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Signé Giltay: Premier ministre, le pire job en politique française?  

Coup d'oeil sur la campagne en vue des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet en France. On dit souvent que Premier ministre, c'est le pire des jobs en politique. "L'Enfer de Matignon", dit-on en France. Pourtant, chaque jour, de nouveaux candidats affirment être prêts à exercer la fonction dès le 8 juillet. Pourquoi cet engouement ?

Il y a le candidat déclaré, comme Jordan Bardella du Rassemblement national, qui détaille son programme de gouvernement à longueur d'interviews et pose même ses conditions. Il y a Jean-Luc Mélenchon, l'insoumis, qui s'est dit prêt à exercer la fonction sans pour autant la réclamer à corps et à cri, comme il le fit en 2022. Il y a ceux qui se verraient bien en recours en cas d'absence de majorité claire, comme le centriste François Bayrou. Il y a aussi les ambitieux du gouvernement, comme le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui ne dit rien, mais n'en pense pas moins. Et puis n'oublions pas Gabriel Attal qui, en cas de victoire du parti présidentiel, se verrait bien rester en place, ce qui serait logique. 

Mais pourquoi donc tant d'appétit pour une tâche qualifiée, hier encore, de très difficile par Édouard Philippe, qui l'occupa de 2017 à 2020 ?
Parce qu'au terme de la Constitution française, et contrairement à ce qu'on croit, c'est le Premier ministre qui détient le pouvoir et pas le président. Article 20 : le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. Il dispose de l'administration et de la force armée. Article 21 : le Premier ministre dirige l'action du gouvernement. Il est responsable de la Défense nationale. Il assure l'exécution des lois. 
Certes, le président veille au respect de la Constitution. Il est garant de l'intégrité du territoire et du respect des traités. Il est aussi le chef des armées et c'est lui qui promulgue les lois. Mais au quotidien, c'est le Premier ministre qui dirige le pays et d'ailleurs, c'est lui qui a les sous. S'il veut priver le président de dessert, il peut le faire.

La différence avec un pays comme la Belgique, c'est que le Premier ministre ne procède pas du Parlement, mais du président. Ce dernier dispose d'une légitimité plus forte par son élection directe au suffrage universel et c'est lui qui désigne le Premier ministre, et il nomme qui il veut. En clair, quand le Premier ministre est du parti présidentiel et qu'il a une majorité au Parlement, c'est le président, le chef.

Et comme disait Sarkozy de Fillon : le Premier ministre est un collaborateur. Il se tape le boulot pendant que l'autre prend la lumière. Mais en cas de cohabitation, le locataire de Matignon jouit d'une grande liberté et peut appliquer son programme. C'est ce dont rêve Jordan Bardella. 

Bardella, qui est un peu jeune pour se souvenir que, par le passé, les cohabitations ont souvent tourné au cauchemar.

 

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