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Une substance chimique issue d'excréments d'oiseaux dans les eaux souterraines wallonnes: comment lutter contre cette pollution?

Suite au scandale des PFAS, les distributeurs d'eau sont plus attentifs aux nouvelles substances qui se glissent dans l'eau courante. La société wallonne des eaux s’attaque notamment aux perchlorates hérités de certains fertilisants utilisés dans le passé. Une façon aussi d'anticiper les nouvelles normes à venir. 

Au début des années 1900, pour améliorer le rendement des champs de betterave en Hesbaye, les agriculteurs épandaient du guano, des fientes d'oiseaux venues du Chili. Aujourd'hui, un siècle plus tard, les nappes phréatiques contiennent un produit qui en serait directement dérivé, les perchlorates. À haute dose, ils impactent le développement des neurones, nourrissons et femmes enceintes sont les plus à risque. Les polluants s'infiltrent très lentement dans le sol. En Hesbaye, leur vitesse est d'environ un mètre par an. 

«Si on doit comparer avec les eaux de surface, parce qu'on a toujours l'impression que les eaux de surface, c'est ce qui domine à l'échelle de la planète. En termes de volume, les eaux souterraines, c'est beaucoup plus, explique Serge Brouyères, professeur d’hydrogéologie à l’Uliège. Et en termes de temps de résidence, de renouvellement, dans les eaux de surface, on va parler de quelques jours à quelques mois. Dans les eaux souterraines, on va parler d'années, dizaines d'années, centaines d'années, voire plus. Donc, on est vraiment dans des échelles de temps totalement différentes.»

Conséquence pour les sociétés de distribution d'eau, de nouveaux polluants apparaissent constamment. Une dizaine, par exemple, l'année dernière. « Nous devons désormais contrôler régulièrement la présence ou non d'au moins 200 substances. La liste des normes à contrôler pour vérifier que l'eau est potable, c'est une liste qui s'allonge d'année en année », indique Benoît Moulin, responsable communication de la Société wallonne des eaux (SWDE).

Et en matière de potabilité de l'eau, c'est l'Union européenne qui fixe les règles. Pour les perchlorates, issus du guano chilien du siècle dernier, la Société wallonne des eaux a pris les devants en installant ses filtres à échange d'ion. 

« On est sur le suivi et le traitement d'une substance qui n'entrera dans les normes qu'en 2028. Donc, on est plutôt dans une action anticipatrice », note Benoît Moulin.

Parfois, une technique beaucoup plus facile permet de respecter les normes. Les eaux de plusieurs captages différents peuvent être mélangées dans un réservoir. « Il y a des conduites qui arrivent ici dans le réservoir de chacun des puits, raconte Thierry Goffin, directeur exploitation de la SWDE. À chaque puits, arrive une certaine proportion que l'on peut adapter en fonction des conditions et donc permettre de limiter l'impact d'un puits qui serait éventuellement pollué ». 

Les eaux souterraines contiennent la mémoire du passé. Tant que l'homme continuera à polluer son sol, son atmosphère, il polluera l'eau que boiront plus tard ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants.
 

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