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Donald Trump « veut un pouvoir héréditaire : je suis certain qu’un de ses fils va lui succéder dans trois ans »

Par RTL info
L’économiste Bruno Colmant, invité de 7h50 sur bel RTL, est venu parler de son nouveau livre intitulé « Donald Trump – Le spectre d’un fascisme numérique ».

Passionné des États-Unis, l’économiste belge, dont la grand-mère était américaine, y a fait ses études dans le Midwest et a travaillé à la Bourse de New York. Il y retourne régulièrement, invité par des universités, et il est formel : « J’ai vu un pays se dégrader lentement », assure-t-il.

Bruno Colmant : J‘ai vu ce pays qui était candide, ouvert, accueillant pour les étrangers, tout d’un coup se refermer. à l’époque où j’ai étudié, les voitures étaient ouvertes, les maisons aussi. Aujourd’hui tout se ferme et quand on va dans un restaurant dans le centre des États-Unis, et qu’on n’est pas du coin, on est regardé avec méfiance, donc quelque chose a changé. Même si on est blanc, ça n’a rien à voir. Et donc il y a une sorte de repli américain, d’isolationnisme, et puis c’est un pays qui est vraiment tombé dans une chicane politique extraordinaire. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu une tentative de putsch en 2021, il faut l’appeler par son nom. On a Donald Trump de nouveau qui est au pouvoir, avec un régime politique et militaire qui est en train de changer.

Martin Buxant : Alors dans votre bouquin, vous décrivez ce qu’est le techno-fédéralisme, c’est même l’ossature de votre livre. C‘est quoi ça le techno-fédéralisme ?

On a en fait la combinaison de deux choses, on a un pouvoir autoritaire que je qualifie de presque fasciste, parce qu’on a les attributs du fascisme sous l’angle politique. C’est un concept qui est lourd mais on en a tous les attributs : c’est le culte de l’homme fort, c’est l’exaltation d’un passé mythique, la destruction de l’ennemi et surtout la désignation d’ennemis de l’intérieur. Auparavant les Américains sortaient leur violence par des guerres à l’étranger, aujourd’hui la violence est réinternalisée au sein des États-Unis. Et donc on voit la garde nationale s’imposer dans quelques régions. Hier il y a eu quand même un assassinat politique extrêmement important, parce que les drapeaux sont en berne aux États-Unis. Et d’autre part les patrons de la tech ont trouvé en Trump leur meilleur allié, c’est-à-dire que certains de ces gens partent de l’idée que la machine, que le système, est plus capable de gérer l’économie qu’un simple individu et que donc il y a quelques titans, quelques Césars, et une humanité qui grouille et que la machine va déterminer les choix optimaux pour l’humanité.

Est-ce que ces technocrates américains nous conduisent vers la guerre ? Est-ce qu’on peut comparer notre époque aux années 30 ?

Alors je pense que sous l’angle politique, aux États-Unis les troubles vont augmenter. Je pense que Trump veut un pouvoir quasiment personnel, il est en train d’exalter la population, il a donc détruit indirectement le parti démocrate et il veut en fait un pouvoir héréditaire, un pouvoir à vie. Il ne faut pas oublier que les États-Unis ont signé leur indépendance mais surtout leur constitution avant la révolution française avec un seul objectif de ne pas avoir de monarchie, pas d’empire, pas de pouvoir héréditaire. Je suis certain que le fils, un des fils de Trump, va lui succéder dans trois ans. Et donc il veut personnaliser le pouvoir, il veut militariser les États-Unis, faute de lancer des guerres à l’étranger, et donc anéantir toute opposition avec l’aide d’un cadrage, d’un filtrage de tous les individus, grâce à Elon Musk et toute sa bande de technocrates importants, c’est Peter Thiel et Elon Musk.

Un autre grand sujet pour Donald Trump c’est l’immigration, vous en parlez dans votre livre.

Bien sûr, ça prend des dimensions tout à fait étonnantes. Il y a les gens d’ICE qui sont en fait les personnes chargées des douanes, les douaniers qui empêchent les gens d’entrer aux États-Unis, mais qui expulsent les personnes en faisant des raids dans des restaurants, dans des usines. Et il y a eu, il y a 2-3 jours, 450 travailleurs sud-coréens qui étaient peut-être en séjour moyennement illégal, qui ont été arrêtés, enchaînés aux pieds et qui vont être expulsés. Ça veut dire qu’en fait, il y a une peur. Et aujourd’hui, beaucoup d’entreprises étrangères disent à leurs cadres, à leurs travailleurs : « n’allez pas aux États-Unis sans l’aide d’un avocat ».

Est-ce qu’on peut encore aujourd’hui en Belgique être atlantiste ?

On va devoir se faire à l’idée que la porte vers la liberté et que représentait la statue de la liberté n’existe plus. On va devoir apprendre que l’Europe est une homogénéité, qu’en fait le monde occidental, ce n’est plus les États-Unis et l’Europe, mais ce sont deux continents, deux parties du monde différentes. Et donc, on devra repenser notre modèle, tant sous l’angle économique que sous l’angle politique, pour s’habituer à cette nouvelle réalité. Et on aura beaucoup de mal à le faire parce qu’on a tous en tête la petite maison dans la prairie, Top Gun, les libérateurs de 1944. Donc, on sent qu’on a un attachement américain, que c’était l’Eldorado. Ce n’est plus l’Eldorado.

Il faut reprendre son autonomie, l’Europe doit s’affirmer, c’est ça ?

Voilà, exactement.

 

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