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« On sait que ça ne fonctionne pas » : les agriculteurs scandent leur colère à Liège avant une manifestation d’envergure ce jeudi, à quoi s’attendre ?

Par RTL info avec Mathieu Langer
À quelques jours d’un sommet européen qui pourrait voir la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, des agriculteurs wallons manifestent leur opposition à Bierset, Liège. Une action locale avant une manifestation d’envergure prévue ce jeudi à Bruxelles.

Ce mercredi matin, quelques dizaines d’agriculteurs venus de toute la province de Liège se sont rassemblés à l’aéroport de Liège-Bierset pour dire non au traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Ils étaient accompagnés de membres d’associations citoyennes et de syndicats agricoles venus de plusieurs pays européens. Une grande bâche de huit mètres de haut a été déployée sur le site, symbole d’une colère partagée.

Un traité jugé destructeur

Ce traité de libre-échange, en discussion depuis plusieurs années, pourrait être ratifié prochainement par le Conseil européen. Il faut 15 États membres pour que l’accord passe au stade du vote au Parlement européen. Une fenêtre de temps que les opposants comptent utiliser pour se faire entendre.

« C’est une mobilisation qui a drainé pas mal de monde », explique Hugues Falys, porte-parole de la Fugea (Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs). « On l’a organisée avec Via Campesina, qui rassemble les syndicats paysans européens, des Français de la Confédération paysanne, des Allemands, le MIG qui représente les éleveurs laitiers wallons, et aussi le CNCD, qui représente la société civile et les consommateurs. »

Des règles différentes

Ce que les agriculteurs redoutent, c’est une concurrence déloyale avec des produits venus d’Amérique du Sud, qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs européens. « On va importer en Europe des produits fabriqués dans des conditions très différentes des nôtres : usage de pesticides interdits chez nous, recours aux hormones, conditions sociales non encadrées… », alerte Hugues Falys. « La Commission européenne nous parle de clauses miroirs pour filtrer les produits non conformes, mais on sait qu’en pratique, ces contrôles sont quasi impossibles. On ne va pas envoyer des inspecteurs européens dans les champs brésiliens. Ce qui entre déjà par le port d’Anvers n’est pas suffisamment contrôlé. On sait que ça ne fonctionne pas. »

Ce rassemblement à Liège n’était qu’un avant-goût d’une manifestation bien plus importante prévue ce jeudi à Bruxelles, où des milliers de manifestants et plusieurs centaines de tracteurs sont attendus. Des délégations étrangères, notamment venues de France, devraient rejoindre le cortège de ce jeudi.

D’importantes perturbations de la circulation aux abords et au sein de Bruxelles

En parallèle, en France, la colère monte également chez les agriculteurs, notamment dans le Sud-Ouest, où de nombreuses autoroutes étaient bloquées ce mercredi. Là-bas, c’est la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse chez les bovins qui cristallise les tensions, après l’abattage de 3.000 bêtes. La ministre de l’Agriculture a annoncé une extension de la zone de vaccination, sans calmer la grogne sur le terrain.

À quoi s’attendre ce jeudi ?

Plusieurs centaines de tracteurs convergeront vers Bruxelles. « À ce stade et selon nos estimations, la Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA) prévoit la mobilisation d’au moins 500 tracteurs. » Les autorités préviennent que cette action entraînera « d’importantes perturbations de la circulation aux abords et au sein de Bruxelles » et recommandent, dans la mesure du possible, d’éviter la capitale ou de privilégier les transports en commun.

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