Partager:
Avec cette peine, François Fillon s’en sort plutôt bien. Car le 9 mai 2022, l’ancien Premier ministre s’était vu infliger un an de prison ferme, la même amende et dix ans d’inéligibilité. La Cour de cassation avait ensuite annulé cette décision, estimant que la prison ferme était insuffisamment motivée.
Il n’y aura donc ni prison, ni bracelet électronique pour celui qui, sans cette affaire, aurait peut-être pu devenir Président de la République. Fin 2016, à l’issue du premier mandat de François Hollande, et alors que le président socialiste a décidé de ne pas se représenter, les écuries présidentielles fourbissent leurs armes.
Un certain Macron est en train d’émerger, mais il n’est encore qu’un outsider. Marine Le Pen croit en ses chances, et la gauche, désemparée, laisse un boulevard à Jean-Luc Mélenchon. La droite républicaine et du centre organise de son côté des primaires où figurent huit candidats, dont plusieurs de ses stars : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon, etc.
Les sondages prédisent un match Sarkozy/Juppé. François Fillon est donné dernier. Et pourtant, lors d’une interview qu’il m’accorde à Bruxelles, ce natif du Mans, fan de sport automobile, me dit : « Je serai le Jacky Ickx de cette primaire ». Il faisait référence aux 24 Heures du Mans 1969, quand le champion belge, pour protester contre le départ type Le Mans, était parti bon dernier pour finir vainqueur.
Bien vu : le 27 novembre 2016, c’est François Fillon qui gagne la primaire. Il devient alors le favori de la présidentielle. Mélenchon ne fait pas le poids, pas plus que ce jeune Macron qui n’a jamais été élu nulle part. Quant à Marine Le Pen, elle fait toujours peur, comme son père — c’est du velours. Et là, patatras.
Le 25 janvier 2017, Le Canard enchaîné révèle que son épouse Penelope a été rémunérée pendant des années comme attachée parlementaire, pour une somme totale de 800 000 euros. Elle aurait aussi occupé un emploi de conseillère littéraire à La Revue des Deux Mondes, payé 100 000 euros brut. Une revue dirigée par… un ami de l’ex-Premier ministre.
Le problème, c’est qu’elle n’a pratiquement jamais mis les pieds ni au Parlement ni chez l’éditeur. La justice s’empare de l’info et ouvre une enquête pour emploi fictif. Plus tard, on apprendra aussi que le candidat s’est fait offrir par un riche supporter des costumes à 20 000 euros. Fillon plonge dans les sondages, et au premier tour, il finira troisième avec 20 % des voix…
La politique suit parfois des chemins sinueux. Même si elle n’est pas de même nature, cette étrange déchéance d’un favori à la présidentielle n’est pas sans rappeler celle de DSK, cinq ans plus tôt… Mais ce n’est sûrement qu’un hasard.


















