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Qu’a fait le gouvernement pour le pouvoir d’achat ? « 200 euros de plus par mois » pour certains… mais « 1500 de moins » par an pour d’autres

Par RTL info
Paul Magnette, le président du PS, et Yvan Verougstraete, le président des Engagés, se sont livrés à un duel entre majorité et opposition sur le bilan du gouvernement Arizona depuis sa prise de fonction sur un thème précis : le pouvoir d’achat. Les Engagés défendent une augmentation pour les plus bas revenus là où le PS dénonce une diminution pour les pensionnés et les handicapés.

Martin Buxant : Votre gouvernement dit protéger le pouvoir d’achat mais les factures explosent, beaucoup de familles galèrent. Qu’est-ce que vous avez fait pendant huit mois ?

Yvan Verougstraete, président des Engagés : Pendant huit mois on a pris des décisions, des décisions importantes parce que la réalité, si on regarde les chiffres, c’est qu’on ne pourra défendre le pouvoir d’achat que si on a plus de personnes au travail. La réalité c’est qu’aujourd’hui les finances sont dans un état déplorable et que si on veut pouvoir faire une réforme fiscale, il faut en fait d’abord et avant tout augmenter la base, c’est-à-dire le nombre de personnes sur lesquelles cette fiscalité va avoir lieu. Et on a pris entre autres la décision, je pense par exemple à Carmelina qui travaille chez Medimarket qui est maman solo avec un enfant, elle aura 200 euros de plus par mois grâce aux mesures décidées par l’Arizona.

Martin Buxant : Paul Magnette, qu’est-ce que vous auriez fait différemment pour donner de l’oxygène aux Belges vous au parti socialiste ?

Paul Magnette, président du PS : D’abord je n’aurais pas fait tout augmenter parce qu’avec le MR et Les Engagés, tout augmente. Les gens nous le disent tous les jours, tout augmente sauf les salaires. Et donc c’est bien ça qui rend les choses extrêmement compliquées. Je n’aurais pas non plus fait payer tous ceux qui ont travaillé toute leur vie. Les pensionnés, ils vont perdre 1500 euros. Les personnes en situation de handicap, les invalides, ils vont perdre 1000 euros. Et donc ça veut dire que vous faites payer ceux qui sont dans les plus grandes difficultés sociales, ceux qui ont travaillé toute leur vie, et les gens qui travaillent, vous ne les récompensez pas. Pendant la campagne vous aviez dit 450 euros en plus, beaucoup de gens y ont cru et maintenant ils sont évidemment extrêmement déçus parce qu’ils ne les voient pas. Ils voient que les salaires stagnent et ils ne s’en sortent pas. Et aucune mesure du gouvernement ne les aide.

Martin Buxant : Justement, les Belges ont plus d’argent concrètement dans leur portefeuille ou pas ?

Yvan Verougstraete : Comme je le disais, les plus bas salaires auront 200 euros de plus par mois. Alors c’est vrai qu’on aurait pu espérer pouvoir aller jusqu’à 450 euros. On aura fait la partie de la diminution de ce qu’on appelle le tax cut. On n’aura pas fait le tax shift, c‘est-à-dire diminuer les impôts sur le travail mais les répercuter sur d’autres choses. Ça, ça ne sera pas possible sur ce gouvernement-ci. Nous le regrettons parce que nous, notre objectif c’est de mettre des gens au travail. Parce que le travail c’est ce qui donne du sens, mais aussi donner du sens en ayant plus de salaire poche. Pour ce qui est des pensions, il faut être de bon compte, les pensions les 12 dernières années ont augmenté de 24 milliards d’euros. Et qu’est-ce que vous avez fait ? Rien. Sur les cinq prochaines années, elles vont encore augmenter de 7 milliards d’euros. Si on ne fait pas de réforme sur les pensions, la réalité c’est que c’est 250 euros par mois en moins pour toutes les personnes qui gagnent 2500 euros. C’est ça la réalité.

Martin Buxant : Vous n’avez rien fait sur les pensions ?

Paul Magnette : On a augmenté la pension minimum. Ces 800 000 pensionnés, principalement des femmes et principalement des indépendants, qui avaient une très très petite pension et qui ne s’en sortaient pas, et qui grâce aux socialistes ont reçu effectivement 400 euros en plus. Alors c’est vrai, il faut financer tout ça. Mais vous dites qu’il n’y a plus d’argent pour les pensions. Mais quand il faut trouver 34 milliards pour les armes, clac, en l’espace de deux jours, vous les trouvez. C’est une question de volonté politique. Jusque 2040, il faut refinancer un peu les pensions, c’est vrai. Mais c’est un choix politique. Moi je pense que les gens qui ont travaillé toute leur vie, ils ont droit de mener une pension digne et qu’il faut aller trouver de l’argent, c’est vrai. Personne ne dit le contraire. Mais vous vous faites tout l’inverse.

Martin Buxant : Exclure les chômeurs de longue durée, une bonne ou une mauvaise idée ?

Paul Magnette : « Le problème c’est que vous sanctionnez tout le monde de la même manière. Il y a des gens qui ne font pas d’efforts, ceux-là il faut les contrôler, il faut les sanctionner. Je l’ai toujours dit, là-dessus aucun problème. Mais donc, je rencontrais une dame encore ce matin, 58 ans, qui travaillait dans une grande surface chez Cora, qui a perdu son emploi. Elle a travaillé 35 ans à quatre cinquièmes, donc elle va être exclue du chômage. Et si dans deux ans elle n’a pas travaillé, et c’est très dur, vous savez, de retrouver un travail à 58 ans dans un secteur où vous mettez des flexi-jobs, où vous mettez des étudiants, où vous mettez des heures supplémentaires… Les gens ne trouvent pas de travail et vous les sanctionnez sans les aider.

Yvan Verougsraete : Sur les pensions, vous avez augmenté les pensions minimales, et nous n’allons pas les diminuer, et vous avez bien fait. Je vous félicite pour ce travail, et je pense qu’il y a des choses bien qui ont été faites. Par contre, la réalité, c’est qu’avec l’augmentation qui arrive encore aujourd’hui, si on ne fait pas travailler tout le monde un peu plus longtemps, cela ne sera pas possible. Il y avait quatre travailleurs pour un pensionné dans les années 90, il y en a aujourd’hui trois, il n’y en aura plus que deux en 2060. Et donc, si on ne fait pas travailler tout le monde un peu plus longtemps, cela ne marchera pas.

Martin Buxant : Sur l’exclusion du chômage, vous lui dites quoi ?

Yvan Verougsraete : Aujourd’hui, il faut qu’on fasse travailler. Il y a une question de culture aussi. J‘ai un seul exemple à vous donner. Si on regarde les Ukrainiens quand ils sont arrivés dans notre pays. En Belgique, il y avait deux fois plus d’Ukrainiens au chômage qu’en Hollande, par exemple. Pourquoi ? Parce que nos allocations sont plus élevées et parce que nous n’avons pas une culture du travail qui est suffisante. Aujourd’hui, il est important de redonner le signal que travailler, c’est nécessaire et en plus, positif.

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