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Quand on pense aux reines d’Égypte, les noms de Cléopâtre ou de Néfertiti surgissent immédiatement. Pourtant, une autre femme a un jour porté ce titre, bien loin des hiéroglyphes et des pyramides : Narriman Sadek. « Presque personne ne se souvient d’elle », constate Thomas de Bergeyck, spécialiste des monarchies. « Et pourtant, elle a été la dernière reine d’Égypte. »
Née au Caire dans une famille bourgeoise, Narriman n’avait que 17 ans lorsqu’elle est choisie pour devenir la seconde épouse du roi Farouk en 1951. « Elle n’était pas de sang royal, mais une fille de bonne famille. Timide, musicienne », raconte Thomas. Le conte de fées commence : mariage fastueux, robe de satin blanc, voile venu d’Italie, diadème scintillant… et entrée au palais royal d’Abedine. Narriman devient la « Cendrillon du Nil ».
Un rêve écourté
L’idylle ne dure que quelques mois. La jeune reine donne naissance à un fils, le prince Fouad, qui deviendra symboliquement le dernier roi d’Égypte. Mais la révolution des officiers libres éclate en 1952. Farouk abdique et la famille royale prend le chemin de l’exil, direction Capri.
« À 18 ans, Narriman embarque avec lui et devient, aux yeux de l’opinion publique, une véritable reine déchue », souligne Thomas de Bergeyck.
Loin du faste égyptien, Narriman mène une vie effacée sur l’île italienne. Tandis que Farouk sombre dans les excès : « Il s’égarait dans les casinos, sur les yachts qu’il achetait. Il mangeait beaucoup ». Elle, de son côté, se replie dans une discrétion presque fantomatique. « On la voyait marcher seule sur les falaises, sa silhouette fragile drapée dans des foulards de soie, le regard perdu sur cette mer turquoise. »
Les époux n’ont en réalité rien en commun. « Elle ne rêvait que de simplicité, sans apparat, sans couronne », explique encore le spécialiste. En 1954, elle divorce et retourne au Caire. À peine trois ans après son mariage royal, le conte est terminé. « C’est la fin du conte. Retour quelque part dans l’ombre. »
Une reine tombée dans l’oubli
De retour en Égypte, Narriman tente de mener une vie normale. Elle se remarie, s’efface des regards, mais l’image de la reine la poursuit. « Cette légende va continuer à la hanter », confie Thomas de Bergeyck. Elle s’éteint en 2005 à l’âge de 71 ans, des suites d’une hémorragie cérébrale. Elle venait de subir une opération pour retirer un caillot sanguin au cerveau.
« Une femme en fait prisonnière d’un destin beaucoup trop grand », résume-t-il. « On l’avait faite reine malgré elle, à 17 ans. À 18, elle n’était plus qu’une silhouette mélancolique. »
Deux décennies plus tard, son nom refait surface. Un hommage à « ce fantôme des monarchies », selon les mots de Thomas de Bergeyck. Narriman Sadek, reine sans royaume, dernière Cléopâtre d’Égypte, emportée par l’Histoire.
Retrouvez « L’histoire royale » de Thomas de Bergeyck chaque samedi sur bel RTL Weekend.















