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"Chaque année est plus épouvantable que la précédente": stériliser son chat est obligatoire mais des refuges regrettent que la mesure ne soit pas toujours respectée

C’est une obligation tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Stériliser son chat est obligatoire pour tous les propriétaires. Et pourtant, cette mesure n’est pas respectée selon Joëlle qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Selon elle, la stérilisation ne fonctionne pas. Comment fait-on appliquer la loi ? Des sanctions existent-elles ? Explications.

"La loi obligeant la stérilisation des chats à Bruxelles ne fonctionne pas. De plus en plus de chats sont retrouvés dans les rues avec des chatons car les maîtres ne les stérilisent pas". Derrière ce cri de colère, Joëlle. Cette propriétaire de chat a l'habitude de rendre visite à un refuge animalier, notamment pour y apporter des provisions. Et à chaque fois qu'elle franchit les portes, le même sentiment la traverse. "Ça me fait mal au cœur. J'aimerais bien adopter tous ces chats mais ce n'est pas évident. J'ai déjà deux chats", confie-t-elle. 


Car dans ce refuge, les chats recueillis sont nombreux. Située à Bruxelles, cette asbl a un but: lutter contre la prolifération féline. "On se concentre sur la misère féline des quartiers les plus difficiles où ils ne font jamais long feu... Où ils finissent sous une voiture ou maltraités", explique Stéphanie Challe, directrice du refuge. 

Chaque année est plus épouvantable

En Wallonie, la stérilisation des chats est obligatoire depuis 2017. À Bruxelles, elle l'est depuis 2018. "À partir du 1er janvier 2018, tout propriétaire de chat doit cependant le faire stériliser avant qu’il n’atteigne l’âge de 6 mois. Si vous possédez déjà un chat né avant le 1er janvier 2018, il doit être stérilisé avant le 1er juillet 2018", précisent les autorités bruxelloises sur leur site internet. Le but de cette stérilisation rendue obligatoire : limiter le nombre de naissances non souhaitées, donc d’abandons.

Pourtant, malgré la mesure, le refuge bruxellois que nous avons visité ne désemplit pas. "Chaque année est plus épouvantable que la précédente. On est appelés partout parce que des gens n'ont pas suivi cette loi", précise la directrice. Aujourd'hui, le refuge est surpeuplé. Aucun chat supplémentaire ne peut être accueilli. "Tous les jours, on doit refuser entre 10 et 30 demandes de prise en charge", regrette Stéphanie Challe. Chaque fois qu'un nouvel arrivant fait son arrivée, le même constat se présente : l'animal n'est pas stérilisé. Les bénévoles du refuge se chargent donc du transport vers le vétérinaire. 

Jean-François Lardinois, vétérinaire, a l'habitude de stériliser ces chats errants. Chaque année, il effectue jusqu'à 300 stérilisations. "La prolifération des chats est préoccupante. D'une part, pour les chats eux-mêmes. Tous ces chats qui naissent et que l'on abandonne sont des animaux voués à des vies peu enviables et qui sont également responsables de nuisances. Ce sont des prédateurs donc quand ils n'ont rien à manger, ils ont un impact sur la faune sauvage. Il faut lutter contre ça. Je suis favorable à la stérilisation", souligne le vétérinaire. 

Pour ce spécialiste, la mesure d’obligation en vigueur ne fonctionne pas. "Les résultats sont assez médiocres. D'année en année, j'opère toujours autant de chats", indique-t-il. Ne pas stériliser son chat peut avoir des conséquences inattendues. Le risque : qu’une simple gestation devienne exponentielle. Potentiellement en 4 ans, elle pourrait entraîner la naissance de 20.000 chatons.

Selon lui, le prix figure parmi les critères qui freinent le respect de la mesure. Il faut compter en moyenne 150€ pour une femelle et 90€ pour un mâle. Le vétérinaire estime que faire respecter la stérilisation sera toujours compliquée malgré son obligation. "Il faudrait peut-être rendre la possession d'un animal plus difficile. Aujourd'hui, tout le monde peut avoir un chat. Mais tout le monde n'a pas les moyens de s'en occuper", lance-t-il. 

Comment contrôler ? 

Bernard Clerfayt, ministre bruxellois du bien-être animal, est bien conscient que cette réglementation n'est pas toujours respectée. "Parfois, les gens renâclent à faire cette démarche pour des raisons budgétaires et financières. D'autres invoquent également que leur chat reste dans l'appartement, ne sort jamais et ne risque pas de rencontrer d'autres chats et faire des bébés", indique le ministre. 

On estime qu'il y a environ 130.000 chats en région bruxelloise. Parmi eux, seuls une dizaine de milliers sont stérilisés. Des sanctions existent en cas de non-respect de la mesure. Si le dossier va au parquet, la peine peut aller de 8 jours à 2 ans de prison et/ou amende de 50 à 100.000 euros. De son côté, l'administration peut poursuivre et fixer une amende administrative allant de 50 à 62.500€.

Mais Bernard Clerfayt souligne que les contrôles sont compliqués. "Je ne sais pas demander à la police qui a d'autres tâches à faire, de rentrer dans les appartements et de contrôler les autres chats de tout le monde. Ça n'a pas de sens", précise Bernard Clerfayt. Pour l’instant, la seule arme pour combattre cette problématique : la sensibilisation.

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