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La ministre de l'Éducation Valérie Glatigny envisage de suspendre l'allongement du tronc commun jusqu'en 3e secondaire, une annonce qui suscite l'indignation des directeurs de l'enseignement fondamental catholique. Ces derniers dénoncent un manque de concertation et réclament de la stabilité pour mener à bien la réforme.
L'allongement du tronc commun jusqu'en 3e secondaire, prévu pour la rentrée 2028, est une mesure phare du Pacte pour un enseignement d'excellence adopté en 2017. Actuellement, ce parcours commun s'arrête en fin de 2e secondaire, et l'objectif affiché était d'offrir aux élèves un même bagage scolaire jusqu'à 15 ans.
Toutefois, la ministre de l'Éducation, Valérie Glatigny (MR), a récemment évoqué la possibilité de mettre ce projet sur pause. Elle justifie cette réflexion par des incertitudes sur les impacts pédagogiques, organisationnels et humains, notamment concernant l'emploi des enseignants du technique.
Une décision qui a immédiatement fait réagir les acteurs du secteur éducatif.
Une mesure faite "sans concertation"
Le collège des directeurs de l'enseignement fondamental catholique a dénoncé cette annonce, qu'ils jugent faite "sans concertation". Dans un communiqué, ils expriment leur désarroi face à ce qu'ils considèrent comme un manque de reconnaissance du travail accompli par les enseignants et directions.
"Cette annonce balaie en quelques phrases le travail conséquent fourni par les enseignants et les directions depuis la création du Pacte", déclarent-ils. Ils insistent sur l'importance du tronc commun, qu'ils perçoivent comme un "vecteur d'une plus grande égalité des chances et d'un accompagnement plus juste de chaque enfant".
Les directeurs regrettent également le message envoyé aux équipes éducatives si cette réforme venait à être interrompue. "Nous avons mis toute notre énergie pour faire de cette réforme une réussite […] Quel message envoyons-nous à nos équipes et aux familles si cette dynamique s'interrompt en 3e secondaire ?" s'interrogent-ils.
Un besoin de stabilité dans l'enseignement ?
Tout en reconnaissant que des ajustements peuvent être nécessaires, le collège des directeurs estime que le tronc commun "fonctionne en l'état" et que son développement doit se poursuivre. "Nous avons besoin de stabilité et de cohérence, pas d'un revirement qui créerait une rupture incompréhensible et injustifiable pour nos équipes", insistent-ils.
Ils rappellent également que l'enseignement fondamental a su s'adapter à cette réforme et demandent à la ministre de faire preuve de soutien plutôt que de remettre en question le travail accompli. "Nos collègues du secondaire feront de même. C'est d'un soutien de votre part, Madame Glatigny, dont nous avons besoin et non d'éternelles remises en question", concluent-ils.
Face aux critiques, Valérie Glatigny a tenu à préciser que cette réflexion ne remet pas en cause le travail réalisé jusqu'ici ni la mise en œuvre du tronc commun jusqu'en 2e secondaire. Elle a sollicité son administration pour obtenir, d’ici le 21 février, des "données claires" sur les impacts de cette réforme.
Des discussions avec les syndicats et les fédérations de pouvoirs organisateurs sont prévues dès le 11 mars afin d’évaluer la faisabilité de l’allongement du tronc commun à la 3e secondaire. La ministre insiste sur la nécessité de s'assurer que l’ensemble des acteurs soient prêts à assumer cette évolution avec une vision pédagogique, organisationnelle et sociale claire.