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« La confrontation a tenu toutes ses promesses », commente Martin Buxant, à la sortie du plateau sur lequel Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez ont eu un échange considéré comme « animé ». « Ce fut une vraie confrontation des idées », décrit notre référent politique RTL info, qui souligne que de « vrais arguments » ont été échangés entre ces deux présidents de partis.
« L’un a défendu la politique du gouvernement Arizona et l’autre a tenté de démontrer que c’est dans la poche des plus pauvres et des classes moyennes que ce gouvernement va puiser », a commenté Martin Buxant.
Une tension palpable : « Vous êtes un menteur ! »
Pour des raisons d’agenda, les deux protagonistes ont été invités plus tôt à la rédaction de RTLinfo afin d’enregistrer l’émission. Sur le plateau, la tension était palpable. « Vous êtes un menteur » a même lancé Georges-Louis Bouchez à Paul Magnette, lorsque le président du PS se plaignait d’être interrompu de façon intempestive. « Le seul avec qui il est impossible de débattre, c’est vous », a dit Paul Magnette. « C’est parce que vous n’avez pas d’arguments », lui a rétorqué Georges-Louis Bouchez.
Le choc des idées autour du budget fédéral
Il y a un « choc des idées », souligne Martin Buxant, qui précise que le budget a été un thème récurrent des échanges, notamment à propos des 9 milliards d’efforts budgétaires prévus dans le dernier budget fédéral. Georges-Louis Bouchez a maintenu que c’est « l’État » qui allait assumer la majeure partie de l’effort, affirmant que 80 % de l’assainissement global reposaient sur une réduction des dépenses et des réformes. À l’inverse, Paul Magnette a soutenu qu’il s’agissait plutôt des travailleurs, des pensionnés et des classes moyennes « qui paient la quasi-totalité de la facture ».
Les pensions ont également été un sujet brûlant tout comme les taxes. « Il y a une taxe sur l’essence et le diesel, le gaz et le mazout, le sandwich, les salles de sport, de cinémas », a dénoncé Paul Magnette. C’est « du n’importe quoi », a rétorqué Georges-Louis Bouchez, parlant « d’inexactitudes ». Le président du MR a par ailleurs accusé le groupe politique socialiste d’avoir voté pour une augmentation de la TVA à 21 % sur le gaz au parlement européen. « Vous l’avez votée aussi », a rétorqué Paul Magnette, reprochant par ailleurs au président du MR de ne pas « vivre dans la vie concrète des gens ».
« Vos recettes, ce sont les recettes du passé : l’austérité » et les taxes
Pour démonter qu’un programme socialiste porte ses fruits, Paul Magnette a pris l’Espagne en exemple. « Il faut faire contribuer les grades fortunes, a martelé le socialiste. Les pays qui le font, comme l’Espagne, augmentent les salaires et pensions. L’Espagne se porte beaucoup mieux que la Belgique. Vos recettes sont celles du passé : l’austérité, faire payer les enseignants, les soins de santé. On n’a jamais vu une telle explosion de faillites. Votre système ne fonctionne pas ».
Pas de quoi convaincre Georges-Louis Bouchez, qui ne croit pas au « miracle espagnol ». « L’Espagne, a un salaire minimum deux fois plus faible qu’en Belgique et une pension au même âge qu’en Belgique, a rétorqué le président du MR. Si on prend le modèle espagnol, ce n’est pas compliqué, tout le monde va gagner moins ». « Les prix ne sont pas les mêmes », a argumenté Paul Magnette. « Parce qu’il n’y a pas de saut d’index automatique », a encore répondu le libéral.
Quel bilan respectif pour le PS et le MR ? Un échange électrique
Lorsqu’il a fallu comparer les bilans des socialistes et des libéraux, la tension s’est accentuée. « Ça fait 26 ans que le MR est au gouvernement sans discontinuer, a comptabilisé Paul Magnette. Le ministre des Finances qui a duré le plus longtemps, vous le connaissez très bien, c’est votre père en politique : Didier Reynders. Les travailleurs paient-ils trop d’impôts ? Oui. Et c’est la faute du MR car il n’y a jamais eu que des ministres des Finances de droite ». « J’assume et je suis fier » de l’héritage légué par Didier Reynders, a rétorqué Georges-Louis Bouchez, estimant par ailleurs que le problème n’était pas là. « Les deux entités économiques qui posent problème en Belgique sont Bruxelles, – que le PS dirige depuis sa création – et la Wallonie que vous avez dirigée pendant 39 années. Vous êtes le fossoyeur de la Wallonie », a lancé Georges-Louis Bouchez. Faux, estime Paul Magnette, qui rappelle que « les impôts sont une compétence fédérale », gérée par le gouvernement dont fait partie le MR.
Un duel très attendu
Cela faisait longtemps que Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez ne s’étaient plus affrontés. « Le leader de la gauche francophone et le patron de la droite s’étaient évités, ils se tournaient autour », observe Martin Buxant. RTL info a réussi à les réunir « non pas sur un ring de boxe, mais sur un plateau télévisé », ironise le journaliste. Une rencontre entre deux hommes aux convictions politiques divergentes, dans un contexte budgétaire explosif.

















