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Des hommes armés ont fait feu sur un groupe de touristes, mardi, dans une région touristique du Cachemire indien.
Au moins 26 personnes ont été tuées mardi au Cachemire indien lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur un groupe de touristes, l'attaque la plus meurtrière contre des civils en un quart de siècle dans cette région où sévit une insurrection, ont annoncé des responsables des services de sécurité locaux.
L'un d'eux a signalé que des étrangers figuraient parmi les personnes atteintes par ces tirs à Pahalgam, une destination prisée située à environ 90 kilomètres de l'importante ville de Srinagar. Aucune confirmation officielle n'a toutefois été apportée de cette information ni du bilan d'au moins 26 morts également fourni par plusieurs médias indiens.
L'attaque n'a pas été revendiquée mais une rébellion a éclaté en 1989 dans ce territoire en majorité peuplé de musulmans. Les insurgés réclament l'indépendance ou la fusion avec le Pakistan, qui contrôle une partie plus petite du Cachemire et qui, comme l'Inde, en revendique l'intégralité. New Delhi accuse régulièrement Islamabad de soutenir ces combattants, ce que réfutent les autorités pakistanaises.
"Comme une tempête"
Un guide touristique a expliqué qu'il s'était rendu sur les lieux après avoir entendu des coups de feu et avait transporté certains blessés à cheval. "J'ai vu quelques hommes allongés sur le sol, ils avaient l'air morts", a témoigné Waheed, qui n'a donné que son prénom.
Des médecins d'un hôpital à Anantnag ont reçu plusieurs blessés, dont au moins deux ont été touchés par des balles, l'un d'eux au cou. "Les combattants (...) sont sortis de la forêt près d'une petite prairie ouverte et ont commencé à tirer", a raconté un témoin sous couvert d'anonymat. "Ils épargnaient clairement les femmes et continuaient à tirer sur les hommes, parfois un seul coup et parfois plusieurs balles, c'était comme une tempête", a-t-il déclaré.
"Chasse à l'homme"
"Une opération pour les retrouver est en cours, et tous les efforts sont concentrés pour que les assaillants soient traduits en justice", a déclaré l'armée indienne dans un communiqué. Le Premier ministre nationaliste indien Narendra Modi, qui a écourté une visite d'Etat en Arabie Saoudite, a dénoncé cet "acte odieux" et promis que les assaillants "ser(aient) traduits en justice".
Des journalistes de l'AFP, à proximité du site de l'attaque, ont fait état d'un vaste déploiement des forces de sécurité. Des hélicoptères militaires survolaient cette région montagneuse et boisée.
Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays. Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé quelque 500.000 soldats.
L'armée indienne a affirmé mercredi que deux insurgés présumés avaient été tués lors d'une fusillade dans le district de Baramulla, situé à une centaine de kilomètres au nord-est de Pahalgam.
À Pahalgam, un guide touristique a expliqué à l'AFP qu'il s'était rendu sur les lieux après avoir entendu des coups de feu et avait transporté certains blessés à cheval. "J'ai vu quelques hommes allongés sur le sol, ils avaient l'air morts", a témoigné Waheed, qui n'a donné que son prénom.
Un témoin, ayant requis l'anonymat, a affirmé que les assaillants avaient "manifestement épargné les femmes".
Une femme ayant survécu à la fusillade a raconté comment des hommes en uniforme étaient sortis des forêts alors que des touristes profitaient de la nature, a rapporté le journal The Indian Express.
Des survivants ont expliqué les avoir pris pour des policiers. "Ils étaient là, pendant au moins 20 minutes, imperturbables, se déplaçant et ouvrant le feu", a rapporté le quotidien, citant cette témoin pour qui cela "a semblé (durer) une éternité".
Air India a annoncé deux vols supplémentaires depuis Srinagar mercredi pour rapatrier des touristes traumatisés.
"Risque de crise"
Cette attaque est survenue au lendemain d'une rencontre à New Delhi entre le vice-président américain JD Vance, en visite officielle de quatre jours sur le sol indien, et M. Modi. La Chine a présenté mercredi ses "sincères condoléances aux familles des victimes et des blessés" et "condamné fermement cette attaque".
Quelques heures auparavant, Donald Trump avait assuré l'Inde de son "plein soutien" dans une conversation téléphonique avec Narendra Modi.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dénoncé un "ignoble attentat terroriste".
Les combats ont diminué depuis que le gouvernement indien a révoqué l'autonomie limitée du Cachemire en 2019. Il œuvre désormais à faire de cette région montagneuse une destination touristique. Environ 3,5 millions de touristes ont visité le Cachemire en 2024, en majorité des Indiens, selon les chiffres officiels.
L'attaque la plus importante de ces dernières années remonte à février 2019. Des insurgés avaient lancé, à Pulwama, une voiture remplie d'explosifs sur un convoi de police, faisant 40 morts et au moins 35 blessés.
Selon l'analyste Michael Kugelman, spécialiste de l'Asie du Sud, cette fusillade représente "un très sérieux risque de nouvelle crise entre l'Inde et le Pakistan, probablement le plus important depuis le bref conflit militaire en 2019".
New Delhi accuse de longue date le Pakistan de soutenir en sous-main les infiltrations et la rébellion armée au Cachemire, ce qu'Islamabad a toujours démenti.


















