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La fusillade à la station de métro Clémenceau d'Anderlecht semble être un règlement de compte dans le milieu de la drogue, comme il y en a eu beaucoup ces derniers mois. En 2024, on a enregistré une augmentation de 40 % d'attaques à main armée et les auteurs sont de plus en plus jeunes.
C'est le premier signe visible du phénomène, l'intensification des actes criminels. L'an dernier, les attaques armées à Bruxelles ont augmenté de plus de 40 %. Dix personnes y ont perdu la vie, 48 ont été blessées. Au total, 89 fusillades ont été signalées dans la capitale.

"Après, cette violence existait peut-être de manière cachée auparavant", réagit Michael Dantinne, professeur de criminologie à l'ULiège, "mais en tout état de cause, notamment sur le plan des nuisances, là, clairement, on a une litanie de faits dans lesquels on tue des gens, dans lesquels on essaie de tuer des gens, dans lesquels on intimide des gens."
Ces attaques sont souvent liées au trafic de drogue. D'ailleurs, un autre constat émerge - l'âge des auteurs diminue. "On sait que dans le trafic de drogue, on utilise de plus en plus de jeunes, désœuvrés, parfaitement interchangeables, qui se font de l'argent très facilement. Ces jeunes, ils sont inféodés aux chefs de gangs. Parfois, on utilise même des mineurs, parce que là, ils risquent moins de poursuites judiciaires, encore qu'à majeur", explique notre journaliste Dominique Demoulin, spécialiste des affaires judiciaires.
Selon Michael Dantinne, le rajeunissement des nouveaux tueurs à gage révèle une dernière tendance : la déprofessionnalisation de leur méthode. Les auteurs utilisent davantage des armes de guerre que de poing.
Il y a une espèce d'éthique qui existait avant, qui faisait qu'on réglait les problèmes autrement
Les conséquences pour la population pourraient devenir dramatiques. "On a des méthodes qui n'existaient pas auparavant. Ça peut choquer ce que je vais dire, mais il y a une espèce d'éthique qui existait avant, qui faisait qu'on réglait les problèmes autrement. Ici, il y a une violence qui apparaît assez débridée. Il y a peut-être moins de contrôle aussi des chefs sur les membres des réseaux. En revanche, pour les dommages collatéraux, les nuisances, l'insécurité et même une balle perdue, ça présente un plus grand danger pour la population qui n'a rien à voir avec ce trafic".
Si la violence s'intensifie, c'est aussi car de nouveaux acteurs sont arrivés à Bruxelles et tentent de conquérir un territoire manifestement très lucratif.


















