire des choses qui, sans le vouloir, font pire. Dire “pense à des choses positives” à une personne déprimée, c’est un peu comme dire à un asthmatique en crise “respire, il y a de l’air autour de toi”. Ça ne marche pas. »
À la place, Caroline Depuydt conseille de valider la souffrance de l’autre et de proposer son soutien : « Par exemple : “Je comprends que c’est difficile pour toi. Je suis à tes côtés, je ne vais pas te laisser tomber. Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour toi ?” »
Et face aux idées suicidaires ?
Pour les crises d’angoisse, même principe : éviter les injonctions. « Dire “calme-toi” ne fonctionne pas. Il vaut mieux rassurer la personne : “Je suis là, je reste avec toi. Je vais respirer tranquillement et si tu peux, suis-moi.” Le fait que vous restiez calme aide l’autre à vous suivre. »
Et face aux idées suicidaires ? Plus de 700 000 suicides sont recensés chaque année dans le monde – un par minute. « On a souvent peur d’en parler, de peur d’aggraver la situation. Mais c’est l’inverse : parler des idées noires diminue le risque de passage à l’acte. Il faut remercier la personne pour son courage, écouter, et surtout passer à l’action : prendre rendez-vous chez un psy, aller voir un médecin, accompagner la personne pour qu’elle ne reste pas seule », insiste la psychiatre.
L’occasion de rappeler le numéro de prévention suicide en Belgique : 0800 32 123 (appel gratuit et confidentiel).


















