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Révélations dans l'affaire du meurtre de la jeune Malek: le casier judiciaire d'Olivier Theunissen incomplet, "Une erreur humaine a été commise"

L'adolescente qui avait été retrouvée morte vendredi à proximité d'un bois à Ougrée (Seraing, province de Liège), a été agressée sexuellement, a indiqué jeudi après-midi le parquet de Liège lors d'une conférence de presse.

La mort de Malek, 13 ans, était-elle évitable? Cette jeune Anderlechtoise a été attirée sur les réseaux sociaux par Olivier Theunissen. Le père de famille sérésien de 37 ans lui a promis de l’argent et une séance de shopping.

Cette affaire recèle de nombreuses zones d’ombres. Ainsi, la commission chargée de suivre Monsieur Theunissen n’avait pas connaissance de sa dernière condamnation. La justice a-t-elle fauté dans cette affaire?

Auparavant, l’homme avait mis le feu à l'appartement de son ex-compagne à Eupen. L'avocate de cette dame avait découvert un disfonctionnement majeur par rapport au suivi de Monsieur Theunissen et au transfert d'informations. "Au-delà de l'incendie, lorsque je me suis constituée partie civile entre les mains du juge d'instruction, j'ai signalé que ma cliente avait fait l'objet d'agressions sexuelles par Monsieur Theunissen. Cependant, ces faits n'étaient pas suffisamment établis. Il n'y avait que les déclarations de ma cliente et pas celles de Monsieur. Dès lors, dans le cadre de l'audience devant la Chambre du conseil qui a renvoyé le dossier devant le tribunal correctionnel pour statuer sur la question de l'incendie volontaire, cet élément-là n'a pas été retenu. Mais le parquet devait avoir connaissance qu'il y avait de tels reproches", souligne Stéphanie Moor, avocate de l’ex-compagne d’Olivier Theunissen, qui est intervenue dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche.

L'avocate poursuit: "Le rôle de l'avocat lorsque le dossier est plaidé est de vérifier s'il y aura un éventuel appel qui sera interjeté par une des parties. Dans le cas présent, il n'y avait pas eu d'appel. Et donc dans les conditions posées par le tribunal, il y avait comme condition de trouver un travail. Monsieur Theunissen avait été condamné à une peine pénal mais également à une obligation d'indemniser ma cliente. Dans un premier temps, il fallait attendre qu'il puisse se reconstituer une trésorerie. J'ai dès lors attendu, et c'est dans le courant du mois de novembre que j'ai interpellé la commission de probation pour savoir où on en était et s'il avait pu trouver un travail. A ma grande surprise, la commission m'a répondu qu'elle n'avait pas le dossier et qu'il était inconnu chez eux. Sur base de cette information, j'ai pris contact avec le parquet du procureur du roi pour en savoir plus".

Pourquoi l'information sur la dernière condamnation n'a-t-elle pas été transmise? Andrea Tilgenkamp, magistrate presse au parquet d'Eupen, a réagi face aux déclarations de l'avocate: 

"Le jugement a été prononcé le 14 février 2022, et à ce moment-là, ce jour-là, 19 jugements ont été prononcés. 13 jugements par défaut et 6 jugements contradictoires, dont le jugement à l'égard de Monsieur Theunissen. Pour les 13 jugements par défaut, les formalités ont été accomplies et ils ont été envoyés pour exécution. Malheureusement, les 6 autres jugements n'ont pas été mis à l'exécution. On a vérifié toutes les audiences des années 2020, 2021 et 2022. Seule cette audience du 14 février 2022 étaient concernée. Il s'agit d'une erreur humaine qui a été commise. On ne sait pas la réparer. Normalement le jugement aurait dû être envoyé à la commission de probation du domicile de Monsieur Theunissen et pas à la commission de probation d'Eupen. Cela n'a pas été fait."

Pour l'avocate de l’ex-compagne d’Olivier Theunissen, s'il y avait "une seule chance de sauver l'adolescente (Malek), il fallait la saisir", en permettant à la commission de probation de suivre l'individu. "Je ne dis pas que ça aurait été 100% efficace, mais on est peut-être passé à côté de la montre en or."

"Il est trop tôt pour dire qu'on a raté une chance", indique de son côté la magistrate presse au parquet d'Eupen.

Mort de Malek: le rappel des faits

Les faits remontent au 6 janvier. Un Sérésien de 37 ans avait été retrouvé pendu, en début de matinée, à Plainevaux, dans l'entité de Neupré, en province de Liège. Il s'agissait d'Olivier T. À proximité, les enquêteurs ont également découvert une fillette de deux ans, saine et sauve, mais en état de choc.  

Le même jour, vers midi, le corps sans vie d'une adolescente de 14 ans, originaire d'Anderlecht, est découvert le long d'un sentier à Ougrée, dans l'entité de Seraing.  

Les enquêteurs ont rapidement pu établir que les deux faits étaient liés.   Jeudi après-midi, le parquet de Liège a tenu une conférence de presse, donnant quelques précisions sur l'affaire.  

L'adolescente anderlechtoise a été contactée par le trentenaire le jeudi 5 janvier via les réseaux sociaux. Le Sérésien lui a proposé d'aller faire du shopping. La jeune fille a accepté la proposition et a emmené sa petite s½ur avec elle. Vers 18h00, elle a contacté sa mère, via un téléphone inconnu, lui expliquant qu'elle était partie faire des courses avec une amie.  

Mais elle ne donne ensuite plus de nouvelle. La mère de famille va faire une déposition le jour-même à 21h30 à la police. L'enquête permet rapidement de localiser le téléphone avec lequel la jeune fille a appelé. Il s'agit du numéro du suspect, localisé en région liégeoise.  

Après une nuit de recherche, la police retrouve Olivier T., la victime et sa soeur. L'autopsie du suspect a permis de confirmer l'hypothèse du suicide. Quant à la jeune fille, "il s'agit d'une mort violente par strangulation et un choc violent à la tête," a expliqué Catherine Collignon, premier substitut du Procureur du Roi de Liège, précisant que l'adolescente avait également été agressée sexuellement. Les décès remonteraient entre 18h00 et 23h00, le jeudi 5 janvier. Des analyses supplémentaires sont en cours.  

L'audition de la petite soeur n'a pas pu être menée, car elle est trop jeune pour s'exprimer. L'homme de 37 ans était déjà connu de la justice pour des faits de coups et blessures et d'extorsion. Des devoirs d'enquête sont toujours en cours pour déterminer la chronologie exacte des faits et la relation qu'entretenaient le suspect et la victime.       

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