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Le secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) a dénoncé jeudi avec force le « flou » et le « silence » persistants de la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) sur l’implémentation du tronc commun dans le secondaire. Alors que ce nouveau tronc commun doit arriver dès l’an prochain en 1re année du secondaire, le gouvernement n’a toujours pas clarifié ses intentions quant à cette réforme phare prévue par le Pacte d’excellence.
Pire : les formations prévues cette année pour les enseignants et directeurs d’école afin de préparer cette transition viennent d’être reportées par la ministre, jetant ainsi le trouble sur ses intentions réelles, selon le SeGEC. « Il y a une véritable grogne des directeurs face à l’incertitude actuelle », analyse son secrétaire général, Alexandre Lodez. « Cette dynamique forte nous pousse aujourd’hui à sortir du silence ».
En 2017, l’ensemble des acteurs de l’école avaient décidé lors des travaux du Pacte pour un enseignement d’excellence d’allonger d’un an le tronc commun afin d’offrir un même continuum pédagogique polytechnique à tous les élèves jusqu’à l’âge de 15 ans.
Arrivé au pouvoir l’an dernier, la nouvelle majorité MR-Engagés a toutefois annoncé sa volonté de revoir ces plans pour faire de la 3e secondaire une « année de transition », avec davantage d’» activités orientantes », au grand dam d’une large majorité des acteurs. Depuis une « mise au vert » organisée en mai dernier par la ministre Glatigny avec le secteur, plus aucune information n’a été communiquée, peste le SeGEC, dont les écoles scolarisent la moitié environ des enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles.
A cause de cette incertitude, « on est en train de perdre l’enthousiasme des acteurs dans les écoles. Et pour nous, c’est inacceptable ! », fustige M. Lodez. « On veut faire notre job, mais on n’est pas dans les conditions pour pouvoir le faire… ». Pour mettre fin à ce brouillard, le SeGEC attend du gouvernement « une réponse d’ici demain » (le vendredi étant le jour traditionnel des réunions du gouvernement, ndlr) sur la mise en oeuvre du tronc commun dès l’an prochain en 1re secondaire telle que prévue dans le Pacte.
Concernant les contours de la 3e secondaire, et face à la paralysie apparente du MR et des Engagés à s’entendre sur le sujet, le SeGEC a formulé jeudi sa… propre proposition de réforme. L’idée sur la table serait de permettre aux écoles qui le souhaitent d’utiliser jusqu’à 8 heures du tronc commun (des périodes consacrées essentiellement à l’enseignement du latin et à la seconde langue moderne, ndlr) pour organiser des cours à options avec une finalité plus technique.
« Vingt-six des trente-deux heures hebdomadaires resteraient donc communes », fait valoir M. Lodez. « Cela offrirait une plus grande flexibilité aux écoles qui le souhaitent d’offrir plus d’arts ou de technique ». Selon le SeGEC, cette proposition a le mérite d’être compatible avec l’esprit du tronc commun tel que défini dans le Pacte, mais aussi de satisfaire les balises fixées par l’accord de majorité. Sa mise en oeuvre pourrait en outre se faire dans le respect du calendrier défini, ainsi que le cadre budgétaire (étriqué) de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Pour le SeGEC, il ne faut pas voir dans cette proposition un quelconque acte d’hostilité envers le gouvernement. « C’est une position de compromis. C’est une main tendue… », assure son secrétaire général.
La ministre réagit
Interrogée par Belga, la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) a réagi à la sortie du SeGEC par voie de communiqué, pour saluer l’initiative du secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) concernant la mise en oeuvre du tronc commun dans le secondaire. « (Je me) félicite de voir que le SeGEC a entendu l’appel lancé lors de la mise au vert des acteurs de l’enseignement pour mieux articuler le Pacte pour un enseignement d’excellence avec la feuille de route gouvernementale ».
La ministre précise à ce sujet que ce projet ne sera toutefois présenté au gouvernement que « dans les prochaines semaines » seulement. « Il intégrera certaines adaptations quant à des activités orientantes pour permettre aux élèves de découvrir des métiers via un stage dans une entreprise, par exemple ».
En ce qui concerne la proposition d’adaptation du tronc commun pour la 3e année du secondaire, « des travaux sont également menés avec le partenaire de majorité, dans le cadre de la feuille de route gouvernementale », précise la ministre. « Ma priorité, c’est la qualité de l’enseignement. Que les élèves soient dans la filière qualifiante ou dans la filière générale. Et qu’ils puissent construire leur projet personnel », conclut la libérale.


















