Entre 30 et 40% des jeunes occidentales ne veulent pas avoir d'enfant. Un non-désir qui se voit d'ailleurs dans les chiffres belges de natalité qui baissent depuis les années 60. Mais pour quelle raison les femmes désirent-elles moins d'enfants aujourd'hui? Y a-t-il toujours une pression sociale dans notre société?
C'était l'un des débats de l'émission "C'est pas tous les jours dimanche" ce midi. Pour en parler, Bettina Zourli, militante et créatrice du hashtag "je ne veux pas d'enfant" et Anne-Sophie Crosetti, sociologue, étaient les invitées de Christophe Deborsu et Audrey Leunens.
Bettina Zourli, 32 ans a créé un compte Instagram "Je ne veux pas d'enfant". Elle milite pour que chaque femme ait le choix d'en avoir ou non. "Je ne suis pas opposition, ni pour qu'on ne fasse plus d'enfant, mais je suis pour le fait que tout le monde ait un espace de réflexion pour avoir un vrai libre arbitre et qu'on répartisse mieux les rôles et que ça ne soit pas une source potentielle de discrimination pour les femmes", explique-t-elle sur le plateau de l'émission.
Aujourd'hui, il y a encore cette idée de devoir d'enfant
Elle dénonce notamment une pression sociale, encore bien ancrée dans notre société. Et si ce sujet est encore tabou, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’exprimer grâce aux réseaux sociaux, comme Bettina via son compte dédié : "J'ai envie de partager cette parole sur les réseaux car il y a encore beaucoup de femmes qui ressentent cette pression et qui n'ont pas vraiment le choix d'avoir des enfants parce qu'elles sentent que c'est obligatoire. Qu'on ait des enfants ou non, on subit toutes la pression maternelle, à savoir la pression à faire des enfants dans un certain cadre".
Il y a quelques mois, Bettina a d'ailleurs pris une décision radicale et a décidé de se faire ligaturer les trompes. "C'est un désir personnel, je n'ai jamais eu le désir d'avoir un enfant, depuis que je suis petite. Et du coup je n'avais plus envie de supporter la charge contraceptive, j'avais envie d'être libérée de cette possibilité. Je me sens très épanouie depuis que j'ai fait cette opération", avoue-t-elle.
Avoir des enfants aujourd'hui, c'est une source d'exacerbation potentielle des inégalités
Mais pour quelles raisons les femmes veulent moins d'enfants? Pour Anne-Sophie Crosetti, il y a plusieurs explications : "Évidemment, il y a une raison féministe. Depuis qu'on a accès à la contraception depuis les années 70, on peut faire le choix et avoir l'intentionnalité ou pas d'avoir des enfants. Il y a aussi des raisons politiques et écologiques : on voit qu'on a des problèmes écologiques dans le monde et donc il faut penser à l'avenir de ces enfants", détaille la sociologue et chercheuse à l'ULB et au FNRS.
Et comme Bettina, il y a des femmes qui n'en ressentent pas le désir: "Et puis, il y a des femmes qui n'en veulent pas, donc elles n'ont pas à trouver une raison puisqu'elles n'en voulaient tout simplement pas. Aujourd'hui, on a les moyens pour que ces femmes-là vivent leur non maternité".
En France, 30% des femmes entre 18 et 49 ans ne désirent pas d'enfants
Pour Bettina, "il n'y a pas de bon ou de mauvais choix", puisqu'il s'agit d'une décision propre à chaque femme. "Ce qu'il faut, c'est continuer la diversification des voix pour que tout le monde ait accès à une vraie liberté de choix parce qu'aujourd'hui il y a encore cette idée de devoir d'enfant", dénonce-t-elle.
Elle ajoute: "Avoir des enfants aujourd'hui, c'est une source d'exacerbation potentielle des inégalités entre les hommes et les femmes dans un couple hétérosexuel. Il peut y avoir une une mise au placard dans l'entreprise aussi avec moins de possibilité de promotion pour la femme".
Selon une étude menée auprès de 2.000 personnes par la VUB en 2018, 13% des Belges âgés entre 25 et 35 ans ne veulent pas d'enfant. Chez nos voisins français, ce sont 30% des femmes entre 18 et 49 ans qui ne désirent pas d'enfant, selon une étude réalisée en 2022 par l'Ifop.
