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Sylviane rêvait de calme à la campagne, mais subit les nuisances d’un gîte illégal : des groupes qui organisent « des fêtes de grande ampleur »

Par RTL info avec Florent Vanden Bergh et Catherine Vanzeveren
À Libin, une habitante voit son havre de paix troublé par un gîte non déclaré derrière chez elle. Un cas qui illustre un phénomène plus large : la prolifération d’hébergements touristiques illégaux en Wallonie, source de nuisances et de pertes fiscales.

Au cœur des campagnes ardennaises, la commune de Libin et ses 5000 habitants. C’est là qu’il y a 3 ans, Sylviane a acheté une villa 4 façades, pensant profiter d’un havre de paix. Un rêve très vite gâché par un voisin un peu trop bruyant à l’arrière de son jardin. « J’ai essayé de rentrer en contact avec les propriétaires et je me suis rendu compte que chaque semaine, il y avait des personnes différentes qui parlaient dans des langues différentes, raconte-t-elle. On a parfois des groupes qui parlent anglais, d’autres flamands, d’autres francophones. Donc j’étais un petit peu interloqué en me disant, manifestement, c’est un gîte ».

Depuis son installation, la quinquagénaire voit défiler des familles et des groupes d’amis différents chaque semaine. Des occupants qui perturbent parfois la tranquillité du quartier. « Il y a différents types de nuisances, détaille Sylviane. D’abord sonores, avec l’utilisation de baffles pour des fêtes de grande ampleur, alors que le gîte a une capacité de six personnes. Avec d’autres voisins, on se plaint souvent. Il y a parfois des chiens qui aboient toute la journée. »

«Une forme de malhonnêteté»

Si le gîte est clairement identifiable sur les plateformes de réservation en ligne, il n’était en revanche pas enregistré comme hébergement touristique lorsque Sylviane est arrivée dans la région. « Il y a une forme de malhonnêteté, déplore-t-elle. Si j’avais su qu’il y avait un gîte, peut-être que j’aurais réfléchi ou en tout cas je me serais renseigné auprès des autres voisins sur les nuisances potentielles que cela pourrait occasionner. »

Au-delà des nuisances, ces hébergements non déclarés impactent les finances communales. Libin compte 1200 lits touristiques. Chacun d’entre eux est soumis à une taxe de séjour. « Le montant de la taxe s’élève à 120 € par personne hébergeable par an. Un propriétaire d’un hébergement touristique de six personnes paiera six fois 120 € annuellement », précise à Anne Laffut, bourgmestre de Libin.

Le propriétaire a entamé les démarches

Dans ce cas précis, la commune nous explique que le propriétaire vient d’entamer les démarches pour se mettre en ordre. Une formalité qui permet aux autorités de réguler le développement du tourisme dans la région. « On a quelques hébergements qui ne sont pas en règle, constate Anne Laffut. Il est toujours difficile de dire si c’était intentionnel ou pas. Je pense qu’il y a des gens de bonne foi qui décident à un moment donné de mettre une chambre à disposition, un logement en location. Et donc là on leur écrit et la plupart du temps, ils se mettent très vite en règle. »

De leur côté, les gîtes et les hôtels de la région déplorent une forme de concurrence déloyale. Contrairement aux biens loués dans l’illégalité, ils sont tenus de respecter des normes strictes en matière de sécurité incendie. Des obligations relativement coûteuses. « C’est un plan d’évacuation, les consignes de sécurité en quatre langues, la détection, la prévention, avec les systèmes de détection des extincteurs, égrène Thierry Neyens, président de la fédération HoReCa Luxembourg. Tout cela engendre des coûts, des contrôles annuels et quinquennaux. »

Selon, cet hôtelier et administrateur de la fédération HORECA Wallonie, il est urgent de faire respecter les règles à tous les acteurs du secteur, sans exception. « La délation est une chose, mais les choses doivent se faire avec une information vers les établissements qui sont suspectés de faire de l’hébergement non déclaré », explique Thierry Neyens, président de la fédération HoReCa Luxembourg. « Ça se fait par une démarche proactive », ajoute-t-il.

Que dit la loi ?

En matière de location, le code wallon du tourisme est très clair : les propriétaires sont tenus d’enregistrer leur bien sur une plateforme de l’administration wallonne. Ils doivent communiquer : leur identité, la capacité d’accueil de leur logement, fournir une attestation de sécurité incendie et un extrait de casier judiciaire. Des obligations qui concernent tout type de logement. Le code wallon du tourismes stipule : « Tous les hébergements touristiques sont visés, quelle que soit leur forme : établissement hôtelier, chambre chez l’habitant, hébergement locatif, appartement, camping, bateau, yourte, cabane dans les arbres et villages de vacances. »

Cette réglementation vise avant tout à protéger les touristes. « C’est une démarche qui permet de donner au touriste l’assurance qu’il va dans un hébergement qui répond aux normes en matière de sécurité incendie, ce qui pour nous est particulièrement important », souligne Barbara Destrée, directrice générale tourisme Wallonie. La Wallonie compte aujourd’hui 7000 hébergements touristiques. Impossible de savoir précisément combien de logement n’est pas enregistré auprès des autorités wallonnes.

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