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Gilles (prénom d’emprunt pour conserver l’anonymat) s’est rendu à la clinique Ste-Anne St-Remi d’Anderlecht pour consulter un neurologue. L’examen se déroule sans encombre, mais c’est après celui-ci qu’une situation « surprenante » intervient. Il a décidé de nous la raconter via le bouton orange Alertez-nous. « Le médecin m’a demandé de payer en espèces », explique le patient. « Il n’y avait pas de possibilité de payer par carte, pas de terminal Bancontact. »
Problème : Gilles n’a pas de liquidités sur lui. « Le docteur m’a dit d’aller en chercher ‘dans le coin’ », raconte-t-il. « Mais je ne connais pas bien Bruxelles, donc ce n’était pas possible. Il a semblé assez irrité par la situation. »
Le médecin lui propose alors une alternative : « Il m’a demandé de lui faire un virement instantané de 70 euros directement sur son compte personnel », se souvient Gilles.
Une situation anormale et préoccupante
Cette manière de procéder le déroute. « Il n’a pas déclaré cette consultation auprès de ma mutuelle, ce qui signifie que je ne serai pas remboursé. Cet argent est-il déclaré ? Pourquoi n’y a-t-il pas de moyen de paiement électronique dans un hôpital en 2025 alors que les petits commerçants sont obligés de le proposer ? Je trouve cette situation anormale et préoccupante, tant pour la transparence du système de soins que pour la confiance des patients. »
La semaine suivante, il a un nouveau rendez-vous. « Le médecin m’a clairement fait comprendre que sans cash, ce n’était pas la peine de venir », soupire-t-il. « J’y suis donc retourné avec du liquide car le plus important c’était que je puisse faire les examens. »
Pas de terminal Bancontact en neurologie
L’hôpital CHIREC, dont dépend la clinique Ste-Anne St-Remi, confirme qu’aucun terminal Bancontact n’est disponible aux consultations de neurologie.
Le docteur Anne Fostier, médecin-chef de la clinique, précise les modalités de paiement. « Les médecins ont l’obligation d’offrir aux patients la possibilité de payer soit en cash, soit par voie électronique », indique-t-elle. « Ils peuvent choisir d’avoir un terminal personnel – un sabot Bancontact ou un système comme SumUp –, ou de proposer un QR code à scanner, un virement instantané ou tout autre moyen de paiement électronique validé et sécurisé. »
Elle confirme également que les médecins peuvent recevoir directement les honoraires sur leur compte personnel : « Ils peuvent opter pour une perception centrale, donc institutionnelle, ou directe, c’est-à-dire personnelle, de leurs honoraires de consultation. »
Quant aux craintes de Gilles sur une éventuelle non-déclaration, la médecin-chef est catégorique : « La direction du CHIREC impose à tous les médecins une transparence complète des honoraires. S’il s’avérait que certains entachent notre réputation par des agissements contraires à cette éthique, ils seraient passibles de sanctions, allant jusqu’au licenciement pour faute grave. »
Une option de paiement électronique obligatoire depuis 2022
Du côté du SPF Santé, on confirme qu’il est obligatoire, depuis juillet 2022, de proposer au patient un moyen de paiement électronique.
L’administration renvoie vers le site de l’Inami, où le paiement via application bancaire est explicitement autorisé.
« Chaque dispensateur est libre de choisir la technologie qui lui semble la plus appropriée, en fonction de sa réalité, des spécificités de sa patientèle et des évolutions technologiques. Toutes les solutions techniques disponibles sur le marché leur sont ouvertes : terminal de paiement par carte fixe ou mobile, application de paiement sur tablette, smartphone ou montre connectée, virement bancaire, etc. », précise l’Inami.
Par l’intermédiaire d’Etienne Mignolet, le SPF Economie indique que des contrôles sont effectués. « Oui, l’Inspection économique du SPF Economie est habilitée à contrôler le respect de cette obligation », dit le porte-parole. « Le consommateur qui se voit refuser la possibilité de payer électroniquement peut le signaler. »
Pour signaler une infraction, il suffit de se rendre sur ce lien.
Un changement dans les attestations de soin
Concernant la question du remboursement, le docteur Fostier apporte une précision : « Les attestations de soins sont obligatoirement électroniques en consultation, transmises directement à la mutuelle et non plus remises au patient, depuis septembre 2025. »
Une information confirmée par Vinciane Charlier, porte-parole du SPF Santé. « En effet, c’est une mesure de l’Inami », explique-t-elle.
Cette réforme « permet de réduire le risque d’erreurs de facturation, de simplifier le volet administratif et d’accélérer les paiements », peut-on lire sur le site de l’Inami.
Si Gilles n’a pas reçu de document pour sa mutuelle, c’est donc parce que les attestations de soins sont désormais envoyées automatiquement par le médecin.
En cas de souci, « il faut simplement demander au praticien de vérifier que l’attestation électronique n’a pas été bloquée », précise le Dr Anne Fostier. « Le médecin peut alors l’envoyer en duplicata. »
En résumé
Un médecin ne peut pas imposer un paiement en cash. Il doit proposer au patient un moyen électronique, même s’il s’agit d’un virement direct sur son compte.
Quant aux attestations de soins, elles sont désormais transmises électroniquement à la mutuelle depuis septembre 2025.
Pas d’inquiétude donc si vous ne repartez plus avec un papier après votre consultation.



















