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« Si l’on ne progresse pas sur la question de la reconnaissance de l’État de Palestine d’ici l’assemblée générale (AG) de l’ONU en septembre, il n’y aura bientôt plus rien à reconnaître », a averti le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, au cours de la réunion de la commission des Affaires étrangères consacrée, ce jeudi après-midi, à la situation à Gaza.
« Vous avez bien fait de convoquer cette réunion car la situation en Palestine ne connaît pas de répit. Je suis présent ici non pas par contrainte mais par conviction qu’on ne peut rester six semaines supplémentaires sans prendre position et sans rendre des comptes à la population », a-t-il d’emblée affirmé aux parlementaires.
« Il n’y a guère eu de réunion du gouvernement pour délivrer un mandat spécifique par rapport à cette commission mais, quand j’ai prêté serment en tant que ministre, j’ai de facto reçu le mandat de porter la cohérence de notre politique internationale. C’est ici la crédibilité de la politique étrangère de la Belgique qui est en jeu, au-delà bien sûr de la priorité absolue qui est celle de sauver des vies », a ajouté Maxime Prévot, en rappelant que le respect du droit international doit rester la boussole de la position belge.
« Respecter ce droit, c’est une réponse pratique à des problèmes concrets. Notre gouvernement aura encore rendez-vous avec lui-même pour approfondir les questions des sanctions envers Israël et de la reconnaissance d’un État palestinien. Ce sont des rendez-vous avec l’Histoire, avec nos obligations morales mais aussi avec nos obligations légales – et j’espère que le droit inspire encore la droite », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères.
Sur la question de la reconnaissance de la Palestine, « j’ai l’intime conviction qu’il nous faudra progresser sur cette question à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU en septembre. L’enjeu est de l’assortir d’exigences susceptibles de faire évoluer la situation sur le terrain. Comptez sur moi pour faire bouger les lignes », a encore souligné Maxime Prévot.
« La reconnaissance, c’est poser un acte politique de justice. Ce n’est pas punir Israël, ce n’est pas récompenser le Hamas, c’est rétablir un minimum d’équilibre sans lequel aucune paix n’est possible », a-t-il plaidé. Et d’insister, en mouchant les précédents gouvernements : « ne pas reconnaître la Palestine, c’est ce qu’on fait depuis 75 ans et ça n’a pas marché. Ayons la vigueur de plaider pour cette reconnaissance aujourd’hui avec la modestie de ceux qui ne l’ont pas obtenue hier ».
« Prétendre que le gouvernement est silencieux, qu’il ne dit rien, qu’il ne fait rien, relève de la désinformation. Le résultat est cependant insuffisant puisque la situation sur le terrain est insupportable. On doit en faire plus. C’est notre obligation morale mais aussi, à l’attention de ceux à qui ça ne parlerait pas de la même manière, notre obligation légale », a conclu le ministre.
Il a par ailleurs annoncé une rencontre prochaine avec les représentants de la communauté juive.
Ses longues explications n’ont toutefois pas convaincu dans les rangs de l’opposition, le PS regrettant notamment un ton « professoral » alors que ce sont des actes qui sont attendus. « On n’avait pas besoin que vous étaliez votre impuissance à convaincre le MR. On a besoin d’actes et de positions forts », a renchéri, pour Ecolo, Rajae Maouane. « On ne va pas se contenter de cette réunion ; ont veut que le Premier ministre revienne de ses vacances parce que le génocide n’attend pas ; on veut avancer » a-t-elle prévenu.
« Je suis dégoûtée et honteuse. Israël tire sur des enfants, assassine des journalistes, bombarde des écoles et des hôpitaux, et notre gouvernement ne fait rien. Pas de déclaration, pas de sanction, pas de compassion », a pour sa part résumé Tinne Van der Straeten (Groen).
Dans la majorité, Benoît Lutgen (Les Engagés) a, au contraire, estimé que les échanges de ce jeudi « ont permis de clarifier les positions des uns et des autres ».
« Inspirés par la loyauté due entre les partenaires de la majorité, nous devons vous dire que nous vous soutenons et nous entendons votre mobilisation », a de son côté assuré Denis Ducarme (MR). « Au Parlement, on ne sait pas si vous parlez en votre nom ou au nom du gouvernement et c’est perturbant », a-t-il néanmoins signalé.


















