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Le gouvernement s’est engagé à créer une « génération sans tabac » d’ici 2040. Mais selon une récente étude menée par l’UCLouvain, en collaboration avec plusieurs associations spécialisées, cet objectif reste hors de portée si des mesures plus ambitieuses ne sont pas prises rapidement.
Aujourd’hui, un Wallon sur six fume de manière régulière. Un chiffre en légère baisse ces dernières années, mais insuffisant pour inverser significativement la tendance, selon les experts. Lola, 21 ans, fume depuis l’adolescence. « J’étais dans une école qui était assez réputée pour les fumeurs. Il y avait beaucoup de gens autour de moi qui fumaient, ça m’a donné envie de commencer. Mon père et mon grand-père fument aussi depuis toujours. J’ai grandi dans ce milieu-là. »
Les jeunes qui se tournent vers le vapotage sont des jeunes qui n’auraient peut-être jamais fumé
Pour Vincent Lorant, professeur à l’Institut de recherche santé et société de l’UCLouvain, les mesures actuelles restent trop timides : « Par exemple, on interdit de fumer devant l’école, ce qui est très bien. Mais vous pouvez fumer à 10 mètres de l’école, ce n’est quasiment rien. On reporte le problème de l’autre côté de la rue, sans vraiment le résoudre. On doit avoir des mesures plus ambitieuses pour protéger la santé des enfants et des adolescents. »
Et le vapotage…
Parallèlement à la baisse de la cigarette classique, une autre tendance inquiète les professionnels de santé : l’essor du vapotage chez les jeunes. Plus de 6 % d’entre eux utiliseraient la cigarette électronique quotidiennement.
Nora Mélard, experte en prévention tabac, alerte : « La cigarette électronique est fortement consommée par les jeunes. Et ce ne sont pas des jeunes qui fumaient auparavant. Ce sont des jeunes qui, grâce aux politiques mises en place, n’auraient peut-être jamais commencé à fumer, mais qui se tournent aujourd’hui vers le vapotage. »
Autre constat préoccupant de l’étude : le tabagisme reste fortement lié à des facteurs sociaux. « C’est paradoxal que dans une société riche et démocratique comme la nôtre, on observe de telles disparités en matière de tabagisme. Les fumeurs sont souvent des personnes issues de milieux défavorisés, moins éduquées, et donc plus exposées à des problèmes de santé », souligne Vincent Lorant.
Encore possible
Malgré ces constats, les scientifiques estiment qu’il est toujours possible d’atteindre une génération sans tabac d’ici 2040. À condition de renforcer les mesures existantes et de suivre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, comme une hausse significative des taxes sur le tabac ou la réduction du nombre de points de vente.


















