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L’enquête criminelle : père, entraîneur, ouvrier sans histoire… et violeur en série pendant 30 ans

Par RTL info avec Florent Vanden Bergh et Gaëtan Lillon
Comme tous les dimanches de l’été, retour sur les affaires criminelles qui ont marqué notre pays. Aujourd’hui, on s’intéresse à Dino Scala, surnommé le violeur de la Sambre. Pendant 30 ans, de 1988 à 2018, cet homme a agressé une cinquantaine de jeunes femmes notamment à Erquelinnes. Trois ans après son procès, il est visé par une nouvelle procédure judiciaire car d’anciennes victimes sont sorties du silence.

Dans le Hainaut, le long de la frontière française, la commune d’Erquelinnes. Une entité dont la quiétude a longtemps été perturbée par les actes d’un violeur en série. Dino Scala agressera une cinquantaine de femmes dans des localités belges et françaises de la vallée de la Sambre. « Tous les ans on avait un viol par an, sauf une année où on en a deux, mais on sait que c’est le même violeur, parce qu’il emploie à chaque fois les mêmes méthodes, il prononce les mêmes paroles », se souvient David Lavaux, bourgmestre d’Erquelinnes entre 1995 et 2024. Mais comment ce père de famille a-t-il pu échapper à la police pendant trois décennies ?

Il m’a dit de ne pas crier parce que sinon il me tuait
Aurélie, victime de Dino Scala âgée de 15 ans en 2007

Nous sommes le 18 janvier 2007, c’est un matin d’hiver comme un autre. Il fait froid, sombre. Aurélie, 15 ans, quitte son domicile vers 7 heures, mais alors qu’elle se dirige vers son arrêt de bus, une main l’attrape dans l’obscurité. « Un homme m’a attrapé à la gorge, m’a soulevé avec son bras et m’a traînée derrière une maison, dans un débarras en fait, toujours en me tenant décollée du sol pour pas que je puisse bouger », témoignait-elle alors. La jeune fille subit des attouchements avant d’être relâchée par son agresseur. « Il m’a expliqué le chemin que je devais prendre pour retourner prendre mon bus et il m’a juste dit quand je partais de ne pas crier parce que sinon il me tuait. »

Le violeur n’en est pas à son coup d’essai, c’est la sixième agression recensée dans la région. En 2004, il tente de violer une femme le long de la nationale 40. En 2006, il en agresse une autre à l’arrière d’un magasin de bricolage. Pour ne pas être reconnu, l’auteur surprend ses proies par-derrière dans la pénombre.

Un premier portrait robot et des première analyses ADN après 19 ans

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Sous hypnose, l’une de ses victimes parvient tout de même à établir un portrait-robot. Le 31 juillet 2007, Didier Blaire, inspecteur de police à Erquelinnes, détaillait : « Ce violeur, d’après les victimes, aurait un âge d’environ 35-40 ans, de corpulence normale mais avec un petit ventre d’après ce qu’elle décrive. Il présentait un accent français du nord et dans un des faits, un véhicule avec plaque française a été aperçu par un témoin. »

La même année, des analyses ADN révèlent que le violeur a commis d’autres faits à Maubeuge dès 1988. L’homme joue sur sa proximité avec la frontière pour ne pas se faire attraper. Son portrait est diffusé en Belgique mais pas en France car les méthodes d’enquête de nos voisins sont quelque peu différentes. « La France est très réticente par rapport au portrait-robot et de manière générale aux appels à la population parce qu’elle trouve qu’on est submergé par des informations qui nécessitent vérification et que ça leur prend du temps de travail », explique David Lavaux.

Encore 11 ans de viols avant un tentative près de la gare d’Erquelinnes

Aucun indice ne permet d’identifier le violeur de la Sambre jusqu’au 5 février 2018. Comme chaque matin, Daphné se rend à pied à la gare d’Erquelinnes. La jeune Française doit prendre son bus pour Binche où elle est scolarisée. C’est sur un sentier, le long des voies de chemin de fer, qu’elle rencontre son agresseur. Il la menace avec un couteau avant de l’agresser sexuellement. Elle s’échappe.

Cette fois, c’est terminé : la voiture de Dino Scala a été filmée par des caméras de surveillance. Le bourgmestre d’alors se souvient : « Voiture par voiture, on a dit : celui-là, c’est celui qui habite dans le quartier, celui-là, c’est celui qui a pris le train, etc. Jusqu’au moment où on arrive sur un véhicule où on se dit : qu’est-ce que celui-là fait là ? Et on reprend la plaque et on transmet aux autorités françaises. »

Vingt jours plus tard, Dino Scala est arrêté à son domicile.

Ses connaissances consternées

Dans le village de Pont-sur-Sambre, c’est la consternation. Son entourage décrit un père de famille exemplaire, serviable, un mari, un ouvrier courageux, un entraîneur de football sympathique. Parmi ses voisins, ses amis, jamais il n’avait éveillé le moindre soupçon. « Moi j’avais une entière confiance en cette personne, c’est ça qui fait qu’on ne sait pas à qui on a affaire », témoignait sa voisine Thérèse le 28 février.

Et pourtant derrière cet homme de confiance se cache un véritable prédateur sexuel. Un homme inculpé pour 17 viols, 12 tentatives de viols, 27 agressions ou tentatives d’agression. Des faits commis dans plusieurs localités belges et françaises de la vallée de la Sambre sur une période de 30 ans.

Un procès pour 56 faits en 2022

C’est en juin 2022 qu’a lieu son procès devant la cour d’assises de Douai. Enfin, les victimes peuvent exprimer leurs souffrances. Mélanie se souvient de ce jour fatidique de 1997 : « Il a passé sa main sous mes vêtements et m’a caressé la poitrine. Pendant ce temps-là, j’étais affolée, donc je lui ai parlé et il me disait « si tu cries, je te plante ». »

Dino Scala, lui, invoque un instinct de chasseur, de prédateur, un besoin de dominer ses victimes, des femmes parfois très jeunes qu’il évitera du regard pendant ses 10 jours de procès. Tout au plus présentera-t-il laconiquement ses « excuses aux victimes ».

« Pour l’instant, on a eu des aveux du bout des lèvres où il nous a dit c’est probablement moi, c’est certainement moi, ça ressemble à ce que je faisais, mais rien de très précis et de très crédible », déplorait durant ce procès Me Emmanuel Riglaire, l’avocat de deux parties civiles.

Finalement, Dino Scala finira par reconnaître 40 faits et en contestera 16. Reconnu coupable de 54 faits sur les 56 qui lui sont reprochés, il a été condamné à 20 ans de prison avec une période de sûreté des deux tiers.

Nouvelle inculpation en mai 2025 pour 13 autres faits

En mai dernier, il a été inculpé pour 13 faits supplémentaires de violences sexuelles. D’autres femmes ont eu le courage de sortir du silence. Certaines ont contacté Maître Richard qui rappelle l’importance d’un nouveau jugement pour les victimes.

« Ce sont des femmes qui, comme je le dis, ont dû enfouir ce qui leur est arrivé au fond d’elles, elles ont dû vivre avec sans que jamais il y ait une décision qui dise « voilà vous êtes victime et voilà le coupable ». Il faut que la justice passe, on ne peut pas dire qu’on viole impunément », estime Me Caty Richard, l’avocate des parties civiles.

Aujourd’hui âgé de 64 ans, Dino Scala pourrait donc à nouveau se retrouver devant la justice. Une procédure qui ne devrait pas alourdir sa peine, mais peut-être permettre à 13 femmes d’enfin tourner la page.

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