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« Personne ne devrait supplier pour avoir accès à des droits fondamentaux » : Lara tombe malade en Palestine, sa famille se mobilise pour la rapatrier

Par Sara Salamone
La famille de Lara nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Début juin, la jeune fille de 24 ans se rend en territoire palestinien avec sa maman pour rendre visite à son grand-père souffrant. Alors qu’elle ne présentait aucun signe, Lara tombe gravement malade. Elle doit être opérée en urgence. Sa famille demande son rapatriement mais les démarches tardent à se mettre en place.

Début juin, Lara et sa maman décident d’entreprendre un voyage en Cisjordanie, dans la ville de Naplouse, située en territoire palestinien. Mère et fille effectuent ce voyage dans le but de rendre visite au grand-père de Lara, souffrant : « Il est alité et vit probablement ces derniers moments. Lara est très proche de son grand-père. Pour elle c’était inconcevable de ne pas lui dire au revoir », nous explique Najat, la tante de Lara.

Les deux femmes prennent l’avion le 7 juin dernier. Elles arrivent le lendemain dans la ville de Naplouse. Dès son arrivée, Lara ne se sent pas bien : « Elle était fort fatiguée mais nous avons tous pensé que c’était lié au long voyage », admet Najat. Le lendemain, l’état de Lara ne s’améliore pas : « Ma sœur et ma nièce se sont rendues à l’hôpital. Les paramètres de Lara étaient corrects. Donc, ils n’ont pas fait d’examens supplémentaires », indique la tante de la jeune fille.

Les heures sont comptées, il faut l’opérer le plus vite possible

Mais l’état de Lara continue de se dégrader : « Elle a commencé à avoir des difficultés à respirer. Elles sont retournées à l’hôpital », raconte Najat. Les médecins constatent que la saturation en oxygène de la jeune fille n’atteint que 54 %, bien en dessous des 95 à 100 % recommandés. La jeune femme de 24 ans est en détresse respiratoire : « Les médecins ont détecté une infection pulmonaire mais malheureusement ce n’était pas le plus inquiétant », ajoute sa tante. En effet, les examens révèlent que Lara souffre d’un kyste au cœur, obstruant une de ses artères. La situation est critique. Lara est plongée artificiellement dans le coma et intubée : « Les heures sont comptées. Il faut l’opérer le plus vite possible », alerte Najat.

Une opération qui ne peut pas être pratiquée au sein de l’hôpital universitaire de An-Najah, dans lequel Lara était prise en charge : « Elle est jeune. C’est une opération délicate. Les médecins n’ont pas le matériel nécessaire pour l’opérer », regrette sa tante. Pour la famille, le rapatriement de la jeune fille est la seule solution possible : « On souhaite son transfert vers la Belgique ou au moins vers un hôpital de Jordanie dans lequel elle pourrait subir l’opération », soutient Najat. Ce transfert nécessite une ambulance médicalisée afin d’assurer la stabilité de la jeune femme tout au long du trajet.

Les démarches sont interminables. Mais la vie de Lara est en jeu

Rapidement, la famille se mobilise : « Les deux frères de Lara ont pris un vol pour rejoindre leur mère sur place et l’épauler dans les démarches », raconte Najat. Ils contactent plusieurs organismes : leur mutuelle, le SPF Affaires Étrangères ainsi que les consulats belges des pays voisins. Mais les procédures prennent du temps : « On doit envoyer énormément de mails. Chaque organisme renvoie la responsabilité à l’autre. Mais nous, on a plus le temps d’attendre. C’est la vie de Lara qui est en jeu », s’insurge-t-elle. Pour ses proches, la situation devient insupportable : « Personne ne prend ses responsabilités. Lara a la double nationalité. Elle est Belge. Ils doivent l’aider », lance la famille, à bout.

Après quelques jours, l’état de Lara commence légèrement à s’améliorer : « Ils ont pu la sortir du coma mais elle reste intubée et nécessite toujours une opération en urgence », confie sa tante. Du côté de la mutuelle familiale, l’intervention est malheureusement impossible. Mutas, l’assistance à l’étranger de la Mutualité Chrétienne, couvre habituellement les territoires palestiniens. Toutefois, lorsque le SPF Affaires Etrangères déconseille les voyages, la garantie d’assurance est suspendue : « Conformément aux conditions générales, le dossier n’a pas pu être accepté par Mutas », indique Manuel Pietrantonio, collaborateur presse à la Mutualité chrétienne. Le SPF Affaires Etrangères confirme : « Les voyages non essentiels vers la région sont déconseillés depuis plusieurs mois déjà. » Une situation qui indigne profondément la famille de Lara : « On ne choisit pas où se trouve sa famille. Lara n’avait pas le droit de dire au revoir à son grand-père ? », regrette Najat.

Les médecins de l’hôpital se mobilisent également : « Ils ont contacté un hôpital à Jérusalem dans lequel l’opération peut se faire », indique Najat. L’établissement est prêt à accueillir la jeune femme, mais il reste à obtenir l’autorisation des autorités israéliennes. La famille se mobilise et exerce des pressions à plusieurs niveaux : « On a décidé de contacter la presse et des influenceurs pour faire entendre notre voix et tenter de débloquer la situation », explique la famille.

Personne ne devrait supplier pour avoir accès à des droits fondamentaux

Grâce à la mobilisation de plusieurs médecins et à la pression exercée par la famille sur les autorités, Lara a enfin pu être transférée vers l’hôpital de Sheba, à Ramat Gan, en Israël : « Nous sommes rassurés, elle est entre de bonnes mains désormais », rassure Najat. Mais le frère de Lara ne décolère pas. Nasser peine à comprendre comment une telle situation peut se produire : « On nous dit que c’est un pays en guerre et qu’on ne peut rien faire mais quand on met la pression, tout bouge en deux jours », proteste-t-il. Pour lui, cette situation est inadmissible : « Il a fallu faire du bruit, contacter des ministres, des députés et créer une pression publique pendant 2 jours avant que les ambassades et les Affaires Etrangères ne réagissent », dénonce Nasser. Lara possède la double nationalité, belge et palestinienne : « Personne ne devrait supplier pour avoir accès à des droits fondamentaux », estime la famille.

Les précisions du SPF

Les rapatriements dépendent de plusieurs facteurs : « Selon le code consulaire belge, vous ne pouvez pas prétendre à une assistance consulaire si vous vous rendez dans une région pour laquelle le SPF Affaires Etrangères a émis un conseil de voyage négatif », admet David Jordens, porte-parole du SPF Affaires Etrangères. Néanmoins, si vous avez besoin d’assistance vous pouvez contacter le poste consulaire compétent ou le service Assistance aux Belges du SPF Affaires Etrangères : « Les possibilités d’assistance dépendront de facteurs comme la position des autorités locales et la situation sur le terrain », précise le porte-parole.

Hors contexte de crise, si vous avez besoin d’un rapatriement médical, vous devez vous tourner en priorité vers votre assurance. Pour un rapatriement non médical, il faut chercher une solution auprès de vos contacts, comme votre assurance votre famille ou votre employeur : « Le SPF Affaires étrangères peut le cas échéant aider à entrer en contact avec ces personnes », explique David Jordens.

Dans tous les cas, il est important de n’avoir qu’une seule personne de contact : « Les personnes se trouvant à l’étranger peuvent contacter le consulat belge compétent. Si un membre de la famille aide depuis la Belgique, il peut prendre contact avec le SPF Affaires Etrangères », indique le porte-parole.

Des nouvelles de Lara

L’état de Lara s’améliore : elle pourra sortir de l’hôpital ce jeudi précise sa famille. Elle n’est désormais plus intubée : « Les médecins doivent attendre que l’infection pulmonaire guérisse complètement avant de faire l’opération », précisait Najat. Après une IRM effectuée en début de semaine, les médecins ont constaté que le kyste avait rétréci ; une bonne nouvelle donc.

Même si les nouvelles sont encourageantes, la famille reste inquiète, surtout face à la situation qui évolue de façon incertaine : « Quand elle est partie, les bombardements entre l’Iran et Israël n’avaient pas encore commencé. Si elle avait su, jamais elle n’aurait pris ce risque », déclare la famille.

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