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Quelques jours après la publication dans la presse des bonnes pages du livre évoquant la couleur grise des murs, le bruit de la prison, les menaces des autres détenus, ou sa prière à genoux, c’est l’aspect politique de l’ouvrage qui fait aujourd’hui débat et divise le camp de l’ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy.
Dans « Le Journal d’un prisonnier », il rapporte une conversation téléphonique avec Marine Le Pen. Elle lui demande s’il s’associera à un Front Républicain, sous-entendu contre elle. « Ma réponse fut sans ambiguïté : « Non, et de surcroît je l’assumerai en prenant le moment venu une position publique sur le sujet » », et il ajoute : « Le chemin de reconstruction de la droite ne pourra passer que par l’esprit de rassemblement le plus large possible, sans exclusive et sans anathème ».
Ces mots marquent la fin d’un engagement suivi par la droite républicaine depuis 1988 et qu’à l’époque l’ancien maire de Lyon Michel Noir avait résumé en une phrase : « Il vaut mieux perdre les élections que perdre son âme. »
Ce front républicain s’est concrétisé à plusieurs reprises. En 2002, c’est la gauche qui a voté pour la droite contre Jean-Marie Le Pen : résultat, Jacques Chirac a été réélu avec 82 % des voix. En 2017 et en 2022, la gauche et la droite républicaine se sont rassemblées au second tour pour faire barrage à l’extrême droite. Nicolas Sarkozy avait alors appelé à voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen. Sa position a donc changé, il est désormais pour ce qu’on appelle l’union des droites. C’est-à-dire une convergence qui irait des centristes aux lepénistes.
C’est le résultat de la stratégie de dédiabolisation menée par Marine Le Pen : les jeunes gens en costume cravate, comme Jordan Bardella ont remplacé peu à peu les vieux nostalgiques du Maréchal Pétain. Les héritiers du général de Gaulle n’hésitent plus à dire que le Rassemblement National, fait partie de l’arc républicain. Enfin certains héritiers, car tous ne sont pas sur la même longue d’onde que Sarkozy.
Et parmi eux deux anciens chef du gouvernement, Michel Barnier et Dominique de Villepin. Le premier a déclaré « Pas d’alliance avec ces partis avec lesquels nous ne partageons pas les mêmes valeurs » . Et le second « Je crois que c’est une erreur politique, une erreur morale qui survient au pire moment » « Sont-ils dans l’arc républicain ? Oui. Est-ce qu’ils participent de l’esprit républicain ? Non ».
Ça promet de vifs échanges lors de la prochaine présidentielle en 2027… et au final, comme toujours, ce sont les électeurs qui décideront.














