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Le soir tombe et la cafétéria commence doucement à se remplir. Parmi les visages familiers, celui de Muriel, qui est une habituée des lieux.
« On mange bien pour pas cher et c’est un lieu convivial », raconte-t-elle.
« Le thé, le café seront mis là et c’est entièrement gratuit », explique Gervaise, éducatrice. C’est elle qui accueille les nouveaux arrivés, qui leur explique le fonctionnement. « Il peut y avoir des jeunes, des personnes plus âgées, des personnes où ça fait quand même quelques années qu’ils sont ici. Ils sont à la rue, des personnes qui sortent de cure. »
Depuis le début de l’année, la porte de la cafétéria sociale a été ouverte près de 14 000 fois. Amon Nos Hôtes est l’un des seuls services d’accueil de jour encore accessible dans la ville. Mais dès le 1er janvier, l’ASBL, située sur les hauteurs de Liège, va perdre la moitié de ses subventions.
« C’est évidemment prendre le risque de ne plus pouvoir fonctionner, parce qu’on ne saurait plus assurer un cadre minimum d’encadrement qui est pourtant archi nécessaire, explique Frédéric Svendsen, directeur de l’ASBL. D’autant plus dans le cadre d’un accueil de soirée où on accueille des gens fragiles dans une période de fragilité extrême ».
Près de nonante bénévoles travaillent ici toute l’année. Particularité de l’ASBL : ces bénévoles sont aussi, pour beaucoup, des bénéficiaires. Des sans-logis, des personnes en situation de grande précarité, qui tentent de se réinsérer socialement en participant au fonctionnement du lieu.
« J’ai un handicap, ça me permet de sortir de mon appartement et de rencontrer d’autres personnes, confie Gauthier, bénévole. C’est aussi consacrer son temps à des personnes qui n’ont pas un toit. »
La chaleur familiale, ça fait du bien.
Sur place, les gens peuvent se reposer, manger le soir à petit prix, jouer à un jeu de société, parler, être écoutés.
« La chaleur familiale, ça fait du bien, confie un homme. On est des êtres humains, on a besoin d’un coup de pouce psychologique. On le trouve ici. »
Ces dernières années, la fréquentation a augmenté de 20 %.
Edith vient manger ici chaque soir depuis plus de 20 ans : « Cette année, ça va être le record des morts à la rue. Bien sûr qu’il ne faut surtout pas le fermer. Ils vont aller manger où tous les gens qui viennent ici ? »
Une fermeture redoutée, presque inévitable. Pourtant, la cafétéria joue un rôle essentiel à Liège. Sa disparition serait un coup dur pour l’action sociale de la région. Et dans une cité ardente déjà fragilisée, elle risque d’aggraver encore la précarité.

















