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Sami Bouajila ne s’y attendait pas. Lorsqu’il accepte le rôle de Samuel, un journaliste de faits divers dans « Rapaces », il pense d’abord à construire un personnage de terrain, énergique, presque désabusé. Mais ce qui va réellement le toucher, c’est le lien inattendu que son personnage noue avec sa propre fille, embarquée malgré elle dans l’enquête. Et c’est cette dynamique père-fille qui va devenir, pour l’acteur, la vraie porte d’entrée du film.
« Très vite, dès que je jouais avec Mallaury, j’ai senti qu’il se passait quelque chose », confie Sami Bouajila. « C’est ça qui m’a permis de relire le texte autrement, de comprendre mon personnage différemment. » Le duo fonctionne si bien que ce lien filial donne une épaisseur nouvelle au film, et à l’interprétation de l’acteur.
Un écho intime à sa propre histoire
Sami Bouajila ne le cache pas : cette relation fictive a fait écho à sa propre vie. « À force d’enchaîner les tournages, j’étais souvent absent à la maison. Et je crois qu’à un moment, j’ai réalisé qu’il fallait rattraper le retard », reconnaît-il avec sincérité. « Dieu sait si ma fille et mes enfants ont manqué de ça. »
Dans le film, son personnage n’est pas un père exemplaire. Il traîne ses manques et son silence, jusqu’à ce que sa fille s’impose dans son quotidien, d’abord par hasard, puis avec une nécessité évidente. Une présence qui oblige à changer, à renouer. « Elle a besoin de ce lien, de ce père. Et elle le tient bien. Son personnage est courageux, beau, bien écrit », ajoute l’acteur.
« Ce tournage m’a déstabilisé… mais il m’a aussi apaisé », explique-t-il. « Ce que j’ai vécu avec ma fille à travers ce rôle, ça m’a surpris. Et ça m’a rassuré. » Pour l’acteur, souvent qualifié de solitaire, ce film a été l’occasion d’un retour à l’essentiel. « Il faut aller à l’encontre des gens », admet-il. « Et parfois, même dans la fiction, on peut toucher une vérité qui vous rattrape. »
Dans Rapaces, réalisé par Peter Dourountzis, le polar se double donc d’un drame humain subtil. Si l’enquête journalistique mène le récit, c’est dans le silence, les non-dits, les gestes maladroits entre un père et sa fille que le film trouve sa plus grande justesse. Et pour Sami Bouajila, c’est précisément là que se trouvait sa vraie scène à jouer.

















