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Six policiers de Charleroi inculpés en tout : cet informateur explique avoir été payé « en cocaïne, héroïne, PC, meubles… »

Par RTL info avec Benjamin Samyn et Xavier Preyat
Alors que trois policiers de la cellule stupéfiants de Charleroi avaient été arrêtés et inculpés pour détournement, faux en écriture et abus de confiance en mars dernier, le parquet de Charleroi confirme que tris autres agents ont également été inculpés dans cette affaire. Un informateur de cette cellule nous révèle certaines méthodes utilisées dont la question de la légalité est au cœur de cette affaire.

En mars 2024, la perquisition menée par les unités spéciales à Lodelinsart a tourné au drame. L’occupant des lieux et suspect, Ricardo Gomez, a ouvert le feu sur les policiers. L’un d’entre eux est décédé et un autre est gravement blessé. Dans la foulée, trois agents de l’ORA, la cellule stupéfiant de la police locale de Charleroi, étaient arrêtés pour d’autres faits. Mais au moins l’un d’entre eux, Gaëtan W., avait des liens avec le tireur.

Des objets saisis détournés à leur profit ?

Trois autres policiers du service stupéfiants de la police de Charleroi ont été inculpés en juillet dernier pour détournement par fonctionnaire, à la suite d’auditions, a indiqué lundi en fin de matinée le parquet de Charleroi, confirmant l’information que nous vous révélions hier dans le 19h.

Cela veut dire qu’un policier, « dans le cadre de sa fonction », aurait utilisé celle-ci « pour détourner des objets qui sont par exemple saisis », détaille Me Michaël Donatangelo, l’avocat d’un des policiers. « Ça peut être de l’argent, ça peut être des stupéfiants. En l’espèce, la juge d’instruction ici cherche à vérifier, dans le cadre de la manifestation de la vérité, si des fonctionnaires de police ont ou pas utilisé cette fonction pour détourner des objets à leur profit, à des fins privées. »

« Il me donnait en cocaïne, héroïne, PC, meubles… »

Marvin, toxicomane, a été indicateur durant des années pour plusieurs agents de la cellule. Il nous éclaire sur les méthodes utilisées : « On se donnait rendez-vous. Je lui donnais des informations sur des individus qui vendaient des stupéfiants. Le dealer venait, faisait la transaction. Une fois qu’il l’a chopé, il prenait ce qu’il avait sur lui. Il l’arrêtait et puis il m’appelait et il me donnait en cocaïne, héroïne, beuh, drogue, téléphone, un petit peu de tout, PC, meubles… J’ai eu beaucoup de trucs. »

Jusqu’à la revente de la drogue saisie à leur profit

Selon lui, ces informations étaient donc récompensées illégalement avec des biens issus de saisies ou de perquisitions. Parfois, cela allait même encore plus loin avec certains policiers. « Ils prenaient la marchandise des dealers pour donner à certains consommateurs qui vendaient pour lui et à des dealers pour qu’ils vendent pour lui, comme ils ont fait avec moi. » Lui aussi a reçu de la marchandise à vendre : « Je ne peux pas vous dire la quantité, mais assez bien. Je l’ai fait un petit moment. »

« La question se pose de savoir si ces méthodes étaient légales ou pas »

Argent, drogue ou encore armes, durant des années, les résultats apportés par la cellule stupéfiant de Charleroi étaient salués par les autorités policières et judiciaires. Leurs méthodes sont désormais décortiquées. « Il y avait une bonne collaboration qui a été mise en place avec l’office de M. le procureur du Roi et ce service spécialisé. Aujourd’hui, la situation a quelque peu changé parce qu’on a remis en question certaines méthodes employées par ce service spécialisé. La question qui se pose est de savoir si finalement ces méthodes étaient légales ou pas », résume Mevlut Turk, avocat pénaliste au barreau de Charleroi.

L’enquête, tentaculaire, est menée par le juge d’instruction en collaboration avec le comité P.

Le parquet de Charleroi a également précisé que les trois agents inculpés depuis plus d’un an dans le même dossier se trouvent sous mesures alternatives.

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