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Il y a un an, Éric ouvre son bar à vins dans un quartier animé de Saint-Gilles, à Bruxelles. Enthousiaste à l’idée de contribuer à la vie locale, il ne s’attendait pas à ce qu’une voisine vienne bouleverser son quotidien professionnel.
« Elle a déjà réussi à faire fermer une terrasse arrière. Elle va peut-être réussir à faire fermer la table avant », explique Éric. En cause, une table installée devant le bar, qui gênerait la voisine pour accéder à l’immeuble. « Elle se bat avec la commune pour enlever cette table », poursuit-il.
Malgré plusieurs tentatives de dialogue, la situation reste bloquée. Éric raconte qu’il a invité sa voisine à discuter autour d’un café. « Elle a simplement dit qu’elle ne voulait pas de bar en dessous de chez elle et qu’elle allait faire tout son possible pour me faire partir. »
Les accusations ne s’arrêtent pas là : des vidéos montreraient la voisine en train de jeter de l’eau sur les clients. Elle n’hésiterait pas non plus à les interpeller pour les dissuader de fréquenter l’établissement : « Elle leur dit que je suis un méchant garçon et qu’il ne faut pas venir chez moi ».
Un impact économique lourd
La fermeture de la terrasse arrière a déjà des conséquences financières. « On a calculé, on perd plus ou moins 2.000 € par mois », indique Éric. Il ajoute : « Si la terrasse avant devait fermer, ce serait carrément la fin du bar, parce que je n’ai pratiquement pas de clients à l’intérieur. »
Interrogée, Bruxelles Environnement indique n’avoir reçu « aucune plainte pour ce bar en particulier ». L’organisme rappelle que des mesures de bruit peuvent être réalisées, mais nécessitent l’accord du plaignant. « Il y a des seuils de bruit définis en décibels, qui dépendent de l’activité du lieu et de l’heure. On distingue le niveau sonore en activité et au repos », explique Pascale Hourman, porte-parole.
Éric pourrait donc demander une mesure pour prouver que son établissement respecte les normes. Mais sans coopération de la voisine, rien ne peut être formellement constaté.
Que dit la loi ?
Dans le quartier, les autres bars ne rencontrent aucun problème de voisinage. Une autre habitante de l’immeuble affirme d’ailleurs ne pas être dérangée par le bruit et souligne le respect d’Éric.
Une situation qui a son importance, selon Maître Steve Griess, avocat : « Le trouble de voisinage, c’est un trouble excédant les inconvénients ordinaires. Et quand vous êtes à Saint-Gilles, dans une zone très urbaine, l’appréciation est plus souple qu’à la campagne. »
Et le comportement de la voisine, comme jeter de l’eau sur des clients, ne joue pas en sa faveur : « Même si on peut comprendre l’exaspération, se faire justice soi-même est inadmissible. Il existe des recours légaux. Et ce type de comportement peut aussi être considéré comme un préjudice pour l’exploitant », précise-t-il.
Du côté de la commune, le bourgmestre Jean Spinette confirme que l’autorisation de la terrasse a bien été délivrée conformément au règlement communal, qui impose notamment de laisser le passage aux piétons. « A priori, il n’y a aucune raison d’interdire la terrasse », indique-t-il, sauf si des troubles avérés à l’ordre public sont constatés.
Quel recours pour Éric ?
Sur le plan juridique, le statut de locataire d’Éric ne le désavantage pas. « Le fait que la voisine soit propriétaire ne lui donne aucun privilège à troubler le droit de jouissance d’Éric », explique Mamadou Baldé, juriste au syndicat des locataires. Si la terrasse mentionnée dans le bail ne peut plus être utilisée, une réduction de loyer pourrait même être envisagée. « Il peut aussi solliciter une médiation ou faire appel à la justice de paix. Mais la voie amiable reste toujours préférable », insiste le juriste.
Depuis le tournage du reportage, un contact a été établi entre Éric et le service de médiation de la commune. Éric espère toujours rétablir un dialogue et continuer à faire vivre son bar à vin.
«La guerre des voisins» est à retrouver en streaming sur RTL play et ce mercredi 17 décembre à 19h50 sur RTL tvi.


















