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"Il a freiné comme un malade, j'ai traversé la vitre": Céline est victime d'un accident dans un bus TEC, le comportement du chauffeur pose question

Céline, 33 ans, rentrait chez elle en bus avec ses deux jeunes enfants lorsqu'un freinage brutal l'a projetée, avec une valise, à travers une vitre du véhicule. Sa fille de 4 ans et elle-même ont toutes deux subi une commotion cérébrale. Le comportement du chauffeur, qui aurait redémarré sans porter assistance aux passagers, indigne la Sprimontoise.

"Ça se passe devant la gare des Guillemins, je prenais le bus 65 vers 20 h pour rentrer chez moi. J’étais avec mes enfants. Ils ont 9 ans et 4 ans", relate Céline, encore marquée par l'événement. La Sprimontoise nous contacte via le bouton orange Alertez-nous pour signaler l'accident. Elle se tient près des portes de sortie au milieu du bus et décrit des comportements erratiques chez le conducteur : "Le chauffeur roulait très vite, vraiment très très vite, à un moment, il a dû freiner très très fort parce qu’un piéton, soi-disant, traversait."

La violence du freinage est telle que les occupants du bus sont propulsés en avant : "J’ai été projetée dans tous les sens, mes enfants aussi. Une valise a traversé la vitre en même temps que moi et on a pété la vitre", explique-t-elle avec effroi. La rapidité et la puissance du freinage est telle, que Céline explique avoir eu un minuscule black-out : "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé exactement, je me suis retrouvée de l'autre côté de la vitre", assure-t-elle. Sa fille, âgée de 4 ans à peine, heurte sa tête dans le choc.

Les personnes ont porté les blessés à l'arrêt du bus

"À ce moment, le chauffeur a voulu continuer, il était dans la lune ou avait bu, je ne sais pas", assure Céline. Selon elle, le conducteur n'a pas voulu s'arrêter immédiatement, mais face aux cris des passagers signalant des blessés, le chauffeur marque un bref arrêt place Général Leman. "Je m’arrête, mais je continue après", aurait-il prévenu, rapporte Céline, indignée. "Il nous a fait sortir comme de la merde. Il a ouvert les portes, les personnes ont porté les blessés à l’arrêt de bus du TEC. Il a dit moi, je continue sur ma ligne et il a continué à rouler. Il n’est même pas sorti de sa cabine."

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L'inaction du chauffeur perturbe particulièrement la Sprimontoise : "On a dû faire appel aux ambulances, ce que lui n’a pas fait. Dès qu’il a entendu le mot police, il s’est barré", affirme-t-elle. "Il a refait son trajet comme d’habitude et des personnes sont remontées. Il a roulé comme si de rien n’était." C'est finalement un autre chauffeur de bus, d'une autre ligne, qui est venu leur porter secours.

Il n'a pas su gérer ses émotions

Céline tente de comprendre la réaction du chauffeur auprès du TEC : "Comment ça se fait que le chauffeur pouvait encore rouler ? Et pourquoi avoir pris la fuite ?", demande-t-elle. La réponse du Transport en Commun l'a laissée perplexe : "Ils m’ont dit, pour le responsable, que c’est un accident, qu’il n’a pas su gérer ses émotions et qu’il a fui. Mais qu’ils ne peuvent pas l’écarter, il a passé ses examens, il a tout réussi, il a été engagé".

Le lendemain, Céline a eu la mauvaise surprise de recroiser le même chauffeur. "J’ai repris le bus, et c’est lui qui roulait, il freinait toutes les minutes, il prenait les ronds-points comme un malade. Le TEC ne fait rien", déplore-t-elle.

Des blessures physiques et psychologiques importantes

Les conséquences de cet incident sont lourdes pour Céline et ses enfants. "Je suis en incapacité de travail 2 semaines. Qui va payer mes factures ? Tous mes frais médicaux ? J’ai eu une grosse commotion et j’ai eu des problèmes au niveau du genou avec d’importantes blessures. J’ai eu des éclats de verre dans la figure. Mes yeux supportent mal la lumière. Et au niveau de la main, j’ai des crampes", détaille-t-elle. Ses enfants ont également été touchés. "Ma petite fille a eu une commotion aussi. Mon garçon a eu une hémorragie au niveau du nez."

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Le genou de Céline après son accident

Au-delà des blessures physiques, la famille se dit traumatisée par les événements : "Ma fille est en pleurs tous les jours, elle ne veut plus rentrer dans un bus, elle fait des cauchemars, moi aussi", confie Céline, visiblement affectée. Elle s'interroge sur la prise en charge des conséquences de cet incident : "Qui va payer pour les dommages ? Les ambulances, tout ce qui est mental ?"

Il a mal réagi face à la situation

Contactée par RTL info, Lara Youssef, porte-parole de la direction Liège-Verviers du TEC, explique que "nos chauffeurs reçoivent une formation sur les bons comportements à avoir dans ce genre de situation. Dans la formation pratique, on les met dans la situation, quel que soit l’événement qui arrive, les chauffeurs doivent appeler illico presto le dispatching". Elle précise que le conducteur doit donner des informations précises sur la situation et que le dispatching appelle directement les secours si nécessaire. "Le conducteur doit mettre son bus sur le côté et attendre que les secours arrivent", ajoute-t-elle.

De son côté, Philippe Detrixhe, adjoint à la direction opérationnelle de Keolis, la société sous-traitante pour le TEC qui emploie le chauffeur de la ligne 65, reconnaît un manquement. "C’est un jeune chauffeur qui a quelques mois d’expérience. Il a mal réagi face à la situation. Il aurait dû appeler notre numéro de garde interne pour suivre nos instructions. Il n’a certainement pas attendu l’arrivée des secours pour repartir lorsqu’il reçoit le go, ça a créé un émoi compréhensible." Il tient à souligner l'intervention, nécessaire, d'un autre chauffeur plus expérimenté. "Heureusement qu’un collègue avec plus d’expérience a vu la situation et est intervenu."

Dans une telle situation, les préconisations du dispatching indiquent que le chauffeur ne doit pas quitter les lieux tant que l'opération médicale, puisqu'il y avait des blessés, ne soit terminée.

Pour Philippe Detrixhe, le jeune chauffeur a été "pris de stress et il a mal réagi". Il assure que la société a "suivi le dossier" et a "vu la personne pour la sensibiliser et pour qu’il acquière le bon réflexe". L'adjoint à la direction opérationnelle de Keolis tient à souligner qu'il n'a pas "détecté de 'je m'en foutisme' de la part du jeune conducteur. Il ajoute que la consigne est claire : "On dit toujours, dans le doute, appelez le numéro d’urgence".

Selon le rapport interne de Keolis, citant le témoignage du chauffeur, il justifie le freinage d'urgence par la traversée soudaine d'une personne avec des valises, une version que Céline dément : "On n'a vu personne", assure-t-elle.

Service de médiation

Si Céline n'est pas satisfaite de l'issue de sa plainte, elle peut faire appel au médiateur du secteur. Marc Bertrand, Ombudsman du TEC, rappelle qu'il existe "un formulaire de réclamation au sein du TEC" et que l'entreprise prend normalement des mesures en interne, notamment pour d'éventuelles sanctions disciplinaires. Pour les demandes de réparation, il précise qu'il faut s'adresser au TEC qui transmet à Ethias, l'assureur. "S’il n’y a pas de suivi, on intervient. On intervient en deuxième ligne, la personne doit faire les démarches", explique-t-il.

Toutefois, dans la situation présente, Céline doit directement contacter la Compagnie des autobus liégeois, la filiale de Keolis qui exploite la ligne 65. Une confusion que reconnaît le porte-parole de Keolis : "C'est parfois compliqué, mais c'est pour ça que notre numéro est affiché derrière nos bus", se défend-il.

Concernant le comportement du chauffeur, l'Ombudsman indique que "généralement, il y a un traçage, on sait voir à quelle vitesse il roule dans quelle rue. S’il y avait un comportement totalement irrégulier, il se pourrait que le TEC prenne des mesures". Il invite Céline, si elle est insatisfaite de la réponse du TEC, à s'adresser à son service. "Si elle a contacté le TEC et qu’elle est insatisfaite, elle peut s’adresser à nous. On doit analyser, interroger le TEC, on envisagera."

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