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Alors que l’Ukraine manque cruellement de soldats pour faire face à la Russie, un autre front s’ouvre, bien loin des tranchées : celui de l’exode. Depuis deux mois, près de 100.000 jeunes Ukrainiens ont quitté leur pays en direction de la Pologne, de l’Allemagne et d’autres pays européens, rapportent nos confrères de Het Laatste Nieuws.
Ce phénomène, inédit depuis le début du conflit, découle d’une décision récente du président Volodymyr Zelensky, qui a assoupli les règles de sortie du territoire. Désormais, les hommes de moins de 23 ans peuvent voyager à l’étranger, alors qu’auparavant, la loi martiale interdisait à tous les hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays.
Cette mesure faisait partie d’une réforme militaire plus large, censée répondre aux critiques de Washington et des partenaires européens, qui reprochent à Kiev de ne pas mobiliser suffisamment de troupes. Le Centre d’études stratégiques et internationales, basé aux États-Unis, estime que jusqu’à 100.000 soldats ukrainiens ont déjà perdu la vie depuis 2022.
Pour pallier la pénurie d’hommes sur le front, le gouvernement a aussi abaissé l’âge de la conscription de 27 à 25 ans. Kiev espérait que ces nouvelles règles permettraient de freiner la fuite des adolescents avant leur majorité et d’encourager les jeunes à revenir au pays après un séjour à l’étranger. Mais le pari semble perdu.
Au lieu d’attirer de futurs volontaires, cette ouverture des frontières a provoqué une vague migratoire sans précédent. En Pologne, 45.300 jeunes hommes ukrainiens (entre 18 et 22 ans) sont entrés dans le pays entre janvier et août. Mais le chiffre a explosé en septembre et octobre, atteignant 98.500 arrivées, soit plus de 1.600 par jour.
En Allemagne aussi, la tendance s’accélère : les entrées hebdomadaires de jeunes Ukrainiens sont passées d’une vingtaine à près de 1.800 par semaine en octobre. Une hausse qui bouscule le paysage politique allemand.
Berlin sous pression politique
Le chancelier Friedrich Merz tente de contenir la colère d’une partie de son électorat, alors que l’AfD, parti d’extrême droite en tête des sondages, réclame l’arrêt de l’aide financière aux réfugiés ukrainiens.
Même au sein de son propre camp, des voix s’élèvent. Le député Jürgen Hardt, spécialiste des affaires étrangères, a confié à Politico : « Nous n’avons aucun intérêt à ce que de jeunes Ukrainiens passent leur temps en Allemagne au lieu de défendre leur pays. »



















