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Le cambriolage du Louvre était-il inévitable ? Il y a quelques semaines, des agents du musée avaient « alerté sur les failles de sécurité »

Par RTL info avec AFP
Quelques heures après le cambriolage du Louvre, de nombreuses questions se posent quant à la sécurité du célèbre musée parisien. En effet, il y a quelques mois, des agents avaient dénoncé des problèmes de « sous-effectif » au Louvre.

Comment sécuriser un musée de 73.000 m2 abritant quelque 35.000 œuvres ? Le cambriolage dimanche au Louvre, où plusieurs bijoux « inestimables » ont été volés, met en lumière l’ampleur de ce défi logistique, sur lequel les autorités se penchent régulièrement.

Avant ce casse spectaculaire, le précédent vol ayant frappé le plus grand musée du monde remonte à 1998 quand une toile du maître français Camille Corot avait été dérobée en plein jour et n’a jamais été retrouvée depuis.

« C’est un musée fragile », avait déclaré son président de l’époque Pierre Rosenberg. Près de trente ans plus tard, le constat semble encore d’actualité.

Dimanche, trois ou quatre cambrioleurs se sont introduits dans le musée en découpant une vitre à la disqueuse depuis une nacelle à l’extérieur. Ils se sont rendus dans la galerie d’Apollon, abritant la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, où ils ont volé plusieurs objets. Le tout en 7 minutes.

À son arrivée à la tête du Louvre en 2021, Laurence des Cars avait demandé à la préfecture de police de Paris de mener un audit de sécurité sur son établissement. À la suite de cet audit, des recommandations ont été rendues « il y a quelques semaines, quelques mois » et « commencent à être mises en œuvre », a affirmé dimanche la ministre de la Culture Rachida Dati, sans donner plus de précisions. Sollicité par l’AFP, Le Louvre n’a pas fait de commentaires.

Inquiétudes syndicales

Selon certaines organisations syndicales, la sécurisation du musée a été mise à mal par des réductions de personnels au cours des récentes années, alors même que la fréquentation du musée explosait.

Sous couvert de l’anonymat, une source syndicale affirme ainsi que 200 équivalents temps plein ont été supprimés au musée au cours des 15 dernières années, notamment sur des postes de sécurité, sur des effectifs globaux de près de 2.000 salariés. « On ne peut pas se passer de la surveillance physique », affirme cette source.

Dans un communiqué, le syndicat minoritaire Sud a lui aussi pointé du doigt dimanche « la destruction des emplois dédiés à la sécurité » au Louvre.

Mi-juin, des agents du musée avaient débrayé quelques heures pour dénoncer des problèmes de « sous-effectif » les empêchant de mener à bien leurs missions.

Adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard a rappelé ce précédent pour mettre en cause les autorités dimanche.

Les salariés du musée ont alerté sur les failles de sécurité

« Ce braquage arrive quelques mois après que les salariés du musée aient alerté sur les failles de sécurité. Pourquoi ont-ils été méprisés par la direction du musée et par le ministère ? », a-t-il écrit sur X.

La sécurisation du Louvre, encore plus avec le cambriolage de dimanche, devrait à nouveau être au cœur des débats autour du vaste projet d’extension du musée parisien, annoncé fin janvier par Emmanuel Macron.

Un projet de rénovation colossal

Réagissant à l’état des lieux alarmant sur la vétusté du Louvre dressé par sa présidente, le chef de l’État avait annoncé un projet de rénovation colossal, dont le coût est évalué à environ 700 à 800 millions d’euros sur une dizaine d’années.

Baptisé « Nouvelle Renaissance du Louvre », il prévoit d’ici 2031 une nouvelle entrée pour décongestionner la pyramide de verre, une salle d’exposition dédiée à la Joconde, ainsi qu’un billet d’entrée plus cher pour les visiteurs non européens, avec, à terme, un objectif de 12 millions de visiteurs annuels contre environ 9 actuellement.

«Des mesures de sécurisation sont intégrées dans le nouveau grand projet du musée du Louvre», a assuré dimanche Mme Dati, évoquant un nouveau «schéma directeur de la sécurité».

La source syndicale ne doute pas que le budget de la sécurité sera réévalué mais se demande si les montants «seront à la hauteur de la protection requise par notre établissement».

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