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Dans de longs messages postés sur les réseaux sociaux, le président ukrainien a réitéré ces dernières heures les éléments qu’il estime essentiels, ajoutant que les dernières frappes russes sur le territoire ukrainien étaient «cyniques» et «démonstratives».
Selon Volodymyr Zelensky, les frappes ont tout à voir avec la rencontre prévue dans la journée à Washington. Poutine tente d’»humilier les efforts diplomatiques», juge-t-il. Alors que «tout le monde» (à Washington) cherche une «paix digne et une véritable sécurité», «les Russes attaquent Kharkiv, Zaporijja, la région de Soumy, et Odessa, détruisant des immeubles résidentiels et notre infrastructure civile», souligne le président ukrainien. Les Russes «tuent délibérément, particulièrement des enfants».
Vladimir Poutine continuera, assure le président ukrainien, dans le but de faire pression sur l’Ukraine et l’Europe. «C’est précisément pourquoi nous demandons de l’aide pour mettre fin aux tueries. C’est pourquoi des garanties de sécurité sûres sont nécessaires. C’est pourquoi la Russie ne devrait pas être récompensée pour sa participation à cette guerre. La guerre doit être arrêtée. Et c’est Moscou qui doit entendre le mot ‘Stop’», conclut Volodymyr Zelensky, dans un message qui semble directement adressé à la Maison-Blanche.
Après l’accueil spectaculaire qu’il a offert à Vladimir Poutine en Alaska, Donald Trump reçoit ce lundi Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, un retour du président ukrainien dans le saint des saints de la Maison Blanche où il avait été réprimandé jusqu’à l’humiliation fin février.
Le président ukrainien s’entretiendra d’abord en tête-à-tête avec Donald Trump à partir de 13h00, soit 19h heure belge. Les différents dirigeants européens se joindront ensuite à eux. Avant cette entrevue, le président ukrainien et les dirigeants européens vont se réunir pour une «réunion préparatoire».
A son arrivée à Washington, Zelensky a assuré que l’Ukraine partageait « le profond désir de mettre fin à cette guerre rapidement et de façon fiable » mais précisé que « la paix (devait) être durable », à l’inverse des garanties données à Kiev après la chute de l’URSS ou des accords signés avec Moscou après l’annexion de la Crimée et le début d’une guerre dans l’est ukrainien. « J’espère que notre force conjointe avec l’Amérique, avec nos amis européens, contraindra la Russie à une vraie paix », a-t-il souligné sur les réseaux sociaux.
Plusieurs dirigeants européens seront présents à Washington pour appuyer la position de Kiev, sommé par le président américain d’accepter des concessions après son sommet avec Vladimir Poutine vendredi en Alaska, qui n’a pas permis d’arrêter les combats en Ukraine.
Sont attendus le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, le chef de l’Otan Mark Rutte, et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que les dirigeants européens « ne viennent pas ici afin d’empêcher Zelensky d’être malmené » dans le but de signer un « mauvais accord » et qu’ils ont été « invités » par l’administration américaine.
À quelques heures de cette rencontre, la première dans ce format depuis le début de l’invasion russe en février 2022, la Russie maintient la pression sur le terrain. Moscou a tiré quelque 140 drones et quatre missiles balistiques dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé l’armée de l’air ukrainienne.
Une frappe de drone russe a fait sept morts et des blessés à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, selon les autorités locales. Deux personnes ont été tuées dans des frappes ukrainiennes dans les régions de Kherson et Donetsk, dont d’importantes parties sont sous contrôle des troupes russes, selon les autorités d’occupation.
La réunion à Washington doit permettre d’aborder notamment de possibles concessions territoriales et des garanties de sécurité, pour mettre fin au conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.
« Le président ukrainien Zelensky peut mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s’il le veut, ou il peut continuer à combattre », a averti M. Trump dans une série de messages sur son réseau Truth Social où il a mis la pression sur le dirigeant ukrainien pour renoncer à certaines de ses exigences. « Pas question » pour Kiev de récupérer le contrôle de la Crimée annexée par Moscou en 2014, ni d’entrer dans l’Otan, a ainsi averti le milliardaire.
Sa dernière visite à la Maison Blanche remonte au 28 février, quand il avait été réprimandé et humilié publiquement dans le Bureau ovale par Donald Trump et son vice-président JD Vance, qui lui avaient reproché son manque de reconnaissance pour le soutien américain.

Outre la question de la Crimée évoquée explicitement dimanche par Donald Trump, un responsable au courant d’échanges téléphoniques samedi entre le président américain et des dirigeants européens a affirmé à l’AFP qu’il soutenait une proposition de Moscou selon laquelle Kiev céderait les régions de Donetsk et Lougansk (est), et le front serait gelé dans celles de Kherson et Zaporijjia (sud).
L’émissaire américain Steve Witkoff a assuré que Moscou avait fait « certaines concessions » territoriales concernant « cinq régions » ukrainiennes, citant uniquement « une importante discussion sur Donetsk », région qui constitue la priorité militaire du Kremlin.
Garanties de sécurité
La question de garanties de sécurité offertes à Kiev en échange d’un compromis devrait occuper une place centrale lors des discussions de lundi.
En rentrant d’Alaska, Donald Trump a évoqué la piste d’une clause de sécurité collective inspirée de l’article 5 de l’Otan, en dehors toutefois du cadre de l’Alliance atlantique, considérée par Moscou comme une menace existentielle.
Selon Emmanuel Macron, les Européens vont demander à Trump « jusqu’à quel point » il se joindra aux garanties de sécurité. Donald Trump a laissé entrevoir un sommet tripartite avec Poutine et Zelensky, si « tout marche bien » lorsqu’il recevra le président ukrainien.
En cas d’échec des pourparlers, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a prévenu que Washington pourrait prendre de « nouvelles sanctions » contre Moscou.
La Chine a dit lundi espérer un accord « acceptable pour toutes les parties dès que possible ».
Le Kremlin, qui a l’avantage sur le front, est accusé par Kiev et ses alliés de jouer la montre en maintenant des demandes maximalistes.

















