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« En tant que citoyen démocrate, c’est évidemment assez dérangeant de voir un ancien Premier ministre belge s’afficher à quelques mètres de dirigeants comme Kim Jong-un ou Vladimir Poutine ou même Xi Jinping. Aucun des trois n’est un grand démocrate donc c’est un peu problématique », estime Thierry Kellner.
« On sait effectivement que M. Leterme est quelqu’un qui est assez proche de la Chine. Il est souvent interrogé par les médias d’État chinois où il répète un peu la narration chinoise. C’est quelqu’un dont on sait que les positions sont très proches. Il se veut une sorte de relais ou de pont entre la Belgique, et peut-être au-delà l’Europe, et la Chine. Mais je ne sais pas si ce choix est très judicieux », ajoute-t-il.
« La stratégie du Front uni mise en place par Lénine »
Ce qui est certain c’est que « la Chine utilise probablement très très bien ce type de relations », détaille le spécialiste. « Yves Leterme n’est pas le seul, on en trouve dans d’autres pays, on en trouve en France, on en trouve ailleurs. Ça fait partie d’une politique chinoise de cultiver d’anciens hommes politiques, des vedettes, des académiques, etc. C’est une stratégie, ça s’appelle la stratégie du Front uni, c’est très connu, c’est Lénine qu’il a mise en place parce que ça permet de brouiller les cartes, d’envoyer un certain nombre de messages, de jouer le divide et impera (diviser pour régner, NDLR) etc. Et ça, la Chine en joue vraiment très très bien. Et malheureusement, elle trouve très souvent des relais dans les élites occidentales pour jouer ce rôle pour différentes raisons. C’est quelque chose d’assez connu en fait. »
Seul Robert Fico, le Premier ministre slovaque, était présent côté européen. La Belgique avait reçu une invitation mais a préféré ne pas l’honorer au vu de la situation géopolitique actuelle, en particulier la guerre en Ukraine.
Là pour représenter le Club de Madrid

Yves Leterme avait travaillé il y a plusieurs années comme consultant pour l’entreprise de télécommunications chinoise Huawei. Depuis plusieurs années, Leterme est aussi coprésident d’un fonds d’investissement chinois, ToJoy. Il a par ailleurs informé l’ambassade belge de sa participation.
Il a justifié sa présence lors de ce défilé : « La solidarité de la Chine avec des États non occidentaux tels que la Corée du Nord et la Russie pose problème », reconnaît M. Leterme. « C’est précisément pour cette raison que l’Europe doit lutter contre la formation de blocs et maintenir ouverts tous les canaux de dialogue avec la Chine. C’est ce que nous faisons avec le Club de Madrid (une organisation regroupant plus d’une centaine d’anciens chefs d’État et de gouvernement, NDLR), dont une dizaine de membres étaient présents au défilé ».

















