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France: François Bayrou passe l'obstacle des motions de censure, mais jusqu'à quand?

Le Premier ministre François Bayrou devrait survivre aux deux motions de censure votées ce mardi contre son gouvernement. Les socialistes ont en effet annoncé qu’ils ne les soutiendraient pas, lui permettant ainsi d’éviter une crise politique immédiate. Mais son avenir à Matignon reste incertain.

Avec l’assurance de ne pas être renversé aujourd’hui, François Bayrou peut souffler. Son budget sera adopté, évitant ainsi le sort qu’avait connu Michel Barnier avant lui.

Chaque jour gagné est une victoire pour le Premier ministre, mais pour combien de temps ?

Les socialistes, qui justifient leur abstention par un "sens des responsabilités", ont déjà annoncé qu’ils déposeront une nouvelle motion de censure dans les prochains jours. Cette fois, il s’agira de marquer leur opposition aux propos de Bayrou sur la "submersion migratoire". Pourtant, cette future motion n’aura pas plus de chances d’aboutir : le Rassemblement national partage cette vision et ne la votera pas.

Un répit pour agir

François Bayrou bénéficie donc de quelques semaines de répit pour avancer sur plusieurs dossiers majeurs : la reconstruction de Mayotte, une réforme sur l’immigration et une éventuelle modification du mode de scrutin pour introduire une dose de proportionnelle. Mais ce soutien temporaire du Parti socialiste s’apparente davantage à une corde soutenant un pendu qu’à un véritable appui politique.

Du côté du Rassemblement national, tout dépendra de la stratégie de Marine Le Pen. Il y a moins d’un mois, elle évoquait une dissolution de l’Assemblée nationale dès qu’elle serait légalement possible, soit en juillet. Si cette hypothèse se concrétise et que son parti l’emporte aux législatives, Emmanuel Macron pourrait être contraint de la nommer à Matignon.

Un piège pour 2027

Être Premier ministre en France est souvent un piège pour une ambition présidentielle. L’histoire récente en témoigne : François Mitterrand avait affaibli Jacques Chirac en 1986, tout comme Édouard Balladur en 1993 et Lionel Jospin en 2002. Aucun des derniers présidents – Sarkozy, Hollande ou Macron – n’avait occupé Matignon avant d’accéder à l’Élysée.

Marine Le Pen pourrait donc choisir de laisser Bayrou en poste jusqu’en 2027, préférant le voir gérer les crises plutôt que de s’exposer elle-même à l’usure du pouvoir. Son objectif reste l’Élysée, et elle pourrait juger plus stratégique de ne pas précipiter les choses.

Mélenchon isolé, Hollande en embuscade

À gauche, Jean-Luc Mélenchon continue d’appeler à une démission anticipée d’Emmanuel Macron. Son scénario idéal aurait été une succession de crises gouvernementales conduisant à un départ forcé du président. Mais l’abstention des socialistes sur les motions de censure rend ce plan irréaliste. Il devra patienter avant de tenter un duel face à Marine Le Pen.

Dans l’ombre, François Hollande observe la situation avec attention. Celui qui avait théorisé la nécessité de "laisser du temps au temps" attend son moment, espérant que l’évolution de la gauche lui permette de revenir sur le devant de la scène.

Pour l’heure, François Bayrou reste en place. Mais son avenir à Matignon dépendra autant des jeux d’alliances parlementaires que des ambitions de ses adversaires pour 2027.
 

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