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La France face à une épidémie... de panne d'ascenseur: des cas peuvent parfois tourner au drame

Quel est le moyen de transport le plus employé en France ?  C'est l'ascenseur ! Plus de 100 millions de trajets par jour. Mais c'est aussi celui qui connait le plus d'incidents parfois mortels. 1 million et demi d’ascenseurs tombent en panne chaque année dans l'hexagone ce qui représente en moyenne 3 pannes par ascenseur et par an. 

Connaissez-vous Ascenseur pour l’échafaud, le film culte de Louis Malle ? C’est l’histoire d’un jeune cadre, Maurice Ronet, qui assassine son patron – l’amant de sa femme, jouée par Jeanne Moreau – dans l’immeuble de son entreprise. Mais au moment de s’enfuir, il se retrouve coincé dans l’ascenseur... et y passe tout le week-end. Le film raconte ses tentatives pour s’en sortir, pendant que la vie continue à l’extérieur. C’est l’un des suspenses les plus intenses du cinéma français.

J’en suis fan... et ce film m’a même sauvé. Un jour, enfermé dans un ascenseur du même modèle que celui du film, j’ai réussi à dégoupiller la porte en utilisant exactement la même technique que Maurice Ronet. Sauf que lui a échoué : sa cabine était bloquée entre deux étages, impossible de s’échapper. Moi, j’avais de la chance : l’ascenseur était arrêté à l’étage.

Cette mésaventure, pratiquement tous les Français l’ont connue un jour. On ne compte plus les récits de personnes âgées coincées en haut de leur immeuble, incapables de sortir, ravitaillées par leurs jeunes voisins.

Radio France a mené une enquête sur le sujet et publié le témoignage des habitants d’une tour de 16 étages, où l’ascenseur est en panne depuis quatre mois. Et des exemples comme celui-là, il y en a des centaines. Souvent dans les barres HLM des banlieues, mais les centres-villes ne sont pas épargnés : on recense environ dix pannes par an à Paris intramuros, contre seulement deux à trois à Berlin.

Les infrastructures publiques ne sont pas en reste : centres commerciaux, gares, aéroports… À Orly, où "c’est triste le dimanche", on a parfois plus de chance d’être bloqué dans un ascenseur que dans une salle d’attente.

Parfois, ces pannes virent au drame. En mai 2002, à Strasbourg, un enfant de quatre ans, Bilal, est mort après une chute de six étages. Il est monté dans l’ascenseur alors que la cabine était au sous-sol : les portes n’auraient jamais dû s’ouvrir sur le vide. La justice a conclu à un problème de maintenance. C’est pratiquement toujours le cas. Car réparer coûte cher.

Aujourd’hui, 40 % des ascenseurs en France ont plus de 25 ans. Pour les remplacer, il faut compter au minimum 80 000 euros pour un immeuble de six étages. Et les prix peuvent grimper jusqu’à 200 000 euros pour des bâtiments plus hauts. Les contrats de maintenance, eux, tournent autour de 5 000 euros par an.

Quatre entreprises se partagent le marché mondial : Otis, Schindler, Koné et TKE. Leur chiffre d’affaires cumulé ? 100 milliards d’euros, dont 3 milliards en France. L’Europe les a déjà condamnées pour entente illicite. Elles ont de moins en moins de personnel et font fabriquer leurs pièces détachées en Chine ou en Afrique du Sud. Résultat : les délais de réparation s’allongent.

Plusieurs députés préconisent la création d’une "police des ascenseurs", sur le modèle du contrôle technique automobile. En attendant, quand c’est possible… prenez l’escalier !

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