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Depuis 5 ans, Fiona passe beaucoup de temps dans son nouveau jardin, son terrain de jeu préféré. La chienne est traitée comme une reine par son nouveau maître qui l’a sauvée in extremis d’une mort assurée.
En 2020, l’ASBL Sans Collier est informée d’un cas de maltraitance. Quand son directeur obtient enfin l’autorisation d’intervenir, il découvre une chienne qui n’a que la peau sur les os, attachée pendant plusieurs semaines par son maître, sans eau ni nourriture. « Quand on l’a retrouvée, elle était vraiment à l’agonie, elle savait même plus se lever et bouger. Il a fallu des semaines de soins intensifs, et au bout de quelques mois seulement on a retrouvé une chienne dans un état plus ou moins correct », se rappelle Sébastien De Jonge, nouveau maître de Fiona et ancien directeur de l’ASBL Sans Collier.
Sébastien décide d’adopter la rescapée, Fiona, qui ne pesait que 9 kilos. Aujourd’hui, elle fait 25 kg et a retrouvé son poids de forme et un foyer aimant. « Au niveau physique, il n’y a pas de séquelles, heureusement. Au niveau psychologique, comportemental, on a encore quelques craintes. Elle se méfie de certains, notamment des inconnus. Mais sinon, ça reste un chien extrêmement sociable », assure le maître de Fiona.
Une affaire qui a ému la Belgique
A l’époque, le cas de Fiona va émouvoir toute la Belgique d’autant que l’auteur des maltraitances n’est pas poursuivi en justice. Il s’en sort avec 4.000 euros d’amende, et l’interdiction de détenir des animaux pendant 10 ans. Les stars se mobilisent sur les réseaux sociaux : une pétition rassemble 100.000 signatures, demandant notamment que les tortionnaires des animaux ne puissent plus adopter à nouveau.
Quelqu’un qui maltraite son animal risque plus qu’il y a cinq ans
« Il y a eu un électrochoc politique. Il y a eu un renforcement des sanctions, des durées, des amendes, mais aussi ça a permis à ce que la police puisse saisir des animaux. Auparavant, ce n’était pas le cas, c’était uniquement la Région wallonne. En théorie, aujourd’hui, quelqu’un qui maltraite son animal risque plus qu’il y a cinq ans », affirme Sébastien.
La dure réalité
Mais sur le terrain, les défenseurs de animaux sont encore confrontés tous les jours à des drames. Comme à la SPA de la Louvière, où un nouveau pensionnaire arrive : « Charles, c’est un chien qui a été négligé, maltraité, laissé à rien dans une maison avec d’autres chiens de chasse et qui a été saisi dans le sud du pays. Donc c’est un chien qui reste quand même hyper hyper peureux, hyper craintif », déplore Gaëtan Sgualdino, président de la SPA de La Louvière.
Ici, un animal sur 20, retiré à son maître pour maltraitance est finalement restitué. Pour l’ASBL, c’est beaucoup trop. « Le problème, c’est que sur le terrain, on voit des autorités qui ne vont pas jusqu’au bout des choses, qui prononcent très peu de déchéances du droit de détenir des animaux. Donc on enlève en fait très très peu de permis. Et ça, je n’arrive pas à le comprendre parce qu’on est quand même face à beaucoup de maltraitance, beaucoup de situations, avec parfois des cas qui nous choquent, comme quand on doit restituer des animaux maltraités », lance Gaëtan Sgualdino.
Renforcement des sanctions
Le ministre compétent envisage de son côté de renforcer les sanctions en cas de maltraitance en termes d’amendes et de peines de prison, mais pas seulement : « Quelqu’un à qui on saisit son animal aujourd’hui, il n’y a pas un principe de précaution qui retire le droit d’avoir un animal, donc il pourra le lendemain en acheter un. Ça, c’est évidemment pas acceptable», assure Adrien Dolimont (MR), ministre wallon en charge du Bien-être animal.
«On doit suspendre le permis pendant cette période-là, on travaille à cette modification. En tout cas, ce qui est vraiment essentiel, c’est de sensibiliser, de responsabiliser, de montrer que ce n’est pas un objet, un animal, c’est un être sensible auquel il faut avoir la plus grande attention.»
Tous les animaux martyrisés comme Fiona n’ont pas la chance de trouver un nouveau foyer. A l’approche de l’automne, les refuges de Belgique sont toujours saturés.

















