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« Le moral est en chute libre » : les élèves de l’école de Perwez, fermée il y a un mois pour désamiantage, ont commencé leurs examens

Par Sara Salamone
Près d’un mois après la mise en place des cours en distanciel, les élèves de l’École Da Vinci de Perwez tirent la sonnette d’alarme. Manque de motivation, charge de travail trop lourde, certains élèves commencent leur session d’examens avec la boule au ventre.

Depuis le 21 mai dernier, l’école Da Vinci de Perwez a été contrainte de fermer ses portes. En effet, des travaux de désamiantage devaient commencer dans un bâtiment situé à quelques dizaines de centimètres des salles de classe. Par crainte du risque, la directrice, Maud André, a pris la décision de fermer les portes de l’établissement : « Le risque zéro n’existe pas. Je ne souhaiterais pas que dans dix ans, on m’appelle parce qu’une personne est atteinte d’un cancer ou qu’elle est décédée », nous avait-elle communiqué il y a un mois lors de notre reportage.

600 enfants ont donc été contraints de basculer vers des cours à distance. Cette situation s’est rapidement révélée compliquée pour plusieurs élèves. Sonia (nom d’emprunt) nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de son ressenti. Depuis un mois, l’élève de rhétorique suit les cours en distanciel : « On ne s’y attendait vraiment pas », confie-t-elle. Pour la jeune fille, comme pour plusieurs de ses camarades, les cours en distanciel sont devenus une véritable contrainte, surtout à ce moment de l’année : « On venait de rendre notre projet de fin d’année, la pression était un peu redescendue. On voulait profiter des derniers moments de rhéto tous ensemble », reconnaît Sonia.

Le manque de contact social a démotivé de nombreux élèves : « C’est une situation extrêmement difficile. On a un peu l’impression de revivre la même chose que pendant la pandémie de covid-19 », déclare-t-elle. En effet, depuis près d’un mois, les élèves sont livrés à eux-mêmes : « Les professeurs font tout pour nous aider mais sans l’aspect social c’est compliqué de trouver une motivation. Les examens arrivent et la matière s’accumule », raconte Sonia. Même constat du côté de chez Emma (nom d’emprunt) : « Beaucoup d’élèves craquent. Pas parce qu’ils sont paresseux mais parce qu’ils n’en peuvent plus », nous écrit la jeune fille.

L’absence des liens d’amitié manque énormément aux élèves : « J’ai vu mes amis deux fois depuis la mise en place des cours en distanciel. Avec l’approche des examens, mes parents ne veulent pas trop qu’on se voit », explique Sonia. L’étudiante a invité à quelques reprises ses copines pour suivre les cours à distance ensemble mais il est difficile de se focaliser : « Il faut être concentré en permanence. Entre copine, ce n’est pas facile. Donc ce n’est pas la meilleure technique », indique-t-elle.

Emma est déléguée pour la dernière année. Selon elle, cette situation concerne de nombreuses personnes : « On en parle souvent sur notre groupe et c’est la catastrophe. Au moins ¾ des élèves de sixième sont en alertes rouges », affirme-t-elle. La jeune fille déplore par ailleurs le manque de considération de la direction : « Jai envoyé un mail pour dire qu’on n’allait pas bien. On nous a dit de nous accrocher comme il ne restait qu’une semaine », déclare Emma. Pour l’élève de rhétorique, c’est un manque de considération : « On a eu l’impression qu’on ne nous écoutait pas et que rien n’était mis en place pour nous », se désole-t-elle.

Une charge de travail trop élevée

En plus du manque de contact social, ces deux élèves regrettent également la charge de travail qu’a impliqué le retour des cours en distanciel. Les horaires sont restés plus ou moins identiques mais la quantité de travail après les cours a augmenté considérablement : « On commence à 8h40 et on finit à 16h10. Comme avant, on a toujours notre pause de midi et des pauses d’une dizaine de minutes entre chaque cours mais souvent les professeurs dépassent sur ces pauses », précise Sonia. Les élèves ont conscience que les enseignants tentent également de s’adapter à cette situation mais il devient compliqué pour elles de suivre : « Les enseignants nous ont eux-mêmes dit qu’ils avaient du mal d’estimer la quantité juste de matière pour une heure », affirme Emma. La jeune fille, comme beaucoup de ses camarades, se sent dépassée.

On a accumulé du retard on se sent dépassée

Afin de s’assurer du bon suivi des cours à distances, plusieurs enseignants demandent aux élèves de transférer leur leçon sur une plateforme : « On devait souvent prendre 2 heures après notre journée pour terminer les cours. Après ce genre de journée, on n’a plus la force de commencer à réviser », explique Sonia. À cause de cette situation, l’étudiante a pris du retard sur son étude : « La charge de travail est plus importante mais on a l’impression d’être moins bien préparée. Et en plus de tout ça, on a le moral dans les chaussettes », se lamente la jeune fille. Emma a constaté la même chose : « Avec la charge de travail, on a accumulé du retard. Pendant notre semaine de révision, on était encore en train de terminer nos cours », témoigne l’adolescente.

Les deux jeunes filles sont inquiètes pour leur session d’examen : « Peut-être que du côté des plus petits tout se passe bien mais la rhéto est une année diplômante. Pour nous le stress est au maximum », soutiennent les deux jeunes.

Un début de session compliqué

La session d’examen des élèves du Collège da Vinci a débuté ce lundi. Pour cette session, les élèves ont été répartis entre le Perwez, une salle de fête et l’IFPME de Perwez. À nouveau, les élèves déplorent des conditions compliquées : « On est tous rassemblés dans une grande salle et reparti par huit sur des tables rondes », nous confie Sonia. Des conditions bien différentes de celles que connaissent habituellement les élèves : « Normalement, on est séparé par classe et on est maximum 2 par bancs », continue l’élève de rhétorique. Des conditions qui ne permettent pas une concentration optimale : « Il y a plein de bruit, les tables grincent, les chaises sont en cuir donc dès que quelqu’un bouge ça résonne », ajoute Emma.

La direction tient à rassurer

Nous avons contacté Maud André, la directrice de l’établissement. Elle reconnaît que les cours en distanciel ont demandé un temps d’adaptation mais elle se dit très étonnée de ces témoignages : « J’ai reçu les conclusions des enseignants et de beaucoup d’élèves ainsi que de leurs parents. La majorité est plus que satisfaite et nous remercie », assure-t-elle. Elle affirme que certains ont même préféré ce procédé.

En ce qui concerne les examens, la directrice n’a constaté aucun dysfonctionnement : « Je suis moi-même présente sur place et tout se passe en toute sérénité », nous écrit-elle. La directrice souhaite que la sérénité se poursuive : « Nous souhaitons maintenir le cap jusqu’au 25 juin pour l’ensemble de nos élèves, pour leur bien-être et pour le respect de tous », conclut-elle.

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