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Crise entre le Congo et le Rwanda: "Il y a clairement un agresseur et un agressé", affirme Hadja Lahbib

La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a clairement joint mercredi sa voix, depuis Kinshasa, aux pays qui demandent de plus en plus ouvertement au Rwanda de cesser son soutien à la rébellion du M23 (Mouvement du 23 Mars) et à retirer ses troupes du territoire de la République démocratique du Congo (RDC).

"Il y a clairement un agresseur et un agressé et la présence avérée de troupes rwandaises en appui au M23" sur le territoire congolais, a-t-elle affirmé à quelques journalistes belges, à l'issue d'une visite de deux jours à Kinshasa. Elle a rencontré notamment le Premier ministre démissionnaire, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, la cheffe du gouvernement désignée, Judith Suminwa Tuluka, et son homologue Christophe Lutundula Apala Pen'Apala. Mme Lahbib s'est aussi entretenue mercredi avec la cheffe de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), Bintou Keita. "Il faut oser nommer les choses", a dit la ministre en parlant de "violation de l'intégrité territoriale" de la RDC par son voisin, avec "un risque de déstabilisation".    

Il y a de plus en plus de pays, notamment membres du Conseil de sécurité de l'ONU, "qui demandent au Rwanda ouvertement de se retirer", a-t-elle ajouté.    La cheffe de la diplomatie belge formule cette demande depuis plusieurs semaines, mais elle l'a répétée à l'issue de sa visite à Kinshasa, après avoir précédemment été à Kigali pour les commémorations pour le 30e anniversaire du génocide contre les Tusti de 1994 au Rwanda.  

Des rapports d'experts de l'ONU font état depuis plusieurs mois de la présence de troupes rwandaises en territoire congolais, en soutien au M23, une rébellion majoritairement tutsi, comme le régime au pouvoir à Kigali.  Aucun pays n'est nommé dans cette déclaration, mais certains pays comme la France et les États-Unis accusent régulièrement le Rwanda de soutenir le M23.    

Les membres du Conseil de sécurité ont, dans une déclaration publiée vendredi dernier, "condamné le soutien militaire étranger apporté au M23 et à d'autres groupes armés opérant en RDC et exigé l'arrêt de ce soutien et le retrait immédiat de toute partie extérieure" du territoire. L'Union européenne a également, après les États-Unis et la France, condamné "le soutien apporté par le Rwanda au M23" et demandé à Kigali "de retirer immédiatement tout son personnel militaire de la RDC". Elle avait aussi instamment demandé à la RDC de cesser de soutenir les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), groupe majoritairement hutu créé par d'anciens hauts responsables du génocide des tutsis au Rwanda. La ministre belge a toutefois aussi mis le doigt sur une "vacance du pouvoir" et une absence de gouvernance en RDC, qui ne parvient pas à rétablir la sécurité sur son territoire, ce qui contribue au pillage des ressources naturelles dont le pays regorge.  

Elle a, à l'issue de son entretien avec la Première ministre désignée, souligné que Mme Suminwa Tuluka était "bien au courant des défis énormes" qui l'attendent à la tête du gouvernement congolais. Ce dernier n'a pas encore été formé, plus de trois mois après les élections générales contestées de fin décembre 2023, dont une présidentielle remportée par M. Tshisekedi pour un second mandat de cinq ans.

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