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"Les gens ne connaissent pas notre réalité": à Liège, les enseignants crient leurs ras-le-bol et veulent du changement

Les enseignants de la province de Liège manifestent ce jeudi en front commun dans les rues de la Cité ardente pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et, par conséquent, de l'apprentissage des élèves. Cette action a un impact sur le fonctionnement des écoles en province de Liège et ailleurs

L'action, organisée à l'initiative de la CGSP, de la CSC et du SLFP rassemble les enseignants du fondamental, du secondaire et du supérieur, tous réseaux confondus. Ils se sont réunit à 10h sur la Passerelle Saucy face au bâtiment de l'ancienne Grand'Poste (Place John Cockerill) avant de se diriger, en cortège, vers les bureaux des trois partis du gouvernement.

Isabelle, 35 ans, est professeure de français dans le secondaire. C'est la toute première fois qu'elle participe à une manifestation. "Quand on voit ce qui nous attend, c'est quand même assez effrayant. L'augmentation des classes, l'augmentation du nombre d'heures de cours alors que le salaire ne va pas suivre. Et donc moi, je me suis dit, en tant que jeune enseignante, si je n'y vais pas, après je n'aurai plus le droit de me plaindre. Et on a envie aussi que les gens sachent à quoi on est soumis en fait. (…) En fait les gens ne connaissent pas notre réalité", déplore-t-elle.  

Sandra est institutrice primaire, elle se mobilise aujourd'hui : "J'avais le temps de préparer mes leçons, j’avais le temps d’aider tous mes élèves en difficulté, ce qui n'est plus du tout le cas actuellement. Nous avons une charge administrative plus importante qu'avant. La taille des classes est très importante et dans ces cas-là, venir en aide aux enfants en difficulté, avoir une remédiation immédiate, c'est impossible", déplore t-elle.

"Tout membre du personnel qui est dans l'enseignement doit, et à mon avis ressent, ce mal-être général. Les gens n’ont plus envie de venir dans l'enseignement. On a une telle mauvaise image de l'enseignement que je pense que les gens n'ont plus envie, tout simplement", regrette Sandra

Isabelle Buchelot, permanente régionale CSC détaille les revendications: "Nous voulons une diminution de la taille des classes, une attention particulière à la charge administrative qui explose, l'évaluation des membres du personnel nous inquiète aussi toujours par rapport à la mise en place de son second volet notamment. Et puis, on veut un vrai refinancement de l'enseignement. L'enveloppe du supérieur reste très largement insuffisante. Certains membres du personnel ont encore des statuts assez précaires. Je pense aux puéricultrices et au personnel APE".

L'action entend dénoncer les "engagements non-tenus par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles durant ces cinq dernières années" de législature. "En mai 2022, nous avons fait le tour des partis politiques à Liège et ils s'étaient engagés sur plusieurs mesures dont la réduction de la taille des classes, une diminution de la charge administrative et un refinancement de l'enseignement", explique Luc Toussaint, de la CGSP Enseignement Liège. "Ils n'ont pas tenu leurs engagements et les mesures actuelles vont même dans le sens inverse."

Les syndicats soulignent qu'une dégradation des conditions de travail des enseignants entraîne invariablement une dégradation de l'apprentissage de leurs élèves.

"À quelques mois des élections, nous ne voulons pas que les partis nous oublient de leur programme", insiste Isabelle Buchelot, déléguée CSC.

Les manifestants liégeois devaient être rejoints par des délégations régionales de toute la Fédération. Les perturbations au sein des établissements scolaires se concentrent en province de Liège. "L'impact sera varié mais avec une bonne participation actuellement enregistré", nous informait ce matin Isabelle Buchelot.

Julien Nicaise, l'administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement précise, quant à lui, que "l'impact est minime dans certains établissements, dans d'autres, il y aura quelques heures de fourche ou d'études pour les élèves. Et quelques écoles fermées". Finalement, très peu d'écoles sont totalement fermées.

Selon la zone de police de Liège, 2000 manifestants participent à cette mobilisation.

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Commentaires

2 commentaires

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  • Pauvre enseignement! Qu'on laisse donc les profs enseigner et revenir aux fondamentaux!

    Jean-Luc Rolland
     Répondre
  • Le nerf de la guerre, c'est le fric. Discutez un peu plus avec les grévistes et vous verrez qu'en réalité, 90% de leur revendication, c'est de gagner plus en travaillant moins. Le bien-être des élèves et autre, c'est juste pour embellir (et pour quelques vrais passionnés). J'ai eu de très bon profs, et de très mauvais, qui réutilisaient exactement le même cours depuis 30 ans et se contentaient de le lire en classe...

    Thierry Frayer
     Répondre