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"Même pour soigner ses enfants, cela devient cher": Christopher dénonce une hausse "brutale" du prix du sérum physiologique

À Rocourt, Christopher s'étonne de la hausse "brutale" du prix d'un sérum physiologique vendu en pharmacie. Le produit est passé en peu de temps à plus de 6 euros pour une bouteille d'un litre. Comment expliquer cette augmentation ? Selon des experts, elle résulte de divers facteurs à prendre en compte.

Christopher, un habitant de Rocourt (province de Liège), se dit très surpris de l'évolution du prix du sérum physiologique qu'il achète "régulièrement" dans une pharmacie. Début avril, sa compagne s'y est rendue pour y acheter ce produit, qu’ils utilisent "souvent" pour leurs enfants. À la caisse, surprise: la bouteille d’un litre est désormais facturée plus de 6 euros. "Elle était à 2,50€. Je trouve cette augmentation honteuse pour du sérum physiologique", estime-t-il. 

Le père de famille indique ne pas avoir vu venir une telle hausse: "La dernière fois, ma compagne a payé 41€ pour six bouteilles d'un litre chacune. Or, il y a quelques semaines, ces mêmes six bouteilles coûtaient seulement 15€", souligne-t-il. "Le coût de la vie augmente, mais il y a augmentation et augmentation. Surtout qu’en soi, ce n’est que du sérum physiologique."

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Ce qui crispe également Christopher, c’est l’absence d’explication claire. "Je n’ai jamais entendu que les prix des produits vendus en pharmacie allaient augmenter. Même pour soigner ses enfants, cela devient cher voire impossible. C’est fou. Et les familles qui auraient un peu plus de difficultés financières, comment feraient-elles pour soigner leurs enfants ? C’est ça que je ne comprends pas. Obtenir des réponses au sujet d'une telle augmentation, je trouve ça important."

Nous constatons un rattrapage des prix après une longue période sans indexation

Sabrina Suetens, porte-parole de la fédération beMedTech (qui représente les fabricants/distributeurs de dispositifs médicaux en Belgique), indique que le produit mentionné par Christopher, le sérum physiologique en bouteille d’un litre, est reconnu comme un dispositif médical non remboursé (à l’exception des patients atteints de mucoviscidose (MUCO), pour lesquels un remboursement est prévu pour certaines références dont le prix n'a pas changé).

"Nous constatons, de manière générale pour ce type de produits "disposables", un rattrapage des prix après une longue période sans indexation, explique Sabrina Suetens. Par exemple, ce sérum a, en effet, été vendu sans ajustement de prix pendant les vingt dernières années. Ce phénomène s’accompagne actuellement en raison de hausses importantes du coût des matières premières, des dernières indexations successives de salaires, ainsi que d’un alignement des prix sur ceux pratiqués dans les pays voisins".

"Dans l’éventualité où cela n’aurait pas encore été fait, nous allons rappeler à nos membres l’importance d’informer de manière claire et transparente les professionels de soins de santé afin qu’ils puissent clairement informer les patients au sujet de telles modifications", conclut-elle.

La société peut fixer librement son prix

Le SPF Economie, qui a par ailleurs analysé le produit acheté par Christophe et sa compagne, précise que, comme il ne s'agit pas d'un médicament (au sens de la Loi du 25 mars 1964 sur les médicaments), le sérum physiologique ne tombe pas sous la réglementation des prix. "La société (Baxter) peut donc fixer librement son prix, ici 6,96€ le litre. Je rappelle que les pharmacies peuvent vendre des produits qui ne sont pas seulement des médicaments (compléments alimentaires, entre autres)", indique le porte-parole Etienne Mignolet.

Etienne Mignolet ajoute que Christopher pourrait également acheter ce produit "moins cher via une pharmacie en ligne en tenant compte d’éventuelles remises, mais il y a souvent des frais de livraison. Ici (voir capture d'écran ci-dessous), par exemple, on voit que le prix de départ au litre est identique (6,96 €)."

Le SPF Economique indique également que "certains sérums physiologiques dont le principe actif principal est le chlorure de sodium sont bien des médicaments au sens de la Loi de 1964, mais sont administrés par voie intraveineuse par un professionnel de la santé. On n’observe pas d’augmentations de prix anormales pour ces médicaments. Pour Baxter par exemple, la dernière augmentation pour les sérums injectables date de mai 2022."

Les causes de ces augmentations résident principalement dans la hausse des matières premières qui servent à fabriquer les principes actifs des produits et des médicaments. "Nous conseillons donc à la personne de d’abord demander à son pharmacien s’il ne vend pas un produit similaire moins cher ou s’il n’en fabrique pas lui-même via une préparation magistrale", conclut Etienne Mignolet.

 

Une autre question a été posée par Christopher dans son témoignage: des parents ont-ils déclaré éprouver des difficultés pour payer les frais médicaux ou frais de soins de santé ? Damien Kremer, le porte-parole de La Ligue des familles, indique que lors d'une étude menée en 2022 sur les soins de santé, "on y avait constaté que les parents se sacrifiaient pour assurer les soins de santé de leurs enfants, et qu’au-delà du coût, le temps consacré au suivi de la santé de leurs enfants était également un élément déterminant pour les parents."

En 2024, la Ligue des familles a par ailleurs réalisé un "Baromètre des familles", consacré à la question des coûts des soins de santé (1001 adultes de 18 ans et plus, vivant au moins à temps partiel avec au moins un enfant ou bel-enfant de 0 à 25 ans, résidant en Wallonie ou à Bruxelles, ont répondu au questionnaire). Et voici les résultats mis en avant par l'association. 

  • 27 % des parents ont déjà rencontré des difficultés à payer une consultation médicale ou des médicaments pour un enfant  
  • 43 % des familles ayant des revenus inférieurs à 2200 € ont déjà eu des difficultés à payer une facture d’hospitalisation pour un enfant  
  • Dans toutes les catégories de revenus, les familles rencontrent des difficultés à payer une facture d’hôpital d’un enfant (encore 11 % des ménages gagnant 5000 € net ou plus par mois)  
  • La moitié des parents (48 %) rencontrent des difficultés financières pour payer des lunettes, un appareil dentaire, des semelles orthopédiques… 
  • 18 % des parents ont du mal à trouver une aide appropriée en cas de troubles liés à la santé mentale pour un enfant  
  • La moitié des parents (50 %) ne trouvent pas de rendez-vous médical pour un enfant dans un délai raisonnable

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