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Le Musée gallo-romain de Tongres a présenté lundi les résultats d’une étude menée pendant plusieurs années sur plus de 85 tablettes d’écriture romaines en bois retrouvées à Tongres et datant du 3e siècle après J.-C. Il s’agit des plus anciennes tablettes d’écriture jamais découvertes en Belgique.
Les Romains utilisaient ces tablettes en bois recouvertes de cire pour noter des documents administratifs et juridiques, des lettres et des exercices scolaires. Certains textes font référence à la gestion immobilière ou à des questions juridiques. Les textes étaient gravés dans la cire et dans le bois sous-jacent à l’aide d’un stylet en bois muni d’une pointe métallique.
Les tablettes ont été découvertes lors de fouilles sur deux sites à Tongres. Une première série de 73 exemplaires avait été trouvée en 1930 sur un site d’habitation romain près du Broekberg, à proximité du complexe du temple romain. Les douze autres tablettes ont été mises au jour en 2013 au fond d’un puits situé sur la Beukenbergweg. « Nulle part ailleurs en Belgique, on n’a trouvé et étudié autant de tablettes d’écriture », se félicite An Christiaens, échevine locale du Tourisme. « Elles contiennent toutes des traces d’écriture latine et nous racontent comment les choses se passaient il y a deux mille ans. »
La découverte faite à Tongres est unique en son genre. Ensemble, ces tablettes constituent des archives urbaines uniques qui donnent un accès direct à la vie quotidienne et démontrent que les habitants étaient déjà familiarisés très tôt avec l’administration et l’écriture. Grâce à des recherches approfondies et à l’utilisation de techniques photographiques innovantes, une équipe internationale d’experts a pu déchiffrer une partie des gribouillis inscrits sur les tablettes.
Toutes les tablettes ont été brisées en deux et seule la moitié a été retrouvée, ressort-il encore des années d’études réalisées. Il s’agit probablement d’actes, de contrats et d’autres documents juridiques. Une tablette mentionne le mot usura (intérêt), peut-être en référence à un prêt ou à une dette. Une autre contient un texte sur une allocation ou une pension versée à un ancien combattant. Une inscription fait référence à des cérémonies religieuses publiques avec des prêtres et la déesse Cérès, peut-être au sacrifice d’un mouton.
Les chercheurs ont également trouvé des références à des fonctionnaires tels que les lictores (accompagnateurs des hauts magistrats), un décemvir (magistrat local) et des vigiles (gardes de nuit/police). Il s’agit là de fonctions dont l’existence dans cette région n’avait jamais été démontrée auparavant.
Les tablettes brossent également le portrait d’une société complexe et multiculturelle. Elles contiennent des noms d’origines diverses (latine, celtique, germanique) et montrent que les habitants parlaient alors le latin, le celtique et le germanique, mais utilisaient exclusivement le latin pour l’administration.
L’étude complète et ses résultats sont également disponibles dans l’ouvrage intitulé « The Writing Tablets of Roman Tongeren (Belgium) and Associated Wooden Finds », publié par Brepols.



















