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Un an après les élections législatives anticipées de 2024, Emmanuel Macron retrouve ce 7 juillet le droit constitutionnel de dissoudre l’Assemblée nationale. Officiellement, le chef de l’État affirme ne pas vouloir recourir à cette option, conscient que son camp n’en sortirait probablement pas renforcé. Mais cette possibilité pèse désormais sur l’exécutif comme une épée de Damoclès, notamment au-dessus de la tête de son Premier ministre.
Dans un autre registre, un humoriste pourrait lancer ce matin : « Bon anniversaire Manu ! » Une formule à la fois sincère et ironique. Car si Emmanuel Macron récupère ce jour une « bombe nucléaire institutionnelle », il se retrouve face à un dilemme : l’utiliser ou non ? Et, au fond, la situation est loin de prêter à sourire.
La dissolution de juin 2024 a provoqué un bouleversement politique sans précédent sous la Ve République. Résultat : une Assemblée éclatée, un parti présidentiel en déroute, une gauche radicale et un Rassemblement national puissants, mais incapables de gouverner seuls. Le président, comme un chat perdu, ne retrouvait plus ses repères.
Trois Premiers ministres en un an
Depuis, la France a vu défiler trois Premiers ministres en douze mois : Gabriel Attal, resté en affaires courantes durant les Jeux olympiques ; Michel Barnier, nommé en septembre puis renversé dès décembre ; et enfin François Bayrou, toujours en poste après avoir survécu à huit motions de censure, dont la dernière n’a été rejetée que grâce à l’abstention bienveillante de Marine Le Pen.
Le climat rappelle à certains la crise belge des 541 jours sans gouvernement. Et la situation reste fragile : François Bayrou a promis de présenter le 15 juillet son projet de budget pour 2026, qui inclut 40 milliards d’euros d’économies. Ce budget sera débattu dès le 22 septembre, avec un vote prévu avant la fin de l’année. Autant dire que le Premier ministre vivra les prochaines semaines avec « la tête sur le billot ».
Deux menaces planent sur lui : celle du Parlement, et celle du président, qui peut à tout moment signer une nouvelle dissolution. Une lettre de cachet moderne, en somme, qui l’enverrait non pas à la Bastille, mais dans son fief de Pau.
Les sondages, eux, sont clairs : une nouvelle dissolution serait désastreuse pour l’exécutif. Emmanuel Macron plafonne à 21 % d’opinions favorables, François Bayrou à 17 %. Pourtant, les rumeurs enflent à l’Élysée : le président ne supporterait plus son Premier ministre.
Et samedi dernier, Emmanuel Macron a confié à de jeunes militants de son parti qu’il ne passerait pas ses deux dernières années à l’Élysée les bras croisés. Il a aussi très mal pris la récente querelle publique entre le ministre de l’Intérieur et la ministre de l’Écologie à propos des éoliennes – l’un contre, l’autre pour.
Quant à la dissolution ? Fidèle à sa ligne du « en même temps », le président ne l’envisage pas vraiment… mais ne l’écarte jamais totalement. Pour filer la métaphore féline : le chat ne retrouve peut-être pas ses petits, mais il jouerait bien avec les souris.


















