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« Prévenir un conflit en étant forts revient beaucoup moins cher que de faire la guerre par après », a souligné jeudi le chef de la Défense belge, Frederik Vansina, à la veille d’une réunion du gouvernement fédéral au cours de laquelle la Vision stratégique de la Défense pour la période 2026-34 devrait être approuvée.
Fin juin, lors du sommet de l’Otan à La Haye, les 32 États membres de l’Alliance se sont engagés à consacrer 3,5 % de leur PIB en dépenses de défense pures et 1,5 % pour leurs infrastructures critiques, notamment, d’ici à 2035.
En marge du sommet, la Belgique avait présenté sa Vision stratégique, reposant pour l’instant sur 2 % du PIB dédiés à la défense pure jusqu’en 2033 et 2,5 % en 2034. Une évaluation intermédiaire sera réalisée en 2029, afin de déterminer comment avancer vers l’objectif de l’Otan de 3,5 %.
Le patron de la Défense, qui s’exprimait à l’occasion du bilan de sa première année de mandat, s’est montré satisfait du plan présenté par la coalition gouvernementale. « On revient de 35 années de désinvestissement dans la défense, donc il y a beaucoup à faire. Il s’agit d’un bon programme », a souligné le général aviateur. « Cette norme de l’Otan de 3,5 % ne tombe pas du ciel, c’est plus ou moins ce que les pays européens dépensaient pour leur défense avant la chute du mur de Berlin. Même en Belgique, on était à plus de 3 % du PIB pour la défense », a-t-il ajouté, justifiant par là le montant de 34,2 milliards d’euros qui devrait en principe être investi dans la Défense jusqu’en 2034.
Cette vision stratégique comporte notamment l’achat de nouveaux avions de combat F-35, essentiels pour établir la supériorité aérienne nécessaire à la victoire d’une guerre, selon le général Vansina. « C’est une leçon que l’on peut tirer du conflit en Ukraine. On voit que ni les Ukrainiens, ni les Russes ne sont maîtres du ciel. Et ce qu’il se passe dans ce cas-là, c’est que l’on se retrouve dans les tranchées. »
L’acquisition de ces avions furtifs de conception américaine a toutefois fait l’objet de controverses au cours des derniers mois, en raison de l’instabilité des positionnements de Washington. Pour le chef de la Défense, ces critiques sont cependant infondées « Le F-35 est le meilleur avion de combat au monde. Il n’y a pas de boutons noirs qui permettent aux Américains de le désactiver, c’est vraiment un mythe », a-t-il souligné. « Treize pays européens ont acheté des F-35, et je ne pense pas qu’ils se sont tous trompés. Si on a tous sélectionné cet appareil, c’est qu’il n’existait pas de modèle européen doté des mêmes capacités, de la même interopérabilité et au même prix. »
Des investissements d’autant plus importants que l’instabilité entourant l’Europe n’a fait que croître au cours des derniers mois. « L’ordre mondial basé sur les règles s’effrite de plus en plus et se dirige vers une situation dans laquelle c’est la loi du plus fort qu’il l’emporte. C’est quelque chose qui nous inquiète, parce qu’où cela va-t-il s’arrêter ? », s’est interrogé le général aviateur, en référence à la situation sur le front ukrainien, mais aussi aux récentes attaques en Iran, aux tensions entre l’Inde et le Pakistan, ou encore à la montée en puissance de la Chine. « Il faut se rendre compte que si la Russie attaquait, par exemple, un État balte, la Belgique entrerait en guerre, en vertu de l’article 5 de l’Alliance atlantique [qui stipule qu’une attaque contre un pays membre de l’Otan est une attaque contre tous, NDLR] ».
La position américaine affichée à La Haye selon laquelle Washington s’engage à respecter cette clause représente ainsi une autre victoire du sommet de l’Otan, selon le patron de l’armée. « Il s’agit d’une très mauvaise nouvelle pour Moscou, qui essaie par tous les moyens de fissurer ce lien transatlantique. Ils savent que l’Europe n’est pour le moment pas capable de se défendre toute seule sans les États-Unis. Qu’on le veuille ou non, c’est la réalité. Un désinvestissement de 35 ans en Europe dans le domaine de la défense a résulté dans des armées complètement rongées qu’il faut maintenant reconstruire. »
Le chef de la Défense a cependant pointé une lueur d’optimisme quant aux perspectives pour la défense européenne. « Je crois qu’il y a cette conscience auprès de la population, non seulement en Belgique, mais dans toute l’Europe, ainsi qu’au niveau politique, que l’Europe doit prendre son sort en mains. On a quand même 500 millions d’habitants, une belle industrie, des moyens, des cerveaux […]. Dans 10 ans, je pense que l’on sera autonomes en tant qu’Européens. »



















