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« Mon mari a un cancer du poumon et a dû faire un scanner cérébral parce qu’il ne se sentait pas bien. Quand j’ai appelé pour prendre rendez-vous, on m’a dit que les délais étaient longs sauf si je payais », raconte Geneviève.
Elle a donc accepté le supplément sans trop savoir à quel montant il s’élevait et a obtenu un rendez-vous deux jours plus tard : « Dans la situation dans laquelle nous sommes, on paierait n’importe quoi pour le soigner », avance-t-elle. Avant d’ajouter : « Mais je pense aux personnes qui ne peuvent pas se le permettre. »
Notre interlocutrice est « sciée » : « C’est vraiment se faire de l’argent sur le dos des patients. »
On a fait le test
77€. C’est la somme que le Chirec de Braine-l’Alleud (là où Geneviève a appelé) demande pour un scanner cérébral réalisé dans des délais plus courts. Nous avons fait le test.
Au téléphone, la personne nous a annoncé qu’il n’y avait pas de places disponibles avant un mois mais qu’il existait des plages horaires « payantes » qui permettaient de réduire le temps d’attente. Précisons que l’hôpital brabançon n’est pas le seul à proposer cette solution… qui est en fait tout à fait légale. Nous y reviendrons.
« Un supplément de 50 % pour les scanners, 60 % pour les IRM »
Pour mieux comprendre comment fonctionnent ces suppléments, nous nous sommes adressés à l’hôpital. « Les rendez-vous pour les scanners et IRM réalisés entre 8h et 18h les jours ouvrables ne font l’objet d’aucun supplément tout comme les IRM et scanners réalisés dans le cadre de la prise en charge par les urgences (24h/24) », explique Dr Bernard Bourdoux, chef de service de radiologie au Chirec – site Delta.
C’est uniquement en dehors de ces créneaux horaires que les suppléments sont appliqués, à hauteur de « 50 % de plus pour les scanners, 60 % pour les IRM. »
Notre interlocuteur précise par ailleurs que ces créneaux horaires ne sont pas « proposés de manière systématique à l’ensemble des patients » : « Leur proposition intervient principalement dans des contextes où les délais d’attentes sont particulièrement longs. C’est fréquent pour certains examens d’imagerie, comme l’IRM (…) Cette organisation répond également à une pression croissante de la part des patients et des professionnels de santé, qui sont souvent confrontés à l’urgence de certaines situations cliniques ou à des contraintes de prise en charge rapide. »
Pour le Dr Bourdoux, cette solution permet de mieux répondre à la demande croissante. « La grande majorité des patients acceptent de payer le supplément. On estime que 80 à 90 % d’entre eux y consentent », dit-il.
Une pratique légale
Selon un dossier réalisé par Testachats, depuis décembre 2023 et une mesure prise par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, « il est interdit de demander un supplément pour un examen d’imagerie médicale effectué pendant les heures de bureau en semaine ».
En revanche, un supplément peut être demandé si le patient demande un rendez-vous en soirée ou le week-end et qu’il ne s’agit pas d’une urgence. Dans ce cas, le patient doit :
– Être informé à l’avance du montant du supplément.
– Donner son accord explicite par écrit.
C’est légal donc, mais pas toujours bien reçu. Toujours selon Testachats, Geneviève ne serait pas la seule à critiquer cette façon de faire : « Dès l’annonce des mesures prises par le ministre de la Santé, des voix se sont élevées pour prévenir que les hôpitaux tenteraient de diriger les patients vers les créneaux hors des heures de bureau, pendant lesquels les suppléments peuvent être appliqués. »



















