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"J'ai tiré ces leviers": un pilote d'avion revient sur un geste qui a failli coûter la vie à de nombreuses personnes

Joseph Emerson, ancien pilote d’Alaska Airlines, revient avec émotion sur le geste qui a failli coûter la vie à tout un équipage. Son témoignage, diffusé aux États-Unis, met en lumière l’importance de la santé mentale dans les milieux professionnels à haute responsabilité.

En octobre dernier, alors qu’il se trouvait dans le cockpit d’un vol d’Alaska Airlines, un pilote, Joseph Emerson a tenté de couper les moteurs de l’appareil en tirant sur deux poignées rouges, destinées normalement à l’arrêt d’urgence. Ce geste, qui aurait pu avoir des conséquences tragiques, s’explique selon lui par un état de détresse psychologique intense.

Dans un entretien accordé à la chaîne américaine ABC News, Joseph Emerson a accepté de revenir sur ce moment : "Il y avait deux poignées rouges devant mon visage... pensant que j’allais me réveiller, pensant que c’était mon moyen de sortir de cette réalité irréelle, j’ai tendu la main, je les ai attrapées et j’ai tiré les leviers."

Un week-end sous hallucinogènes et une spirale d’angoisse

Quelques jours avant ce vol, Joseph Emerson avait passé un week-end avec des proches pour honorer la mémoire d’un ami disparu. Lors de cette rencontre, il a consommé des champignons hallucinogènes. Selon ses propres mots, cette expérience l’a plongé dans un état d’anxiété extrême.

"J’avais le sentiment d’être piégé... Suis-je coincé dans cet avion et maintenant je ne rentrerai jamais chez moi ?", explique-t-il. Cette sensation de ne plus distinguer le réel de l’irréel l’a mené à croire que tirer sur les leviers le ferait "se réveiller".

Fort heureusement, les pilotes en service dans le cockpit ont immédiatement empêché Emerson d’aller jusqu’au bout de son idée. À l’atterrissage, il a été arrêté, placé en garde à vue et a ensuite passé plusieurs jours en prison, et a bien sûr été licencié par la compagnie aérienne.

Avant d’être menotté à sa demande par une hôtesse de l’air, il a pris le temps d’envoyer un dernier message à sa femme Sarah : "J’ai fait une grosse erreur." Surprise par cet aveu abrupt, Sarah Emerson lui a répondu sans comprendre l’ampleur de la situation : "Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu vas bien ?" La réponse de son mari a été brève, mais lourde de sens : "Non, je ne vais pas bien." C’est la dernière fois que Sarah a eu de ses nouvelles pendant plusieurs jours.

Depuis, il tente de reconstruire sa vie et s’investit dans une association dédiée à la santé mentale et consacre plus de temps à sa vie de couple. Malgré un possible procès à venir, Joseph Emerson garde l’espoir de revoler un jour. "Ce sont 30 secondes de ma vie que j’aimerais pouvoir changer, mais je ne peux pas."

Cette histoire bouleversante met en lumière les dangers d’un mal-être invisible, même chez des professionnels hautement qualifiés. Elle rappelle l’importance d’un accompagnement psychologique, notamment dans les métiers soumis à un stress intense.

 

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