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« La menace est sérieuse. Il faut en être conscient ! » Ce sont les mots du ministre belge de la Défense, Théo Francken. Bien avant sa nomination, il alertait déjà sur le tournant technologique que prennent les conflits modernes. « En Ukraine, pour l’instant, il y a 10.000 drones dans l’air. C’est le futur. Et en Belgique, on ne voit pas ça. On ne veut pas le voir. On est aveugle. »
Sur le terrain ukrainien, la guerre n’a plus le même visage, les drones sont responsables de 80 % des pertes humaines et matérielles du camp russe. Ce bouleversement force les armées occidentales à repenser d’urgence leurs stratégies. La Belgique, elle, vient d’approuver un plan de lutte anti-drones de 50 millions d’euros et prévoit 34 milliards pour moderniser son armée. Car la guerre de demain ne se fera plus seulement avec des chars et des fusils : elle sera électronique, autonome, pilotée à distance.
Et c’est en Ukraine qu’elle s’écrit déjà.
Une guerre sans visage
Quelque part dans la banlieue de Kiev, un expert ukrainien en guerre électronique lutte quotidiennement contre les incursions de drones russes. Ce spécialiste, devenu l’une des cibles prioritaires de Moscou, explique : « Si je remarque quelque chose d’anormal, je ferme le véhicule, je range et je déguerpis. Et quinze minutes après, l’artillerie frappe l’endroit où j’étais. Ça m’arrive très souvent. »
Son travail, stratégique, consiste à intercepter et brouiller les fréquences utilisées par l’ennemi. « C’est un travail non-stop, 24 h sur 24. Sans cela, il serait impossible de lutter contre les drones kamikazes russes. Si un pilote russe trouve une fréquence ouverte qui n’est pas brouillée, il va voler sans arrêt. C’est comme une fenêtre de tir ouverte dans notre direction. »
Ce combat invisible bouleverse l’équilibre militaire traditionnel. « Un char Leopard ou Abrams coûte des dizaines de millions d’euros. Il peut être détruit par deux ou trois drones kamikazes à 500 € pièce. L’Occident ne l’a pas encore compris. Il continue de miser sur des armes classiques, mais en Ukraine, tout se fait à distance. On voit rarement l’ennemi en face. »
Les drones ont sauvé l’Ukraine
Ministre ukrainien de la Transformation numérique, Mykhaïlo Fedorov est à l’origine de la stratégie technologique qui a permis à son pays de résister à l’invasion. Dans un entretien rare accordé à RTL, il détaille le rôle central des drones dans le conflit.
Pour le ministre, c’est grâce aux 2 milliards d’euros investis très tôt dans le développement de nouvelles technologies que son pays a évité le pire. « Je suis convaincu que les drones sont un élément déterminant dans cette guerre. Ils nous ont aidés à stopper l’ennemi. Plus de 80 % des cibles ont été détruites par des drones et j’ose à peine imaginer ce que serait l’Ukraine si elle n’avait pas autant de drones. Nous n’aurions jamais pu lutter contre un si grand nombre de personnes et de matériel côté russe. Ils ont des milliers de chars », avoue le ministre.
Une nouvelle doctrine militaire est en marche
Au-delà du front ukrainien, c’est l’avenir de la guerre qui se joue. « Je pense qu’en Ukraine, une doctrine des guerres futures est en train d’être écrite, et tous les pays vont devoir réviser leur approche. Les drones peuvent désormais perturber les systèmes de défense aérienne saturés et attaquer tous types d’équipements. Une ère nouvelle s’ouvre dans l’art de la guerre. »
En chiffres, la transformation est spectaculaire : 1,5 million de drones ont été produits en 2024, et 4,5 millions en 2025.
Des ateliers clandestins ukrainiens aux laboratoires ultra-confidentiels des géants de l’armement, les nouvelles stratégies militaires redéfinissent déjà l’art de la guerre. Drones, lasers, intelligence artificielle : ces technologies rebattent les cartes des conflits à venir.
Mais sommes-nous prêts pour cette ère où la guerre sera menée par des machines ?
Le documentaire « Drones, lasers, robots tueurs : prêts pour la guerre de demain ? » est à découvrir ce jeudi 11 décembre à 19h50 sur RTL tvi et en streaming sur RTL play.
