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Édito: si tu ne sais pas comment partir, demande à Jürgen Klopp

Alors comme ça, on s'en va et on l'annonce comme ça, sans prévenir, comme une anecdote pourrie lors d'un repas de famille un peu trop long ? Jürgen Klopp n'est plus l'entraîneur de Liverpool. Ou plutôt, ne le sera bientôt plus. C'est difficile à concevoir, tant mon cerveau lie étroitement ce coach emblématique aux Reds, qui avaient, avec lui, trouvé un parfait meneur d'hommes. En débarquant à Anfield après un passage réussi à Dortmund et les prémices d'un carton à Mayence, l'Allemand n'a jamais fait l'objet du moindre doute. Tout de suite, on y a décelé un Pokémon rare. Et c'est Liverpool qui a raflé la mise. Pas folle, la guêpe !

Ma génération a connu quelques magiciens, chacun dans son registre. Il en fait indubitablement partie. S'il devait être dans le top 5 des plus grands coachs de ces 20 dernières années, il ne refermerait sans doute pas la marche. Le blason de Liverpool collé au cœur pendant 9 ans, Klopp a fait de ce club à bout de souffle un soldat vaillant, capable de détrôner quiconque se dressait contre lui. Son accession au trône des Reds était plus que méritée et comme quand on a perdu Elisabeth II, on a l'impression de perdre une icône de l'Angleterre, avec ce départ. Toute proportion historique gardée, évidemment, on parle de football. 

Jürgen Klopp. C'est le bon pote de tout le monde, c'est le sourire Colgate qui te fait comprendre que tu es foutu avant même de commencer. C'est la passion, la vraie, celle que nous, devant nos écrans, nous ressentons quand nous gagnons un match à FIFA, sauf que lui la ressentait puissance 1.000 en soulevant la Ligue des Champions dans un club historique. Et en vrai. Chacun son destin, il ne l'a pas volé non plus, le sien. Klopp, c'est la passion déchaînée, l'art d'aller chez l'opticien un lendemain de match parce qu'il a perdu un verre quelque part sur le terrain. On n'a pas les mêmes week-ends, mais on a la même passion. C'est aussi l'art de déchaîner les passions, sans polémique, juste avec le talent et l'aura. C'est un tacticien hors pair, le seul à avoir fait de l'ombre au rouleau compresseur de Manchester City. Pep Guardiola, qui est un peu son meilleur ami pour la vie sur les prés verts, n'a jamais manqué de vanter ses mérites. Tu m'étonnes. Entre génies, on finit toujours par se comprendre.

Au-delà de cela, Klopp, c'est l'humanité qu'on aime. C'est l'anti foot business. Très accessible, notamment pour saluer les jeunes enfants qui rêvent dans les stades, il n'a jamais craqué, ne devenant jamais désagréable sous une pression qui a fini par le ronger. Il part au bon moment, en bons termes, laissant le club s'envoler comme un papa le fait un jour avec ses enfants. Il a tout fait, tout gagné, tout bâti.

Il n'a pas que des trophées. Jürgen Klopp repart d'Anfield en ayant redonné à un tel club des lettres de noblesse qui manquaient cruellement depuis si longtemps. Son héritage, c'est Liverpool. Le Liverpool actuel. 9 ans à façonner une équipe, un club, un public, sans parler en je, mais en nous. C'est l'histoire qui s'est écrite devant nous. C'est lui, l'auteur d'un tome à succès, qui décide quand un chapitre se termine. Du début à la fin, la classe, c'est lui qui l'a dessinée. Bravo, merci, bon vent. Un géant est disponible. Le vide laissé sera difficile à combler.

Légendaire, ce Jürgen Klopp. Légendaire. 

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