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L’un des plus anciens détenus de France va être libéré… après des dizaines de demandes refusées : qui est Georges Ibrahim Abdallah ?

Par RTL info
Condamné à la réclusion à perpétuité en 1987 pour complicité d’assassinats, le militant libanais avait vu toutes ses demandes de libération refusées jusqu’ici. Après plus de quarante ans en prison, la justice française a ordonné sa remise en liberté.

Georges Ibrahim Abdallah, 73 ans, est l’un des plus anciens détenus de France. Ce jeudi 17 juillet, la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Paris a accepté sa libération, après dix tentatives infructueuses étalées sur plus de deux décennies.

« J’ai dit aux juges ‘soit vous le libérez, soit vous le condamnez à mort’», avait lancé Me Jean-Louis Chalanset, son avocat, à la sortie d’une audience le 19 juin dernier.

Condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité, Georges Ibrahim Abdallah est soupçonné d’avoir été le responsable européen des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupe marxiste libanais chrétien et pro-palestinien.

Arrêté à Lyon en octobre 1984, il est d’abord condamné à quatre ans de prison pour « association de malfaiteurs », « détention d’armes et d’explosifs » et « usage de faux documents ». L’année suivante, il est jugé pour complicité dans les assassinats de deux diplomates : l’Américain Charles Robert Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov, tués à Paris en 1982. Bien que le parquet ait requis une peine maximale de dix ans, il est condamné à perpétuité. Le contexte est alors tendu : la France est frappée par une série d’attentats meurtriers.

Une libération longtemps bloquée

Dès 1999, Georges Ibrahim Abdallah devient éligible à une libération conditionnelle. Il enchaîne les demandes, toutes rejetées, à l’exception d’une en 2013, acceptée sous condition d’un arrêté d’expulsion vers le Liban. Mais cette procédure n’a jamais été menée à son terme, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls, n’ayant jamais signé l’arrêté requis.

En 2022, il tente de forcer l’expulsion par voie administrative, mais le tribunal rejette la requête, estimant qu’il n’est pas en droit d’imposer une telle mesure au gouvernement.

Le 15 novembre 2024, un tournant s’opère : le tribunal d’application des peines estime que sa détention est devenue « disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle ». Le Liban, pour sa part, s’est dit prêt à le recevoir.

Mais une nouvelle opposition intervient : le parquet national antiterroriste fait appel de cette décision, notamment en raison de l’opposition persistante des États-Unis, parties civiles lors du procès de 1987.

Un militant devenu symbole

Dans les années 1980, Georges Ibrahim Abdallah est perçu comme l’ennemi public n°1. Il est un temps soupçonné, à tort, d’être lié à la vague d’attentats de 1985-1986, notamment celui du magasin Tati à Paris (7 morts). Les véritables auteurs, un réseau pro-iranien, ne seront identifiés qu’après sa condamnation.

Depuis, l’homme est devenu un symbole pour une partie de la gauche radicale et des militants pro-palestiniens. Des rassemblements ont régulièrement lieu devant la prison de Lannemezan (Pyrénées-Atlantiques), où il est détenu. Lundi encore, plusieurs dizaines de personnes s’y sont réunies pour demander sa libération.

Parmi ses soutiens politiques figure notamment le député LFI Éric Coquerel, qui s’était rendu dans sa cellule en février dernier, évoquant une « rencontre fraternelle entre militants politiques ».

Après quarante ans de détention, Georges Ibrahim Abdallah va donc sortir de prison. Son expulsion vers le Liban devrait marquer la fin d’un long feuilleton judiciaire, politique et diplomatique.

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